CHAPITRE II : les OGM compromettent la
sécurité alimentaire
Plusieurs auteurs africains et occidentaux ainsi que les
plaidoyers d'associations diverses jettent le discrédit sur les OGM dont
ils énoncent une kyrielle de risques sur la sécurité
alimentaire. D'abord ils remettent en cause l'argument selon lequel la
transgénèse permet d'augmenter la production alimentaire, ensuite
ils font valoir l'idée selon laquelle, l'ingestion des OGM comporte des
risques pour la santé du consommateur.
Section 1 : Du point de vue quantitatif
« Les résultats constants des recherches
indépendantes et des expérimentations en champs menés
depuis 1999 montrent que les plantes génétiquement
modifiées n'ont apporté les bénéfices
annoncés, notamment en ce qui concerne l'augmentation des rendements et
la réduction de l'utilisation des herbicides et pesticides
».Tel est le résumé du « Plaidoyer en Faveur
d'un Monde Soutenable Sans Modification Génétique »
rédigé par le Panel pour une Science
Indépendante69, lequel semble ruiner les espoirs d'une
bonne partie de l'humanité qui avait vu en les biotechnologies modernes,
une voie royale de sortie de la crise alimentaire que connaît le monde.
Paragraphe 1: les OGM n'augmentent pas la production
alimentaire
Les populations dont l'alimentation est insuffisante sont,
pour les deux tiers, des familles paysannes possédant de petites
propriétés, équipées d'outils exclusivement manuels
et dotées de systèmes de culture et d'élevage insuffisants
pour se nourrir elles-mêmes ou pour permettre des achats alimentaires.
Ainsi pour le commun des mortels, c'est par un accroissement de la
productivité et des revenus agricoles des paysans les plus pauvres que
l'on parviendra à réduire la prévalence de la faim et de
la malnutrition dans le monde. L'une des raisons avancées par les
promoteurs des biotechnologies modernes et qui justifient leur
bien-fondé se trouve dans le fait que certaines applications de la
transgénèse pourraient améliorer la production
alimentaire. Or en réalité, «Rien
n'indique que le recours aux OGM permette
d'atteindre cet objectif » faisait observer Marc
DUFUMIER70 dans les colonnes du journal français Le
Monde Diplomatique d'avril 2006. Cette affirmation jette le doute sur
les certitudes qu'on avait jusque-là sur l'amélioration des
rendements agricoles par la transgénèse. Si les tenants de cette
thèse brandissent des exemples pour soutenir leurs propos, il n'en
demeure pas moins que des arguments bien contraires trahissent toutes ces
affirmations. En effet certains opposants aux OGM sont formels lorsqu'ils
remettent en question tous les avantages reconnus aux biotechnologies modernes.
Des auteurs comme John MADELEY estiment à ce propos, qu'il convient
à l'heure actuelle de se méfier des biotechnologies modernes.
L'une des raisons de cette méfiance réside dans le fait que
l'argument de l'amélioration des rendements agricoles par le
génie génétique n'est pas vérifié, dans la
mesure où les cultures expérimentales récentes ont
démontré que les semences génétiquement
modifiées n'augmentent pas la production. Selon lui, plusieurs
années après leur introduction, il n'a pas encore
été démontré que les semences
génétiquement modifiées peuvent accroître les
rendements à l'hectare71. En effet une étude du
Service de Recherche Economique du Département Américain de
l'Agriculture indique qu'en 1998, la différence de rendement entre
les cultures génétiquement modifiées et les cultures
traditionnelles n'était pas significative. Ces résultats ont
été confirmés par une autre étude qui a permis
d'évaluer les récoltes de plus de huit mille parcelles de
cultures expérimentales de soja : le soja Roundup Ready
(génétiquement modifié) aurait donné moins de
boisseaux à l'hectare que les variétés comparables issues
de croisements classiques. Un rapport publié en septembre
2002 par une association anglaise, Soil Association, indiquait que les
plantes génétiquement modifiées avaient coûté
aux Etats-Unis la somme de douze milliards de dollars en subventions, pertes de
ventes et retours de produits à cause de la contamination
transgénique. Ce rapport peut se résumer comme suit : «
les conclusions de notre rapport
montrent...qu'aucun des bénéfices annoncés des plantes
génétiquement modifiées n'a été atteint. Au
contraire, les agriculteurs annoncent, outre des pertes de rendements, une
dépendance inchangée aux pesticides et herbicides ...».
Ces résultats concordent bien avec les conclusions des recherches
entreprises en 1999 par l'agronome américain Charles BENBOOK, lesquelles
sont formelles : « les bénéfices des plantes
génétiquement modifiées n'ont jamais été
atteints. Des milliers d'essais réalisés en plein air sur des
parcelles de soja transgéniques ont révélé une
réduction du rendement par rapport à des surfaces plantées
avec du soja non transgénique. » Ainsi par exemple en
2001, les variétés de soja Roundup Ready ont obtenu des
rendements inférieurs de six à onze pour cent en moyenne par
rapport aux variétés conventionnelles72 . Des
conclusions similaires auraient été faites en Grande-Bretagne sur
des plantations de colza d'hiver et sur des champs d'expérimentation de
betteraves73. Ces différents points de vue contredisent en
toute hypothèse les avantages des OGM liés à
l'amélioration des rendements agricoles.
Dans leur volonté manifeste de mettre fin à
l'avancée des OGM dans nos sociétés, les
détracteurs des biotechnologies modernes n'hésitent même
pas à s'attaquer à ce qui en fait le fondement, ce qui
légitime leur utilisation, au point de rejeter l'argument de
l'amélioration des rendements agricoles par cette technologie des temps
modernes. La cause des incohérences et des faibles rendements des
plantes génétiquement modifiées serait liée
à un facteur biologique, l'instabilité
du transgène, un problème
identifié et décrit par les chercheurs FINNEGAN et Mc ELLROY.
L'instabilité du transgène peut s'expliquer de trois
façons: dans la première hypothèse, les mécanismes
de défense qui protègent l'intégrité de l'organisme
peuvent réduire au silence ou désactiver le gène
étranger qui a été intégré dans le
génome, pour qu'il ne puisse pas s'exprimer. Dans la deuxième
hypothèse, l'instabilité du transgène serait due à
sa construction structurelle plutôt prédisposée à se
fragmenter, à partir de joints artificiels fragiles, pour se recombiner
incorrectement avec l'ADN qui se trouve autour. Enfin, il semble selon des
études qu'il existe des « endroits
privilégiés pour réceptionner
» le transgène à l'intérieur du génome, aussi
bien dans celui de la plante que dans le génome humain. On estime donc
que ces endroits privilégiés pourraient également
être des « endroits privilégiés
pour la recombinaison ». De ce fait on imagine
bien que des transgènes peuvent se détacher de leur construction
pour se recombiner ou envahir d'autres génomes74. En pareille
circonstance on peut avouer que la transgénèse aura manqué
son but. Pour Le Panel pour une Science Indépendante,
l'échec manifeste du coton transgénique en Inde, et de
différentes plantes génétiquement modifiées dans
d'autres parties du monde serait principalement dû à
l'extrême instabilité de ces cultures. Dans cette perspective les
opposants au génie génétique ne manquent pas de faire
l'apologie de l'agriculture biologique au détriment de celle
biotechnologique qui apparaît à leurs yeux comme une
«aberration».
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