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La motivation et l'apprentissage dans les musées

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par Astrid Langlois
Université Nanterre Paris Ouest La Défense - Master 1 Psychologie Cognitive Appliquée 2010
  

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I. Cadre Théorique

1. La motivation

La première démarche est d'abord de se demander ce qu'est véritablement la motivation : que signifie être motivé ? On abordera la question du point de la définition puis on s'intéressera plus précisément aux études qui ont abordé cette question. Le contexte de cette recherche étant le musée, on commencera par s'intéresser à la motivation au musée, pour ensuite se demander comment cette même composante est étudiée en dehors du musée.

1.1. La motivation au musée

1.1.1 Qu'est-ce qu'être motivé au musée ?

La définition que l'on peut trouver du concept de motivation dans un dictionnaire concerne les aspects causals : la motivation est « l'ensemble des motifs qui expliquent un acte ». (Le Petit Larousse, 1999)

En psychologie, pour Vallerand et Thill (1993, cité dans Fenouillet & Tomeh, 1998) « le concept de motivation représente le construit hypothétique utilisé afin de décrire les forces internes et/ou externes produisant le déclenchement, la direction, l'intensité et la persistance du comportement ». La motivation est donc vue comme la représentation des forces qui poussent un individu à agir.

L'intérêt d'étudier la motivation concerne de nombreux domaines (travail, école...) et à chaque fois les enjeux ont une grande importance. C'est pour cette raison que de nombreuses études de psychologie cognitive, mais également de marketing, s'intéressent à cette question dans le cadre du musée et de sa fréquentation.

Dans le contexte du musée, la motivation représente essentiellement la réponse à la question : « Pourquoi le visiteur visite-t-il le musée ? ». La revue théorique des études qui abordent cette question dans le domaine du musée permettra de voir quels sont les facteurs qui influencent la motivation à venir, les raisons invoquées pour venir au musée et l'influence que peut avoir la motivation sur la visite.

1.1.2 Les facteurs qui influencent la motivation pour le musée

L'enjeu principal de comprendre la motivation dans les musées est de comprendre ce qui freine ou au contraire, ce qui encourage le visiteur à venir au musée. On peut percevoir dans

ce contexte l'importance pour un musée de se demander pourquoi le visiteur visite : que vient-il faire au musée ? Qu'est-ce qui pourrait l'encourager à venir ? Que s'attend-t-il à trouver dans le musée ?

Une étude de Gottesdiesner, Vilatte et Vrignaud (2008) s'intéresse à l'influence des représentations sociales sur la fréquentation des musées. Les auteurs précisent à cet effet que de nombreuses études ont été réalisées en prenant en compte la représentation que les sujets se font des musées, alors que cette étude considère les représentations que les sujets ont d'eux mêmes. Les résultats de cette étude démontrent en effet qu'une part importante des sujets a une bonne image des musées : les musées sont vus comme des lieux où on apprend, y aller est un plaisir, ce sont des lieux bien aménagés... Alors que seulement 33% d'entre eux ont été au musée au cours de l'année.

L'étude de ces auteurs a permis de démontrer que les caractéristiques que les sujets s'auto-attribuent sont plus prédictives de la visite effective du musée. Une liste d'adjectifs caractérisant le visiteur de musée (artiste, attentif, calme, cultivé, curieux, imaginatif, passionné...) a permis de démontrer que les sujets qui se reconnaissaient le plus dans ces adjectifs étaient bien ceux qui visitent les musées. Les caractéristiques que les sujets s'autoattribuent sont également différentes selon le type de musée visité.

Les résultats de cette étude démontrent que la filière d'étude a aussi un impact sur les visites de musée (les étudiants d'école d'art et de filières artistiques se reconnaissent plus dans les caractéristiques des visiteurs de musée que les étudiants de psychologie, et visitent davantage les musées). Le niveau d'étude de la mère a également une influence (plus le niveau d'étude est élevé, plus le sujet fréquente de musées).

Ce que cette étude permet de démontrer est principalement l'impact négatif de l'image du visiteur de musée sur la fréquentation des musées. Les auteurs précisent à cet effet que la construction d'une image du visiteur de musée moins idéaliste pourrait augmenter les fréquentations de musée et « démocratiser les musées d'art ». (Gottesdiesner, Vilatte, & Vrignaud, 2008). On voit donc les effets de l'ancrage du musée dans la culture et dans la société sur sa fréquentation, ce qui démontre la nécessité d'adapter l'image du musée au visiteur.

Il a été démontré que le visiteur occasionnel de musée est celui qui ne se sent pas « chez lui » (at home ; Hood, 1993 cité dans Debenedetti, 2003) dans le musée. Debenedetti (2003) démontre l'importance du confort de visite pour le visiteur occasionnel. Il y a en effet un véritable enjeu à ce que ce visiteur peu familier des musées se sente bien au cours de sa visite.

Packer et Ballantyne (2002) démontrent que les raisons de venir au musée dépendent aussi du type d'exposition : ainsi un musée est davantage envisagé comme un lieu d'apprentissage qu'un aquarium ou une galerie d'art. Les motivations à venir ne sont donc pas les mêmes selon les établissements.

Marilyn Hood (Hood, 1981 cité dans Falk & Dierking, 1992) envisage la visite de musée comme activité de loisir, et détaille les critères qui font qu'un individu choisit un loisir plutôt qu'un autre ; les six critères sont : les interactions sociales et échanges avec autrui, faire quelque chose d'utile, se sentir à l'aise (confort), faire de nouvelles expériences, avoir l'opportunité d'apprendre, et participer activement. Ainsi, un individu qui choisit une activité de loisir jugera que cette activité répond à suffisamment de critères (mais pas obligatoirement aux six). L'étude de cet auteur démontre que la moitié des visiteurs du Musée d'Art de Toledo sont ceux qui pensent que la visite de musée répond effectivement à ces critères.

On voit que les principaux facteurs qui agissent sur la motivation concernent l'image du visiteur de musée, l'image du musée et l'image de la visite en tant que loisir.

Falk et Dierking dans leur ouvrage The Museum Experience (1992) résument les critères qui influencent le choix de visite du musée, d'après plusieurs études réalisées dans des musées américains. Les déterminants sont ainsi :

- L'âge : la majeure partie des visiteurs de musée ont entre 30 et 50 ans.

- Le niveau d'études : la majeure partie des visiteurs de musée ont fait des études supérieures.

- Les revenus : les visiteurs de musée sont généralement de classe sociale moyenne ou haute.

- La race : les études citées démontrent que la majeure partie des visiteurs sont de type caucasien.1

- L'expérience des musées : les adultes habitués dès l'enfance aux musées ont davantage tendance à y emmener leurs enfants par la suite.

- L'intérêt pour le sujet de l'exposition

1 Bien que les données des musées américains des années 1990 démontrent cette tendance, les auteurs précisent que certains professionnels contestent cette observation. Des études complémentaires permettent également d'observer une lente évolution de la représentation des minorités raciales dans les musées. Aucune donnée plus récente n'a pu être trouvée.

- Les responsabilités sociales (familiales, amicales) : la plupart des visiteurs viennent en groupe : famille, groupes scolaires.

- Les préférences en matière de loisirs : tel que démontré par Hood (1981 cité dans Falk & Dierking, 1992)

L'ensemble de ces critères définissent ce que Falk et Dierking appellent le « contexte personnel ». Pour ces auteurs, l'expérience interactive, ou expérience du musée, (« museum experience »), résulte de l'interaction entre le contexte personnel (le visiteur), le contexte social (les autres visiteurs), et le contexte physique (le musée).

Outre ces aspects personnels, Falk et Dierking (1992), notent que pour la majorité des sujets, la décision de visiter un musée est instiguée par le bouche à oreille ; c'est le cas pour au moins deux tiers des visiteurs de l'étude citée. (Adams, 1989 cité dans Falk & Dierking, 1992). Il est ainsi intéressant de voir que les visiteurs se basent sur ce qu'on peut leur dire à propos du musée. Il y a donc un enjeu important à savoir ce que dit un visiteur à l'issue de sa visite, et par là-même, à définir ce qu'il retient de sa visite. (Voir partie 2. L'apprentissage)

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo