1.2. Hypothèse 2
La première partie de l'hypothèse 2 porte sur
les effets de la participation à un conflit socio-cognitif sur les
compétences en théorie de l'esprit. Selon cette hypothèse,
la participation à un conflit socio-cognitif aurait
un effet bénéfique sur les compétences en attribution
d'intentions.
Cette hypothèse n'est pas vérifiée
après l'analyse du tableau de contingence. Le conflit socio-cognitif n'a
pas eu d'effet bénéfique sur les compétences en
théorie de l'esprit.
Cependant, cette absence de progrès peut s'expliquer
par le manque d'entraînement à des situations de ce type. En
effet, les enfants ont été familiarisés avec les formes et
à la construction de figures avec ces dernières, mais n'ont
été confrontés qu'une seule fois à une situation de
résolution d'un tangram à deux lors de cette expérience.
Comme les progrès socio-cognitifs se réalisent au fil des
multiples expériences sociales auxquelles est confronté
l'individu, cette simple confrontation peut ne pas être suffisante pour
faciliter le développement de la théorie de l'esprit.
Il serait intéressant de prolonger cette recherche en
entraînant les enfants à la résolution de tangram à
deux sur une plus longue durée, sur plusieurs séances. Un tel
entraînement sur le long terme permettrait aux enfants de travailler avec
plusieurs partenaires différents. La diversité des dyades
pourrait être bénéfique à chacun car l'enfant est
parfois le plus fort, et parfois le plus faible dans la dyade. Varier les types
de dyades pourrait favoriser le développement de compétences
sociales. Ainsi, cette procédure permettrait de vérifier l'impact
d'une telle situation sur les compétences en théorie de l'esprit.
La seconde partie de l'hypothèse 2 postulait
l'existence d'un lien entre l'apparition d'oppositions lors de la
résolution du tangram et la réussite à l'histoire 2. Elle
suppose que les enfants s'étant opposés aux actions de leur
partenaire produiront plus de réponses correctes à une question
sur des attributions d'intention que les autres sujets ayant
coopéré. Ces progrès seraient dûs à un
entraînement à coordonner les points de vue divergents. Selon
Perret-Clermont (2001), les oppositions, même si elles ne sont pas
nécessaires, peuvent avoir un rôle bénéfique. Par
contre, les oppositions et les tentatives de résolution du conflit
doivent porter sur les divergences cognitives et non relationnelles pour avoir
des effets positifs. Les oppositions qui ont eu lieu lors de cette
expérience se réfèrent systématiquement à
des erreurs produites par leur partenaire lorsque celui-ci place mal une
pièce. Ces oppositions sont du type « Non, ça
dépasse. ». Seules quelques répliques de la dyade L-A
ont porté sur la relation entre les enfants, lorsque L . a
traité A. de « petit menteur ». En règle
générale, les oppositions et les tentatives de résolution
de ces oppositions ont effectivement porté sur la recherche commune
d'une solution et n'a pas porté sur la relation entre les
partenaires.
Même si les oppositions se sont principalement
rapportées au problème, cette hypothèse n'a pourtant pas
été vérifiée expérimentalement. Les
oppositions n'ont pas favorisé l'émergence de progrès. Les
enfants du groupe G.O. n'ont pas obtenu de meilleurs résultats à
l'histoire 2 que les autres.
Par ailleurs, un élément explicatif de nos
résultats pourrait se trouver dans le nombre d'oppositions
relevé. En effet, peu d'enfants ont véritablement
été confrontés à un conflit socio-cognitif. En
fait, la plupart des enfants de ce groupe ont fait part de leur
désaccord au travers d'une ou deux répliques, qui ont abouti soit
à une résolution correcte du tangram, soit à un blocage
temporaire. Les enfants ont éprouvé des difficultés
à déplacer les formes lorsqu'elles étaient mal
placées et pensaient parfois qu'il était impossible de
réaliser la figure. Dans de telles circonstances, nous leur rappelions
une partie de la consigne afin de relancer l'activité. Seule la dyade
L-A s'est trouvée réellement en désaccord sur une plus
longue durée.
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