Verstraete (2002) a considéré trois dimensions
relatives à l'étude d'un phénomène entrepreneurial
à savoir : (C) cognitive (les connaissances de l'entrepreneur, son
parcours biographique qui est lié a sa capacité d'entreprendre ;
(P) Praxéologiques (la singularité des actions appelés par
l'acte) ; (S) Structurale (correspondante a la structure du contexte au sein
duquel l'organisation émerge. Les "x" correspondent aux interactions
entre les dimensions et s'expriment d'une manière singulière au
niveau de la relation entre l'entrepreneur (E) et l'organisation (O) qu'il
crée ou impulsée44.
Phénomène entrepreneurial
=
f [(C x P x S) c (E x O)]
Figure 4- Le modèle d'impulsion
organisationnelle de Verstraete (2002)
En effet, l'auteur adopte les travaux de Gartner, mais il
pose néanmoins une distinction qu'il convient de faire entre le
processus et le phénomène entrepreneurial auquel il
s'intéresse plus singulièrement. Il avance que la
modélisation d'un processus est dépendante du contexte singulier
auquel le phénomène entrepreneurial appartient
c'est-à-dire chaque processus de création possède son
propre modèle.
La principale caractéristique du travail de cet auteur
est l'utilisation du terme impulsion au lieu de création d'organisation
car il suppose le déclenchement croissant et dynamique et le
développement d'une activité ou d'une entreprise.
L'auteur signale que cette impulsion peut se
concrétiser dans une entité préexistante (cas de certaines
reprises d'entreprises ou le cas de Corporate entrepreneurship) et ne signifie
pas uniquement l'apparition soudaine et brève d'une nouvelle
entité.
44 Verstraete T. (2002) : « Essai sur la
singularité de l'entrepreneuriat comme domaine de recherche »,
éditions de l'ADREG, Janvier.
C'est ainsi que Verstraete (2000) définit
l'entrepreneuriat comme étant " un phénomène complexe
et comme un type particulier d'organisation impulsé par un entrepreneur
qui agit pour tenter de concrétiser, au sein de la structure dans
laquelle il baigne, la vision qu'il se fait de cette organisation .Il s'efforce
de la rendre conforme à la représentation qu'il en
fait"45 .
Le principal reproche formulé par Verstraete et
Fayolle (2004)46 est que le concept de d'impulsion organisationnelle
englobe d'autres perspectives qui plaidaient pour le caractère
interdisciplinaire de l'entrepreneuriat.
Selon Fayolle (2003)47, le concept de la
création ou d'impulsion d'une organisation pose un problème
majeur, de fait que l'entrepreneuriat s'intéresse tout autant, sinon
plus à la création d'organisation, une partie importante de la
théorie d'organisation.
En plus sous certaines conditions, l'entrepreneuriat peut
être étendu au développement d'organisations
antérieurement impulsées (cas de la reprise d'entreprise). Il ne
se restreint aucunement à la création d'entreprise (d'autant plus
que, paradoxalement aux yeux de certains, toute création ne constitue
pas un acte entrepreneurial) et revêt des formes d'expression multiples
(Verstraete, 2000)48
En plus, Shane et Venkataraman (2000)49 ont
douté de la pertinence du concept de la création d'une
organisation en mobilisant entres autres, la théorie de
l'écologie de la population et des travaux issus de l'économie ou
des théories de l'organisation.
En effet la perspective initiée par ces auteurs porte
sur l'émergence mais, il s'agit ici de l'émergence d'une nouvelle
activité économique, qui n'est pas nécessairement une
création d'une nouvelle entité indépendante mais
l'émergence d'une opportunité d'affaires.
45 Verstraete T. (2000) : « Les
universités et l'entrepreneuriat » document de travail,
éditions de l'ADREG, Septembre.
46 Verstraete T., Fayolle A. (2004) : « Quatre
paradigmes pour cerner le domaine de recherche en entrepreneuriat »,
communication au 7éme CIFEPME a Montpellier, Octobre 2004.
47 Fayolle A. (2003) : «Quelques idées et
suggestions pour étudier le processus entrepreneurial», la
revue des Sciences de Gestion : Direction et Gestion; Mars/Avril 2003;
200; page. 15
48 Verstraete T. (2000); op. .cit.p.13
49 Shane S. ; Venkataraman S. (2000): « The
promise of entrepreneurship as a field of research», Academy of
Management. The Academy of Management Review; Jan 2000; 25, 1; p. 217