IV.1. Tentative de définition de l'
"underground"
Le terme "underground", littéralement "souterrain"
s'oppose au "mainstream" ("le courant principal"). Ces deux pôles sont
fréquemment utilisés pour qualifier la musique. Seulement
underground est le plus souvent utilisé pour décrire des styles
musicaux indépendants des circuits normatifs de la création
artistique. Le Colloque LAREQUOI du 17 juin 2005 intitulé "Musiques
underground : stratégies d'acteurs et politiques publiques" était
organisé en ce sens : définir les rapports entre les acteurs
citoyens et les acteurs politiques dans les musiques underground à
partir une étude comparative des genres musicaux : le jazz, le metal, la
techno, le hip-hop notamment. Dans la typologie de Gérôme Guibert
sur les musiques populaires, on retrouve entre les économies marchande
et publique, un champ de l'économie non monétaire et donc
indépendant, "économiquement underground". Dans cette logique,
"underground" peut caractériser une logique de militantisme qui se
manifesterait ensuite dans des structures productrices "privée non
lucrative" ou associative. Ce caractère peut impliquer une
démarche artistique et/ou organisationnelle subversive,
c'est-à-dire faire délibéremment à contre courant
des canons académiques et des normes. Gérôme Guibert
définit un "tiers-secteur" musical entre les processus
d'industrialisation et d'institutionnalisation qui résisterait bon
gré mal gré à ces processus. "Le
phénomène [l'apparition du tiers-secteur
subventionné] a notamment été dénoncé
par une partie des tenants de la culture techno, des free-parties et des
teknivals qui revendiquaient, en suivant le philosophe Hakim Bey,
l'élaboration possible de TAZ (Zones Autonomes Temporaires). La
volonté de disposer d'espaces en dehors de règles qui
régissent l'économie et le droit légal de la musique,
considérées comme trop contraignantes à l'impulsion
créative et sociabilisatrice" 62(Guibert G., 2005).
Mais que dire des "Nuits underground" organisées par le
Conseil Général des Pyrénées Orientales au Palais
des rois de Majorque durant le mois d'août à Perpignan ? Je prend
volontairement cet exemple pour illustrer le propos de Gérôme
Guibert expliquant la volonté du politique d'intégrer
l'underground et la techno dans le champ de son intervention et finalement de
récupérer le caractère esthétique de ces
créations. Cette expression est de plus de plus à la mode, ce qui
est paradoxal. Au- delà, le concept d' "hétérodoxies" sert
à décrire les particulatités "autres" que l'on peut
observer que celles-ci s'opposent ou non à l' "orthodoxie". Son
utilisation porterait sûrement moins à confusion.
62 Guibert G., op.cit.
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