2- Les actions entreprises au niveau de la
transformation :
Créé en 1969 l'ex-Office National du Lait
(ONALAIT) qui avait hérité des trois coopératives de
production opérant dans le secteur (Colaital Alger, Colac Constantine et
La Clo Oran), a été chargé de :
Ø la collecte et le ramassage du lait ;
Ø la fabrication du lait et produits
laitiers ;
Ø la distribution de ces produits jusqu'au
détaillant.
Parallèlement, l'ONALAIT disposait du monopole sur
l'importation de la matière première laitière pour combler
l'insuffisance de la production laitière locale. Cette
opportunité va l'entraîner, face à une demande croissante,
à l'augmentation de plus en plus forte des importations si bien que son
activité première qui fut la collecte et le ramassage du lait
sera quelque peu délaissée. Le tableau-ci après donne un
aperçu sur cet aspect qui a fortement marqué le devenir de
l'entreprise.
Tableau N°11 : Evolution des
quantités de lait traitées et transformées par
l'ONALAIT
(Unité : litre)
Année
|
Lait en vrac importé
|
Lait recombiné avec la poudre et la MGLA
|
Lait ramassé localement
|
TOTAL
|
1969
|
10 626 000
|
0
|
29 066 000
|
39 682 000
|
1970
|
15 319 000
|
0
|
41 013 000
|
56 332 000
|
1971
|
23 303 000
|
0
|
34 252 000
|
57 555 000
|
1972
|
31 948 000
|
13 855 000
|
33 072 000
|
78 875 000
|
1973
|
35 994 000
|
78 836 000
|
32 612 000
|
14 744200
|
1974
|
24 104 000
|
133 045 000
|
33 160 000
|
190 309 000
|
1975
|
14 330 000
|
164 552 000
|
39 801 000
|
218 683 000
|
1976
|
|
210 668 000
|
59 600 000
|
270 268 000
|
1977
|
0
|
235 440 000
|
63 000 000
|
298 440 000
|
1978
|
0
|
253 152 000
|
56 000 000
|
309 152 000
|
1979
|
0
|
286 035 000
|
48 400 000
|
334 435 000
|
1980
|
0
|
378 500 000
|
43 500 000
|
422 000 000
|
Source : Industrie agro-alimentaire et
dépendance envers les approvisionnements extérieurs :
le cas algérien. (Arif .S et Zga. K.)
On peut remarquer que les importations de lait en vrac ont
été abandonnées à partir de 1975 pour laisser la
place à la poudre de lait et MGLA qui de 13, 855 millions de litres
équivalent en 1972 ont atteint 378, 5 millions de litres en 1980. En
effet à partir de 1972, un changement de la politique laitière
s'est opéré en faveur de la poudre de lait pour plusieurs raisons
notables à l'époque notamment sur les gains en quantités
transportées par la réduction des frais de transport maritime,
une meilleure maniabilité de la poudre de lait et une réduction
des risques d'avaries ou d'acidification.
Durant la même période, le ramassage du lait
local n'a pas progressé. En 1980, avec 43,5 millions de litres
ramassés, on se situait au même niveau que la moyenne de la
décennie qui est de 44 millions de litres. Ce schéma de
croissance privilégiât la logique importatrice par rapport
à la recherche d'une dynamique productive interne.
« La mise en oeuvre d'une telle politique n'a pas
manqué de déstructurer profondément les relations
agriculture - industrie d'aval, en l'occurrence, ici, les relations entre
l'industrie laitière et l'élevage bovin laitier. Elle a rendu
illusoire toute possibilité de maîtriser la modernisation et
l'intensification de l'élevage laitier local » (Boukella M.
1996).
Les unités de l'entreprise publique détenant le
monopole de l'importation et agissant sous une tutelle étatique à
planification centralisée, se sont désormais
spécialisées dans l'importation et la transformation de la poudre
de lait. S'agissant de reconstitution du lait, l'élargissement et
l'accroissement des capacités de transformation des unités ont
été opérés dans ce sens, délaissant ainsi
les tâches à l'origine de la création de l'ONALAIT et sa
mission première.
La chute du taux d'intégration du lait cru dans la
production industrielle passant de 73% en 1969 à 7,6% en 1981, est
hautement significative pour renseigner clairement sur l'extraversion des
industries laitières publiques locales.
Pour remédier à cette situation une
restructuration de la base industrielle algérienne laitière a
été mise en oeuvre. Néanmoins elle ne répondait
qu'au simple schéma de division des grandes entreprises de
l'époque dans le contexte industriel du pays.
En faisant entrer l'industrie laitière au même
titre que le reste du tissu industriel qu'il soit agro-alimentaire ou ayant
toute autre vocation, de service ou de production, dans le schéma
directeur de cette restructuration, les pouvoirs publics venaient de fermer de
manière implicite l'accès à toute forme de
développement de la filière dont les fondements sont en premier
lieu agricoles et non pas industriels.
L'ONALAIT fut scindé (1983) en trois offices
régionaux, dont l'activité principale sinon exclusive, restait la
recombinaison à partir des importations de poudres de lait et la mise
sur le marché de la consommation des quelques sous-produits obtenus. Les
dix-sept unités de production en charge de cette activité sont
ainsi réparties entre trois offices régionaux auxquels on avait
assigné entre autres les missions de :
Figure N°09 : la restructuration de
l'ONALAIT (1983)
ONALAIT
ORLAC
OROLAIT
ORELAIT
Restructuration
Unités de production :
Unités de production : Unités de
production :
(capacités : 100 000
(Capacité : 250 000 à
(Capacités : 200 000 à
à 400 000 litres-jour)
500 000 litres-jour) 350 000 litres-jour)
Oran, Igli, Mascara,
Birkhadem, Boudouaou, Annaba, Constantine,
Mostaganem, Tiaret, Draa ben
khedda, Sétif, Batna
Saîda, Relizane, Tlemen Blida,
les Arribs
Ø développer et gérer les industries de
traitement et de transformation du lait et de ses
dérivés ;
Ø assurer un approvisionnement régulier du
marché par une répartition rationnelle et
équilibrée du lait et des produits laitiers.
Ces missions confiées aux offices régionaux ont
influé de manière décisive sur l'extension des
capacités de transformation. Ainsi ; « Sous sa nouvelle
forme d'office régional, l'industrie laitière a
amélioré les capacités de production de ses usines qui
sont passées de 682, 5 millions de litres en 1982 à 1 574, 6
millions de litres en 1992 (Boulahchiche N. 1997)
Parallèlement, les quelques efforts consentis pour
l'amélioration de la production laitière locale au début
du second plan quinquennal (1985/89) ont bien vite été
estompés devant le formidable essor que la recombinaison du lait a
connu. Ainsi « Les livraisons de lait produit localement aux trois
offices qui étaient d'environ 82 millions de litres en 1987, sont
tombées à environ 37, 1 millions de litres en 1990 (3,6% des
achats) » (Boulahchiche N. 1997)).
Les offices régionaux dont la gestion autonome
permettait de favoriser le déploiement d'actions d'envergure, relatives
à la vulgarisation des techniques, visant l'intensification de la
production laitière et la formation professionnelle du personnel
chargé d'exploiter les installations de traite, tel que cela
était inscrit dans leurs missions de rapprochement du terrain
producteur, n'ont pas suivi.
Les insuffisances d'organisation et de coordination en amont
et en aval des activités de transformation, le fonctionnement
quasi-total sur la base d'une matière première importée,
le manque d'intérêt accordé aux actions à
entreprendre en concertation avec une administration technique locale
chargée de veiller sur la nécessité d'accroître la
production laitière en quantité et qualité avec peu de
moyens efficaces, ont fait que les offices régionaux se sont
renfermés sur l'obligation de résultats visibles sur le
marché de la consommation abandonnant leur participation au
développement de la production laitière.
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