IV- LES NOUVELLES POLITIQUES LAITIERES:
A partir de 1992 et dans le cadre de la consultation nationale
sur le développement de l'agriculture, un desserrement relativement
complet de la situation de la production laitière nationale a
été appréhendé dans le cadre global de la politique
alimentaire sous une démarche filière. Ceci a permis l'examen des
différents segments, marquant ainsi une rupture, avec les anciennes
pratiques.
Cette démarche a été suivie par la
création au niveau du Ministère de l'agriculture et de la
pêche en 1994, d'une Commission chargée de promouvoir le
développement de la production laitière.
Ainsi, en juin 1995, a été promulgué une
Instruction ministérielle portant programme de réhabilitation de
la production laitière. Par ce programme, une nouvelle phase s'ouvre
pour la filière lait.
1- Les objectifs :
Trois points ont été retenus :
a- Augmenter la production nationale du lait cru, par
l'atteinte à terme (5 ans) de l'objectif de 500 000 VL (BLM) et d'en
améliorer la productivité en passant de 3 000 à 4 000
litre/VL, soit 2 milliards de litres.
b- Rechercher le taux d'intégration le plus
élevé possible de la production nationale du lait cru et
permettre ainsi la réhabilitation de l'industrie laitière dans sa
fonction fondamentale économique, il s'agit d'atteindre un taux
d'intégration à moyen terme de 25 à 30 %.
c- Augmenter la collecte du lait cru pour atteindre à
moyen terme 400 millions de litres.
2.- Les actions entreprises :
Pour réaliser ces objectifs, des enveloppes
financières ont été dégagées en
conséquence depuis 1995. En matière de production,
d'intégration et collecte du lait cru, l'enveloppe allouée
à cette rubrique a été de 4 milliards de DA (+ 500
millions accordés en 2000).
Tableau N°12 :
Répartition des dotations par rubrique
d'investissements (1995/1999).
Rubriques d'investissements
|
Dotations (millions DA)
|
Investissement à la ferme
Insémination artificielle
Laiteries
Centres de collecte
Citernes de transport
Production de reproducteur
|
794, 5
20, 0
240, 0
15, 0
20, 5
85, 0
|
Total rubrique
|
1 175, 0
|
Source :
Ministère de l'agriculture.
La politique de réhabilitation de la production
laitière nationale s'articulait autour de trois principaux
programmes :
Ø La promotion de la collecte du lait
cru :
par une prime d'incitation de 4 DA/litre, octroyée
à l'éleveur qui livre son lait à la transformation
à titre d'encouragement à la collecte ainsi qu'une aide
complémentaire de 2 DA pour chaque litre de lait collecté et
livré.
Ø L'incitation à la réalisation de
mini - laiteries :
Un financement de 40 % de l'équipement d'une
mini-laiterie d'une capacité de 5 000 à 10 000 litres est
octroyé. Lorsque les investissements sont réalisés par des
producteurs organisés en coopérative, ce financement est
porté à 60% .
Ø Le développement de la production du
lait :
Les éleveurs disposant de douze vaches laitières
et plus et de 6 Ha de terre peuvent bénéficier d'un financement
à concours de 50 % des installations d'étables, des
équipements d'irrigation et de matériels de récolte, ainsi
qu'à 30 % pour les matériels laitiers.
Pour la réalisation de ce programme il y a eu la
création d'un Conseil National Interprofessionnel du lait et d'un Office
Interprofessionnel du lait.
Ø La création du Conseil marque la rupture avec
les politiques antérieures et l'enclenchement d'une nouvelle ère
de concertation par l'intervention de l'ensemble des opérateurs de la
filière.
Ø L'Office Interprofessionnel du lait : regroupe
les représentants des partenaires de la filière y compris les
consommateurs et l'administration publique (Agriculture, Finance, Commerce,
Industrie). Il prend en charge la responsabilité de l'organisation des
marchés agricoles du lait et produits laitiers et en partie les
politiques d'incitation au développement. Ainsi, sur la base des
stratégies arrêtées au niveau national, les politiques
d'aides publiques, de protection des revenus, de stockage stratégique,
seront exécutées par les professionnels.
3.- Les résultats du programme de
réhabilitation de la production laitière :
a- Analyse du contenu du
programme :
Ce programme initié par le Ministère de
l'agriculture, rend l'intervention d'autres acteurs institutionnels
concernés, tels que les structures du Commerce, des Finances ou du
Holding alimentaire de base, peu perceptibles. (Amroun M.et al).
La définition des tâches et des
responsabilités accordées à ces différentes
structures n'est que peu apparente, si ce n'est qu'à travers les
prérogatives spécifiques à leurs fonctions. Mis à
part le fait que plusieurs intervenants peuvent créer une confusion en
l'absence d'un système d'organisation efficace, ces structures par leur
participation active auraient pu assurer une meilleure pertinence des mesures
arrêtées et même faciliter leur mise en oeuvre.
La réhabilitation implique explicitement un constat
d'échec de ce qui a précédé après avoir
atteint un certain niveau de développement auparavant. Dans la
réalité concrète du terrain, aucun programme de
développement et d'intensification de la production laitière
initié jusque là n'a pu atteindre les objectifs fixés tout
à fait au début du système de planification. De
même, le constat de la situation de la filière remettait en cause
les politiques antérieures et la politique des prix alors que celles-ci
répondaient à des impératifs du moment qui induisait une
logique à tort ou à raison dans le cadre d'un système
socio-économique particulier.
Le choix du module de 12 vaches laitières au minimum
pour pouvoir bénéficier des aides et la mise à
l'écart des éleveurs hors sol par l'exigence de la
disponibilité de 6 Ha de terres, indique qu'il s'agit d'un
tâtonnement et non pas d'une étude rigoureuse fondée sur
des principes de gestion et d'organisation modernes. Le peu de fiabilité
accordée aux données recueillies serait à l'origine de
cette faiblesse...
b- Analyse par rapport aux
réalisations :
Figure n°10 : Collecte annuelle du lait
cru livré à GIPLAIT
(En m3 de 1996 à
2001)
140 000
130 000
120 000
110 000
100 000
90 000
80 000
70 000
60 000
50 000
40 000
30 000
20 000
10 000
1996 1997 1998 1999 2000 2001
Total GIPLAIT
Zone Centre
Zone Est
Zone Ouest
La promotion de la production et de la collecte de lait cru
attendue à travers l'instauration des mesures incitatrices du programme
de réhabilitation mis en place dès la fin de l'année 1995
n'a pas eu lieu. GIPLAIT seul opérateur public sur la place, n'a atteint
que 25 % des objectifs arrêtés pour l'année 2000, (100, 8
millions de litres ou lieu des 400 millions de litres attendus).
En fait la collecte de lait a régressé de
manière générale dans les trois zones de production (BLM).
De 137, 6 millions de litres, elle est descendue à 91, 4 millions de
litres en 2001.
On peut remarquer à titre indicatif que la zone Est qui
concentre 5 fois plus de cheptel BLM que la zone Ouest n'a permis une collecte
à partir de 1997 que de près de la moitié de celle de zone
Ouest. Cette situation s'expliquerait essentiellement par un marché
informel de consommation de lait cru très actif à l'Est du pays.
Par contre, à l'Ouest, malgré la longue période de
sécheresse qui a prévalu durant cette période le niveau de
collecte s'est maintenu aux deux tiers de celui de l'année de
départ du programme.
Les investissements réalisés au cours de cette
période sont restés faibles et peu significatifs devant l'ampleur
de la tâche assignée. Dès la mise en oeuvre du programme
les fortes turbulences socio économiques du moment, la lourdeur du
mécanisme de l'octroi du soutien, l'implantation insuffisante et
inefficace des structures de suivi et la pratique de la culture a forte plus
value au détriment des cultures fourragères ont achevés de
le rendre sans résultats probants. Le tableau ci-après regroupe,
parmi les principales actions engagées et quelques résultats
significatifs, les faiblesses dans la réalisation des objectifs retenus
par le programme
Tableau N°13: Inventaire
des faiblesses de réalisation du programme de réhabilitation
(Arrêté au 31/12/2000).
Rubrique
|
Objectif
(unité)
|
Réalisation (unité)
|
Taux (%) réalisation
|
Wilayas
concernées
|
Insémination
artificielle
|
30 000
|
2 211
|
7,37
|
-
|
Production génisses *
|
1 000
|
140
|
14
|
-
|
Laiteries
|
58
|
5
|
8,62
|
Bejaia, Blida, Bouira M'Sila, Ghardaia
|
Centres collecte
|
50
|
3
|
6
|
Médéa M'Sila
|
Citernes transport
|
40
|
7
|
17,5
|
Blida , SBA, M'Sila
|
Source : Ministère de
l'Agriculture.
* Il s'agit de l'année 2000 uniquement
Malgré les efforts consentis dans ce programme de
développement de la production laitière le constat reste le
même : objectif fixé non atteint. L'intervention de l'Etat
s'est soldée par des résultats peu significatifs sur les niveaux
de production laitière et de collecte.
Tableau N°14: Consommation
des crédits accordés dans le cadre de la politique de
réhabilitation de la production laitière (1995/2000).
Unité : millions DA
Rubrique
|
Montant accordé
|
Consommé
1995 à 99
|
Taux
%
|
Consommé
du 1/1/2000
au 31/12/2000
|
Total au
31/12/2000
|
Taux %
cumulé
|
Collecte de lait
Investis à la ferme
Laiteries
Product. génisses
Citernes
Ins. Artificielle
Centre collecte
Total
|
4000,0
794,5
240,0
85,0
20,0
20,0
15,0
5174,5
|
1562,81
227,30
8,00
0,12
3,16
3,39
1,88
1806,66
|
39,07
28,01
3,33
0,14
15,41
16,95
12,53
34,91
|
868,06
48,0
20,00
0,80
3,20
2,83
0,60
943,49
|
2431
275,33
28,00
0,94
6,36
6,22
2,48
2750,33
|
54,00
34,60
11,60
1,10
31,00
31,00
16,50
53,15
|
Source : Ministère de
l'agriculture.
Il n'en demeure pas moins que la consommation des
crédits accordés a été largement entamée et
a dépassé la moitié des prévisions.
|