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Effets des interactions entre pairs dans l'expression de la théorie de l'esprit chez des enfants de cinq ans

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par Alexandre HIRSCH
IED Paris 8 - Master 1 psychologie du developpement et de l'éducation 2006
  

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1.4 Les épreuves permettant de mettre en évidence l'acquisition progressive d'une théorie de l'esprit

La force de la théorie de l'esprit tient aussi en partie à la solidité des résultats expérimentaux. Une grande variété de tâches a été imaginée par les psychologues du développement afin de détecter le passage à une théorie de l'esprit. Ces différentes épreuves s'attachent le plus souvent à un des états mentaux identifiés comme reliés à la théorie de l'esprit. Il s'agit des tâches de fausse croyance, d'émotion, de désir, d'intention, ou encore d'ignorance.

La première tâche fut celle de fausse croyance proposée par Wimmer et Perner en 1983 : la scène du petit Maxi (Wimmer et Perner in Bradmetz, 1999). L'enfant est considéré comme ayant accès à la théorie de l'esprit lorsqu'il va prédire que Maxi va aller chercher le chocolat au mauvais endroit parce qu'il ignore que le chocolat a été déplacé par la mère de Maxi en son absence. Ce qui marque bien que les enfants comprennent que des représentations sur un même état du monde peuvent différer selon les sujets et les informations dont ils disposent (Bradmetz, 1999).

Ces premières expériences ne tenaient compte que de la validité de la réponse sans s'attacher à la justification du choix. Par la suite d'autres expériences utilisant le même scénario intégrèrent des questions demandant à l'enfant de justifier sa réponse afin d'ajouter une composante qualitative. Ces justifications sont d'autant plus importantes pour les modèles qui considèrent la formulation explicite du raisonnement comme primordiale (Gopnik, 1993 in Bradmetz, 1999). Ces justifications permirent également d'étudier les corrélations entre le développement de certains aspects du langage et l'accès à la théorie de l'esprit.

Les épreuves de fausse croyance présentent de nombreuses autres variantes (Wellman, 2001 ; Wellman, 2004) comme les épreuves de contenu inattendu ou celles d'apparence-réalité. L'objectif étant différent, il ne s'agit plus de tester la prise en compte des différences d'états mentaux des sujets selon les informations dont ils disposent mais d'évaluer la capacité de l'enfant à prendre conscience que les états mentaux d'un même individu au cours du temps peuvent varier en fonction de ses expériences. Avant l'accès à la théorie de l'esprit, les enfants « oublient » leur surprise face au contenu inattendu d'une boîte de bonbons remplie de crayons par exemple.

Il est possible d'établir une classification des épreuves en fonction de l'âge moyen de réussite (Wellman, 2004, Wellman, 2001). Les épreuves les plus simples étant celles de désir et de croyance alors que les épreuves de fausse croyance sont en moyenne réussies plus tardivement. Par contre les différentes tâches portant sur la fausse croyance sont le plus souvent réussies simultanément. De plus la réussite aux épreuves de fausse croyance ne survient presque jamais avant celles reliées aux émotions (Wellman, 2004).

Les différences entre les protocoles expérimentaux ne peuvent pas expliquer seules les variations. Cette réussite graduelle aux épreuves semble indiquer que les difficultés croissantes rencontrées par les enfants sont liées à des difficultés croissantes de compréhension de la subjectivité mentale. Les enfants réussissent plus précocement les épreuves de désirs car cet état mental est plus facilement accessible que les croyances. Les résultats expérimentaux sont donc sous-tendus par des difficultés conceptuelles.

L'entraînement peut également jouer un rôle dans la réussite des épreuves. En effet un entraînement simple sur ces différentes épreuves permet une augmentation des scores entre les épreuves de pré test et de post test (Hale, 2003). Cet effet d'entraînement n'est pas spécifique à un type d'épreuve donné. L'entraînement sur des épreuves de fausse croyance entraîne une amélioration des résultats aux épreuves d'apparence-réalité ou d'émotion. Ce facteur entraînement est donc à prendre en compte dans les études au cours desquelles les enfants passent plusieurs séries d'épreuves. Il est à noter que certains auteurs ne remarquent aucune amélioration des résultats après entraînement lorsque celui-ci ne fait pas intervenir le langage ou lorsque l'expérimentateur se limite à indiquer si la réponse est correcte ou erronée avant de donner la bonne réponse (Clements, 2000 in Lohmann, 2003).

L'âge moyen d'acquisition d'une théorie de l'esprit varie selon les auteurs. Mais l'ensemble des auteurs s'accorde à dire que les enfants n'accèdent pas à la théorie de l'esprit avant l'age de quatre ans. Les différences tiennent en partie au degré de réussite des épreuves de fausse croyance. Si la simple réussite aux épreuves est prise en compte alors l'âge de quatre ans sera retenu. Par contre si on attend que les réponses soient accompagnées d'une justification correcte alors l'accès complet à la théorie de l'esprit est beaucoup plus tardif.

Gauthier et Bradmetz (2004) replacent l'acquisition de la théorie de l'esprit par rapport au modèle piagétien dans une étude basée sur les compréhensions d'épreuves de fausse croyance de second ordre. Dans ces épreuves les enfants doivent  « être capable de différencier non seulement l'attitude propositionnelle d'un sujet A de celle d'un sujet B mais, aussi, l'attitude propositionnelle d'un sujet B à propos de celle de A. Dans leur étude ces auteurs soulignent la difficulté des enfants à réussir ces épreuves avant l'accès au stade piagétien des opérations concrètes.

L'acquisition complète de la théorie de l'esprit est donc répartie sur plusieurs années au cours desquelles de nombreux facteurs vont intervenir sur sa construction pour devenir complète vers l'âge de 6-7 ans.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery