II.- L' HERITAGE DU PASSE :
Au lendemain de l'indépendance l'élevage
existant, était constitué de deux races locales, la Brune de
l'Atlas et la Guelmoise, et quelques races laitières d'Europe,
importées par les colons de l'époque. C'était un
élevage traditionnel, orienté vers la production de subsistance
(pour subvenir aux besoins familiaux), localisé dans les plaines du nord
et zones de montagne (S. Bedrani.).
Le recensement de 1966 puis l'enquête de consommation de
1967/1968 ont révélé la faible disponibilité en
protéines animales « 7,8 grammes / habitant /
jour ». Pourtant le pays était éleveur et
l'élevage bovin ainsi que l'ovin, étaient concentrés entre
les mains de la paysannerie locale.
L'élevage entièrement extensif, était
révélateur de la faible intensification du secteur traditionnel.
Le bilan disproportionné entre les besoins et la disponibilité en
aliments fourragers, traduit la surcharge de ce cheptel sur le secteur, alors
que la quasi-totalité des superficies fourragères est dans le
secteur autogéré socialiste (S. Bedrani.).
L'industrie ne déroge pas à ce schéma
puisque l'héritage reçu de la colonisation se résumait en
trois coopératives de production à faible capacité,
localisées à :
*Alger : Colaital 40 000 L/j,
*Constantine : Colac, 10 000 L/j,
*Oran : La Clo, 100 000 L/j.
Face à cette situation et dans un but de
résorption du déficit protéique, le planificateur de
l'époque, au moment de l'élaboration de la stratégie de
développement, a choisi de favoriser la consommation du lait, pour ses
qualités nutritionnelles et son faible prix comparé aux autres
sources protéiques.
Dans cette optique, la reconstitution du cheptel bovin et
l'extension des superficies fourragères s'imposaient pour le
développement de la production laitière. Ainsi, dans le cadre du
premier plan (triennal), les superficies fourragères ont connu un
accroissement de 42% durant la période 1967/1969 passant de 69 000
Ha à 98 000 Ha, et le cheptel bovin a retrouvé le niveau de
son effectif d'avant guerre pour atteindre 511 000 têtes en 1969 avec une
augmentation de 7% durant le triennal.
Quant à la restructuration du cheptel bovin et au vu de
la situation de l'élevage, l'orientation vers l'importation de vaches
laitières était un objectif retenu. L'implantation de ce cheptel
s'est faite selon une sélection zonale en fonction des
disponibilités fourragères. Dans cette optique, une étude
a été réalisée au début des années
1970 par le Ministère de l'Agriculture, l'objectif étant de
déterminer les possibilités d'augmentation de la production
animale et cela par zone écologique. Les recommandations pour les zones
dites « arrosées » ont été
les suivantes :
Ø Le développement d'un élevage laitier
intensif en étables de 80 vaches laitières avec une place
importante de l'aliment concentré.
Ø L'embouche à l'étable des jeunes de 0
à 16 mois avec création de centres d'engraissement de 50 à
200 têtes, à partir de veaux de 8 jours achetés et
élevés au lait reconstitué puis engraissés,
à l'aide d'une production fourragère intensive, au foin et
à l'aliment concentré
C'est sur la base de cette étude que le planificateur
de l'époque a conçu son plan de développement, que l'on
retrouve aisément dans les orientations des plans quadriennaux de 1970
à 1977 (Boulahchiche N. 1997).
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