La politique des prix :
La situation de désengagement
délibéré des offices régionaux du
développement de la production laitière locale, a
été confortée par une politique de prix à la
consommation d'un produit `stratégique' de base à l'alimentation,
une disponibilité en devises fortes issues de la vente des hydrocarbures
ainsi que la présence d'excédents importants en produits laitiers
sur les marchés internationaux. « L'action fondamentale de
l'Etat a été de développer la filière par le bas,
c'est-à-dire en élargissant le marché »
(Amellal R).
De 1970 à 1985, le prix de cession du lait à la
ferme est passé de 0,62 DA à 3 DA le litre. Durant la même
période le prix de détail à la consommation est
passé de 0,85 DA à 1,.30 DA le litre» (A. Bourbouze, A.
Chouchen, A. Eddebbarh, J. Pluvinage, H. Yakhlef, 1989).
Cette disproportion entre les variations de prix de deux
périodes, indique que des évènements profonds ont
été enregistrés pour maintenir une situation paradoxale
où le prix à la consommation qui était supérieur
à celui de la ferme, est devenu quinze ans plus tard nettement
inférieur de 2 fois et demi. La formation des coûts et leur
administration ne répondaient plus à la logique
économique. Cette situation ne peut s'expliquer (indirectement) que par
le fait que les opérateurs économiques internationaux
possédant des excédents en produits laitiers sur les
marchés qu'ils détiennent, pour trouver acquéreur, ont
influé sur le financement des investissements orientés vers
l'installation d'infrastructures de transformation laitière, se
créant ainsi un marché potentiel dans un pays hautement solvable
et dont la production locale devrait rester à un niveau faible et peu
développée.
La stratégie mise en place par ces opérateurs
internationaux a tout de suite porté ses fruits. La consommation a
très vite augmenté à l'intérieur du pays,
provoquant une demande telle que seules des importations massives pouvaient
satisfaire, surtout qu'à partir de la poudre de lait, on pouvait obtenir
par reconstitution un lait très bon marché à un coût
de moins de 1DA le litre en cette période.
La collecte du lait cru ayant ainsi été
délaissée (la collecte de lait cru de1990 est inférieure
à celle de 1970), les producteurs privés se sont tournés
vers le marché informel d'autant plus que la vente se faisait sans peine
à plus de 4 DA le litre. Toutefois cette tendance n'a pas permis pour
autant un développement sensible de la production du lait cru, car la
demande solvable pour ce produit est restée limitée du fait que
la majorité des familles consommatrices de lait ne disposaient que d'un
revenu faible les contraignant à s'orienter vers la production issue de
l'industrie de transformation, vendue à un prix nettement plus bas.
Ainsi, on peut conclure sur cette période (de grande
crédibilité d'une industrie industrialisante à l'aide
d'usines clés en mains), que quelque part la politique des prix
administrés n'est que le voile d'une stratégie inexorable que les
mécanismes des marchés internationaux tendent à imposer de
manière durable par la volonté, le savoir faire, la
disponibilité, la qualité et le sérieux du service qui
souvent ont fait défaut dans le suivi des orientations pour jeter les
bases d'un développement durable de la production laitière
locale.
|