4.- L'encadrement de l'élevage bovin :
a.- Les principales structures
d'approvisionnement
- L'Office National des Aliment du Bétail
(ONAB) :
Dans la logique du modèle de consommation prévu
dès le triennal, fondé en majeure partie sur les apports
protéiques du lait, et dans le but de satisfaire à la
nécessité de modernisation d'un élevage bovin traditionnel
dans toute sa dimension locale de l'époque, un organisme à
caractère industriel et commercial a été crée en
1969 : l'Office National des Aliments du bétail (ONAB)
chargé d'assurer :
Ø la production et la commercialisation des aliments
composés ;
Ø la vulgarisation de l'emploi des aliments
composés ;
Ø l'approvisionnement nécessaire aux programmes
de production.
Ces missions s'élargissent à partir de 1970
à l'intégration de :
Ø la régulation des marchés des viandes
rouges ;
Ø le développement de l'aviculture.
Mais l'office n'a pas mobilisé tous les efforts
nécessaires à l'amélioration de l'alimentation
destinée à l'élevage du bovin dont les insuffisances se
situaient ailleurs, au niveau de la disponibilité du vert pour le lait.
Ainsi, l'office s'est beaucoup plus orienté vers la satisfaction de
l'alimentation avicole dont la majeure partie des composants était
importée. Cette situation a conduit à une réduction
substantielle de la part consacrée à l'alimentation du cheptel
bovin pour ne représenter que 15% de la production totale de l'ONAB en
1992.
L'ONAB, entité de fabrication d'aliments
composés, disposant d'une autorisation globale d'importation (AGI) des
matières premières pour l'alimentation du cheptel national toutes
espèces confondues, était devenu un opérateur important et
particulier sur ce marché international. Les seules matières
premières locales utilisées se résument au sel, au
calcaire et à une partie de la production d'orge.
Dans cette situation, il était facile de fragiliser le
système d'élevage local dans son ensemble et le rendre
vulnérable et dépendant par son alimentation à partir
d'une source puisant dans un marché international apparemment
diversifié mais rigoureusement bien organisé. Ainsi l'on pouvait
observer des approvisionnements parfois irréguliers et des ruptures de
stocks, rendant la recherche de performances zootechniques (ITELV , INRAA)
et même de tout progrès dans la production laitière locale,
aléatoires.
La présence des organismes céréaliers,
l'OAIC et ses CCLS (coopératives céréalières)
d'une part et les ERIAD (issues de la restructuration de la SN SEMPAC) d'autre
part, a souvent été mise à contribution pour la fourniture
à l'ONAB et aux coopératives d'élevage du maïs et des
issues de meunerie.
- L'Office National d'Approvisionnement et de Service
Agricole (ONAPSA) :
L'ONAPSA, ayant succédé à la SAP
(Société Agricole de Prévoyance) elle-même
héritière de l'ex-SIP durant la colonisation
(Société Indigène de Prévoyance), jouissant du
monopole d'approvisionnement en intrants agricoles, s'est chargé de
l'importation des produits et matériels vétérinaires, des
équipements d'élevage, des semences fourragères et des
animaux vivants.
D'après Boulahchiche (1997) « l'ONAPSA
contrôlait 80% du marché des produits vétérinaires,
et importait 70% des génisses destinées au programme
laitier ». Il n'en demeure pas moins, qu'intervenant dans la
commercialisation de tous les intrants agricoles par le biais de ses CASAP, cet
office se présentait beaucoup plus comme un organisme chargé de
vendre au niveau du terrain tous les produits importés, que d'être
une courroie de transmission du soutien à la production, mission pour
laquelle il avait été établi.
Dès les premières mesures de
libéralisation, l'ONAPSA ne pouvait plus supporter l'effet concurrentiel
du secteur privé pour lequel le monopole des produits cités
à l'importation constituait une entrave à son
développement.
b.- L'administration au service de
l'élevage bovin :
* L'administration agricole sur le terrain :
Le programme de développement de la production animale
et en particulier de la production laitière établi par le
Ministère de l'Agriculture visait notamment :
Ø la promotion des élevages (coordination des
activités de développement, diffusion des techniques,
contrôle de la production animale, ..) ;
Ø la protection sanitaire du cheptel ;
Ø Le contrôle et l'hygiène
alimentaire.
La mise en oeuvre de ce programme fut confié aux
Directions de l'agriculture de Wilaya auxquelles, était affecté
un Inspecteur vétérinaire par Direction, chargé du suivi
et de la coordination des opérations sanitaires à travers la
Wilaya en collaboration avec les Wilayas limitrophes.
Jusqu'en 1990, peu de moyens ont été mis
à la disposition de ces administrations, qu'il s'agisse de moyens de
gestion technique, d'organisation des activités de terrain, ou
financiers pour la réalisation des opérations de
développement et d'accroissement de la production.
Certaines administrations de Wilaya ne disposaient même
pas d'un moyen de déplacement approprié, ni de compétences
nécessaires pour le relais, la planification et la projection des
actions à entreprendre.
Cette situation a conduit ces administrations à un
rôle qui s'est limité en matière de développement et
de production au recueil et transmission de l'information et en matière
sanitaire, au contrôle des abattoirs et à la surveillance
épidémiologique.
A côté de cette structure administrative, au
rôle limité en matière de développement de la
production laitière, des institutions intervenant directement ou
indirectement, ont été créées au fur et à
mesure que le besoin s'est fait sentir ou que de nouvelles alternatives sont
apparues. Ces structures sont :
* Les institutions techniques d'appui :
- Le Centre National d'Insémination Artificielle et
d'Amélioration Génétique (CNIAAG) :
Ø Amélioration génétique.
Ø Développement et diffusion de
l'insémination artificielle.
Ø Formation des agents d'intervention en appui aux
instituts et coopératives spécialisées d'élevage de
wilaya...
- L'Institut Technique d'Elevage Bovin et Ovin
(ITEBO) :
Ø Amélioration du cheptel bovin par
introduction de la productivité (développement des performances
zootechniques).
Ø Amélioration des techniques
d'élevage.
Ø Mise en place de réseaux de suivi et
contrôle laitier.
- L'Institut National de la Santé Animale (INSA
puis INMV) :
Ø Réseau d'observation et de détection
des diverses épidémies éventuelles.
Ø Campagne de prévention (vaccination) :
Conception et organisation.
Ø Homologation des produits
vétérinaires.
Ø Vulgarisation de l'utilisation de nouveaux produits
vétérinaires introduits.
* Les structures de recherche et de
vulgarisation :
Le Centre National de la Recherche Zootechnique (CNRZ)
dépendant de l'Institut National de la Recherche Agronomique (INRA)
créé .en 1966, a eu pour mission de :
Ø Gérer les inventaires en ressources
génétiques pour l'alimentation et la détermination de leur
valeur alimentaire.
Ø Proposer les possibilités
d'amélioration des systèmes et conduites de l'élevage.
Ø Etudier et améliorer la productivité
du bovin de race locale.
Ø Proposer les voies d'implantation de races
spécialisées pour le lait et la viande.
Toutefois, dès les premières années de
la décennie 80, la création d'Instituts techniques
spécialisés a entraîné le transfert de certaines
stations de l'INRA vers ces Instituts. L'interruption des programmes de
recherche menés par le CNRZ en 1976 et la reprise des activités
expérimentales par de jeunes équipes d'ingénieurs au
niveau des nouvelles institutions techniques a été à
l'origine d'une perte de temps précieux. Par ailleurs l'absence d'un
système de communication et de vulgarisation performant au niveau du
terrain a fait que :
Ø La circulation de l'information était
insuffisante.
Ø La productivité des ressources
(financières et humaines) mises en oeuvre était faible.
Ø La refonte des programmes de recherche et de
communication n'a pas été à la hauteur des
résultats attendus.
Ainsi, il a été créé des Chambres
d'agriculture avec pour objectif de faciliter le contact avec les producteurs
et pouvoir identifier leurs contraintes en vue de mieux répondre
à leurs attentes. Toutefois ces Chambres ont vite été
vidées de leur sens et de leur moyens d'actions du fait qu'elles furent
encadrées essentiellement par des représentants permanents de
l'administration agricole et d'organisation de masse qui, jouissant d'un poids
de décision considérable, évacuaient toute forme de
proposition nouvelle ou d'expression d'une méthode d'approche
introduisant le débat sur les objectifs arrêtés par la
politique laitière mise en place. Plus tard, ces Chambres
renaîtront avec d'autres objectifs dans d'autres circonstances
c.- Le système
coopératif :
Mis en place par les pouvoirs publics pour
asseoir la politique agricole, ce schéma d'organisation n'a pas pu
apporter le développement attendu de la production laitière pour
répondre à la demande sans cesse croissante sur le marché
interne. L'accumulation des pratiques et des décisions
inadéquates ont porté préjudice à la filière
lait, accusant ainsi un retard considérable dans son
développement qui s'est traduit, dès l'apparition d'insuffisances
financières du pays en 1986, par des contraintes économiques
majeures qui ont ébranlé fortement le fonctionnement de tout le
système d'élevage du bovin et de la transformation du lait.
Les coopératives d'élevage, d'une part, et les
structures liées à la transformation d'autre part, ont vu ainsi
naître des contraintes conduisant à :
Ø une réduction des capacités de
développement de la production nationale de lait ;
Ø l'abandon de l'élevage laitier par
l'agriculteur au profit de spéculations plus
rémunératrices
Ø un découvert bancaire des entreprises de
transformation qui ont eu par ailleurs de plus en plus recours aux importations
de lait en poudre au détriment du lait local ;
Ø Un endettement accru dû à des demandes
d'augmentations importantes des enveloppes financières consacrées
aux importations et aux subventions.
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