Introduction
De nos jours, la fréquentation des musées n'a de
cesse d'augmenter (hausse de 14% de la fréquentation des musées
en France entre 2004 et 2007, selon le Ministère de la Culture et de la
Communication, 2007). Si les musées existent depuis l'Antiquité,
c'est au 20ème siècle qu'a véritablement lieu
un changement du statut du musée. En 1959, est ouvert le Musée
Guggenheim à New-York, remarquable notamment par son architecture (le
musée est organisé au moyen d'une rampe le long de laquelle sont
exposées les oeuvres). En France, dans les années 70, les
musées sont mis en valeur, modernisés ; de nouveaux musées
sont ainsi créés : réhabilitation de l'ancienne gare
d'Orsay en Musée des Arts, création du Centre Pompidou,
reconversion du site de la Villette qui deviendra un musée des sciences
et techniques. Cette modernisation des musées permet d'en augmenter la
fréquentation. Les expositions se multiplient, et de nombreuses mesures
sont mises en place afin de valoriser la culture : journées du
patrimoine (1984), gratuité des musées pour les moins de 26 ans
(avril 2009).
Dans ce contexte, il paraît cohérent de se
demander : « A quoi servent les musées ? ». A cette question,
on pourra citer André Malraux dans Le Musée Imaginaire,
(1947, cité dans Tasca, 2001) : « Le rôle des
musées dans notre relation avec les oeuvres d'art est si grand, que nous
avons peine à penser qu'il n'en existe pas. [...] Ils ont
contribué à délivrer de leur fonction les oeuvres d'art
qu'ils réunissaient. » Nommé ministre d'Etat
chargé des affaires culturelles en 1959, André Malraux
définira la mission de son ministère par : « rendre
accessible les oeuvres capitales de l'humanité au plus grand nombre
» et « d'assurer la plus vaste audience à notre
patrimoine culturel. » (Malraux, 1947 cité dans Beaulieu &
Dardy, 2002)
Dans une autre perspective, c'est à la même
question que tente de répondre la muséologie, à
l'intersection de nombreuses disciplines (sciences sociales, sciences
cognitives, communication et Histoire). L'optique abordée ici est celle
de la psychologie cognitive. Les études de psychologie cognitive dans le
domaine de la muséologie ont pour centre d'intérêt le
visiteur de musée et son fonctionnement. Les questions que l'on peut se
poser sont alors multiples : les apprentissages, les motivations, les
représentations...
La littérature concernant les musées a permis
notamment de mettre en avant un paradoxe au sein de la fréquentation des
musées : malgré une bonne opinion générale sur le
musée, la fréquentation effective du musée ne semble pas
suivre cette tendance. Les sujets ont une bonne opinion des musées mais
ne les visitent pas réellement. (Gottesdiesner, Vilatte, & Vrignaud,
2008). On peut donc voir ici l'importance de l'enjeu de la motivation pour les
musées : il est en effet capital de savoir pourquoi un visiteur visite
un musée, ou au contraire, ce qui peut pousser le sujet à ne pas
visiter le musée.
D'autres études concernent la vision éducative
du musée : comment apprendre dans un musée et apprendre sur le
musée ? On peut en effet constater l'importance de cette mission au sein
du musée ; apprendre au musée semble être l'enjeu principal
du musée.
A ce titre, il nous a paru intéressant de se demander
dans quelle mesure la motivation à venir au musée pouvait
influencer les apprentissages dans le musée. C'est donc à cette
question que cette étude va tenter de répondre.
Dans un premier temps, nous nous proposons d'effectuer une
revue théorique des études réalisées sur ces
différents aspects de la motivation et de l'apprentissage dans le
musée, ainsi que les raisons qui peuvent laisser penser à une
influence de l'une sur l'autre. Puis dans un deuxième temps, nous
présenterons la recherche présente (objectifs,
méthodologie et résultats).
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