PREMIERE PARTIE / LE DIFFICILE CONSENSUS AUTOUR DE
LA DIALECTIQUE OGM /
SECURITE ALIMENTAIRE
Arrachage de plants génétiquement
modifiés, accusations d'obscurantisme, différends
transatlantiques, le débat sur les OGM est entré dans
l'arène sociale où il a acquis une nouvelle dimension. En effet,
cette technologie des temps modernes alimente régulièrement la
une des médias, car une virulente controverse s'est
instaurée autour de cette question. Opposants et partisans, en
souhaitant faire entendre leur voix, s'affrontent en un dialogue apparemment de
sourds. Source de progrès et de promesse d'un avenir meilleur pour les
uns qui y voient une opportunité de rendre possible les objectifs en
matière de sécurité alimentaire, menace pour le
consommateur pour les autres, les OGM sèment la discorde. L'ampleur du
débat mondial sur les OGM est sans précédent. Ce dernier
parfois empreint d'une forte charge affective, a mobilisé tant les
scientifiques, les producteurs, les consommateurs, les groupes de
défense de l'intérêt public que les pouvoirs publics et les
décideurs. Mais afin de mieux appréhender la controverse sur les
OGM, il convient d'identifier les différents protagonistes, d'analyser
leur attitude et d'examiner les causes des impasses et incompréhensions
actuelles.
CHAPITRE I : L'utilisation des OGM est un atout pour la
sécurité
alimentaire
Comme indiqué, la sécurité alimentaire
doit se concevoir à un double point de vue, dans sa dimension
quantitative, et sa dimension qualitative. Au plan quantitatif, la
sécurité alimentaire doit s'orienter dans le sens de
l'accès des populations à une nourriture suffisante. Au plan
qualitatif, elle doit prendre en compte les préoccupations en
matière de sécurité sanitaire des aliments. Les
défenseurs des OGM pensent que cette technologie des temps modernes
pourrait bien répondre à ce double besoin.
Section 1: Du point de vue quantitatif
Plusieurs arguments sont avancés par les
défenseurs des OGM qui pensent que le problème du lourd
déficit alimentaire mondial peut être corrigé par
l'utilisation des biotechnologies modernes. Au nombre de ces arguments, on
retiendra que les OGM ont l'avantage d'améliorer la production
alimentaire à travers des techniques agricoles
révolutionnaires.
Paragraphe 1: Les OGM augmentent la production
alimentaire
L'on ne saurait nier le lien nécessaire qui existe
entre production agricole et sécurité alimentaire. L'agriculture
est dans l'alimentation ce que représenterait par exemple le sang pour
le corps humain. En d'autres mots, l'agriculture est le poumon de
l'alimentation car tout l'édifice alimentaire repose à
l'évidence sur le fondement de l'agriculture. Dans une telle situation
la sécurité alimentaire ne pourra devenir réalité
que pour autant que la production alimentaire atteindra des proportions
acceptables. La question reste alors de savoir si la recherche biotechnologique
peut permettre d'accroître les rendements et la production agricoles. Les
principaux arguments avancés par les promoteurs des biotechnologies
modernes, restent que celles-ci ont la capacité de corriger le
déficit alimentaire dans le monde par une augmentation significative de
la production agricole. Le sommet mondial sur l'alimentation qui a lieu en 1996
à Rome, a souhaité que se réduise de moitié les
quelques huit cent millions de personnes sous-alimentées, au plus tard
en 2015. Pour y arriver, l'on estime qu'il faut augmenter de quatre pour cent
par an la production alimentaire pendant les vingt prochaines années .
Il est donc nécessaire et urgent d'accroître les rendements
surtout dans les pays du sud. Mais, comme le pense Albert SASSON,
l'amélioration de la production agricole et nutritionnelle dépend
des ressources en terres, en eau et en énergie, qu'on considère
généralement comme limitées, en dépit des
possibilités d'accroissement de leur disponibilité. Cette
amélioration est aussi fonction des ressources d'origine biologique,
renouvelables, que sont les plantes cultivées, les animaux domestiques
et les micro-organismes. L'accroissement de la productivité de ces
derniers, c'est-à-dire de la productivité biologique,
représente un domaine actif de la recherche en sciences de la vie. Les
techniques biotechnologiques modernes y contribuent de plus en plus. Dans ce
vaste domaine, l'un des objectifs visés par les recherches entreprises
consiste à ouvrir la possibilité de mettre sur pied des cultures
à haut rendement en vue d'obtenir une production supérieure.
Depuis quelques temps, semble-t-il, les recherches ont permis de
réaliser cet exploit agricole. En effet, les firmes qui sont en amont du
progrès biotechnologique et certains scientifiques prétendent que
le génie génétique a amélioré la
productivité dans les pays où les OGM font l'objet
d'expérimentation. Des chiffres montrent par exemple que l'adoption en
Afrique du Sud de semences améliorées, de nouvelles
variétés a permis une augmentation des rendements par hectare de
cinq fois pour le maïs et d'un peu plus de quatre fois pour le blé.
De même, quelques douze millions de bananiers produits à partir
d'OGM dont la moitié ont été exportés, auraient
permis d'accroître la production. On estime pour cela que les rendements
ont augmenté d'un peu plus de deux pour cent, depuis l'avènement
des biotechnologies modernes dans cette partie du monde. Ainsi en
considérant le besoin d'augmenter fortement la production d'aliments
destinés aux hommes et aux animaux, en améliorant la
productivité, la rentabilité, il faut trouver des solutions pour
maximiser les bénéfices, et cela resterait une possibilité
gracieusement offerte par les biotechnologies végétales modernes.
La biotechnologie ne serait certes pas le seul outil qui peut diminuer la faim
dans le monde, mais un outil dont notre planète dispose pour
résoudre sa pénurie alimentaire. Pour certains, en Afrique, la
biotechnologie devrait être considérée dans le contexte des
besoins africains qui sont entre autres l'augmentation de la production
alimentaire, la diminution de la pauvreté...
Si on admet que la transgénèse peut
accroître significativement la production alimentaire et donc
résoudre l'un des aspects fondamentaux de la sécurité
alimentaire, à savoir l'accès à une nourriture suffisante,
c'est parce que celles-ci reposent avant tout sur des techniques agricoles
révolutionnaires sans précédent.
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