Introduction
Après avoir spécifié les enjeux et les
atouts de l'entrepreneuriat en nouvelles technologies en Tunisie, nous essayons
de mettre en évidence dans ce chapitre, la place qu' occupe la
création d'une start-up en nouvelles technologies ou
généralement d'une nouvelle entreprise dans les différents
paradigmes entrepreneuriaux.
En effet, "l'entrepreneuriat" comme domaine de recherche est
doté d'une importance considérable d'un point de vue
économique, sociale et même politique (dans le cadre de la Tunisie
par exemple). En raison de la jeunesse de ce domaine de recherche et de la
multiplicité des angles d'étude, il semble ressortir que la
caractéristique fondamentale et unanime dans toutes les recherches
anglophones et francophones est qu'il n'y a pas un véritable consensus
au niveau de la définition du terme « entrepreneuriat »
(Verstraete et Fayolle, 2004 ; Shane et Venkataraman (2000) ; Gartner, 1990) et
de même dans la délimitation et l'explication des
phénomènes entrepreneuriaux ( Emin,2003 ; Bruyat ,1993 ; Bruyat
et Julien ,2001 etc ...) . De ce fait, émane notre objectif de
délimiter le phénomène de la création d'une
start-up en nouvelles technologies en utilisant la grille des
phénomènes entrepreneuriaux de Paturel (2005) après avoir
évoqué les différents paradigmes entrepreneuriaux (Section
I) et d'expliquer le processus de création d'entreprise comme un
processus d'émergence organisationnelle et enfin de déterminer
quand ce processus
commence et quand il prend fin et surtout le positionnement de
l'intention d'entreprendre dans la théorie d'émergence
organisationnelle (Section II).
Gartner (1985)38 a présenté un
modèle en quatre dimensions pour décrire le
phénomène de la création des nouvelles organisations.
38 Gartner, W. B. (1985):«A conceptual framework for
describing the Phenomenon of new venture creation. » The Academy of
Management Review, 10 (4), 696 - 709.
Individus
Environnement
Processus
Organisation
Figure 3 - Une représentation décrivant la
création des nouvelles entités (Gartner, 1985)
Il a fournit un modèle intéressant à
étudier. En effet, cette présentation couvre les composants
pertinents de la création des nouvelles organisations : l'environnement,
l'individu, la firme et le processus entrepreneurial. Il a
déterminé cette représentation multidimensionnelle en
présentant une liste des variables caractérisant les quatre
dimensions.
Il a formé cette liste en agrégeant et en
affectant aux quatre dimensions les importants résultats des recherches
antérieures
La liste résultante est un résumé
exhaustif des plus importantes questions issues et s'intéressant au
phénomène de la création des nouvelles organisations (voir
tableau 1).
Comme variables caractérisant son modèle,
Gartner (1985)39 a utilisé trois variables psychologiques
à savoir : la propensité a la prise de risque, le lieu de
contrôle (locus of control), le besoin en accomplissement (need of
achèvement) et certaines variables démographiques
(éducation, âge, parents entrepreneurs ect...). La composante la
plus importante autant que nombre de variables utilisées par plusieurs
chercheurs qui définissent une nouvelle entreprise créent par
l'entrepreneur est la dimension environnementale.
En plus, Gartner (1985) considère la dimension
processus comme étant une variable et non pas comme un concept global
incluant les autres dimensions.
Mais cette représentation ne met pas en cause les
relations qui peuvent exister entre les différentes dimensions. Le seul
argument de Gartner (1985) est que chaque création d'une nouvelle
entité est unique, sa représentation conceptuelle doit être
vue comme étant un kaléidoscope, un instrument à travers
lequel on envisage des modèles différents de création
39 Idem, p.700
des nouvelles organisations « the creation of new
venture is a multidimensional phenomenon : each variables describes only a
single dimension of the phenomenon and cannot be taken alone
»40.
Pour Gartner (1985, 1988), l'apparition d'une nouvelle
organisation est la conséquence d'un processus d'émergence
organisationnelle. Cet évènement est l'essence même de
l'entrepreneuriat, et l'objet sur lequel doivent se concentrer les
études. Il signale d'ailleurs qu'il n'y a pas un processus, mais des
processus d'émergence. L'idée d'un processus unique, et par
conséquent d'un phénomène unique, a été
abandonnée. L'accent est mis sur l'extrême diversité des
situations qui aboutissent à de nouvelles entreprises41.
Dès lors, chacun de ces processus doit être
identifié par sa forme (reprise, ex-nihilo42, entreprise
technologique, artisanale, etc.) ou par le type d'entrepreneur
(ingénieurs, non diplômés, etc.). Ces situations de
référence permettent de les classer. Cela favorise une
accumulation d'observations et facilite des comparaisons intra et inter classes
de référence.
Il suggère que le processus de la création des
nouvelles organisations doit être étudier par le chercheur dans le
moindre détail, exemple : les entreprises et leurs fondateurs doivent
être étudiés pendant leur processus actuel de start-up pour
développer et maintenir une vraie et impartiale perspective de
phénomène.
En effet, la création d'une nouvelle entreprise
constitue le coeur de la modélisation de Gartner (1985) qui a mis
l'accent dans cette étude sur la naissance des nouvelles
activités (organisations) permettant à un individu de
créer une nouvelle entreprise.
Carter et al (1995)43 avancent que le processus
entrepreneurial est un système dynamique qui évolue dans le temps
et qui est soumis à des échanges avec son environnement.
40 Idem, p.697
41 Gartner, W. B. (1988): «Who is an entrepreneur? is the
wrong question» , Entrepreneurship Theory and Practice 13 (4), 47 - 68,
p.60
42 La création ex nihilo correspond a des
créations par un individu ou un groupe (salarié,
chômeur,...) d'une entreprise exerçant une activité
nouvelle. Cette logique souligne « L'indépendance de la jeune
entreprise, le fait que l'initiative est celle de l'entrepreneur et qu'il y a
bien quelque chose de nouveau et non la simple continuation d'une
activité existante » (Bruyat 1993 : 101)
43 Carter N , Gartner W.B et Reynolds P.D, (1995) :
«Exploring start-up event sequences» , frontiers of entrepreneurship
Research , Babson College Conference : 118 - 33
Ces échanges ont une influence sur son
évolution. L'enchaînement des actions qui forment le processus,
leur nombre et leur nature peut avoir une influence significative sur les
chances de réussite des entrepreneurs. Leurs études
suggèrent que les processus des créateurs qui ont réussi
à créer leur entreprise peuvent être identifiés, et
se distinguer de ceux qui ont échoué.