2. Hypothèses
Notre hypothèse générale est la
suivante :
Il existerait un lien
« bidirectionnel » entre les compétences sociales
telles que la théorie de l'esprit, et la coordination des points de vue
lors du conflit socio-cognitif. Aux environs de quatre-cinq ans, les enfants
reconnaissent l'existence de différentes croyances pour une même
réalité mais éprouvent encore des difficultés
à les composer entre elles pour parvenir à une vision plus
globale. Ainsi, la théorie de l'esprit faciliterait le bon
déroulement de l'interaction et se développerait suite aux
sollicitations inhérentes au conflit socio-cognitif.
Hypothèse 1 :
L'hypothèse 1 suppose que le groupe le plus fort en
théorie de l'esprit utilise plus de verbes mentaux et termine plus
rapidement le tangram alors que des oppositions augmenteraient le temps de
résolution et le nombre de verbes mentaux utilisés. Cette
hypothèse se décompose en deux sous-hypothèses.
A De bonnes compétences en attribution d'états
mentaux s'accompagnent d'une meilleure coordination des états mentaux
lors du conflit socio-cognitif alors que des difficultés dans
l'attribution d'états mentaux à autrui s'accompagneront
également de difficultés dans la gestion du conflit
socio-cognitif, en ce qui concerne la coordination des divers points de vue, ou
la représentation des problèmes de son partenaire. Les enfants
ayant le mieux acquis la théorie de l'esprit parviendraient mieux
à coordonner les divers points de vue lors d'une situation de conflit
socio-cognitif.
Ainsi, les enfants ayant réussi le test d'attribution
d'intention utiliseraient plus de verbes mentaux que ceux qui ont
échoué au test, et termineraient plus rapidement la figure, un
lapin, avec les formes du tangram.
B Les enfants ayant des opinions divergentes sur la
résolution du jeu de tangram (décrit ci-dessous, p.38) devront
justifier leur point de vue pour essayer de faire comprendre à leur
partenaire ce qui ne leur convient pas. En justifiant leur point de vue, ils
utiliseront plus de verbes mentaux que les autres. De plus, cette coordination
prend plus de temps que s'ils résolvent un tangram dans la
co-élaboration.
Ainsi, il y aurait un lien entre l'apparition d'oppostions, le
nombre de verbes mentaux utilisés et le temps de résolution. Les
enfants s'étant opposés à leur partenaire utiliseront plus
de verbes mentaux et leur temps de résolution du tangram risque
d'être plus long que celui des enfants ayant coopéré dans
la résolution du tangram.
Hypothèse 2 :
L'hypothèse 2 consiste à évaluer les effets
du conflit socio-cognitif sur les compétences en théorie de
l'esprit. Elle suppose une amélioration de ces compétences
après le conflit, renforcée par la présence d'oppositions.
Elle se divise en deux sous-hypothèses.
A- A l'issue du conflit sociocognitif, il s'agit de parvenir
à une solution commune après avoir coordonné les diverses
représentations. Parvenir à ce résultat nécessite
la représentation d'états mentaux comme inférer le point
de vue de l'autre, identifier l'origine de ses difficultés et proposer
une aide adaptée, ou encore detecter la conception de la consigne d'un
partenaire grâce à l'utilisation d'indices contextuels. Comme les
situations telles que le conflit socio-cognitif sollicitent la
représentation d'états mentaux à partir
d'éléments contextuels, les enfants confrontés à de
telles situations d'interactions sont davantage entraînés que les
autres. Ils font preuve de meilleures compétences en régulations
sociales et en théorie de l'esprit que ceux n'ayant pas participé
aux résolutions de problème dans une situation de conflit
socio-cognitif.
Ainsi, les enfants ayant participé au conflit
sociocognitif obtiendraient de meilleures performances aux tests d'attribution
qu'au premier test passé avant la résolution du tangram.
B- Les membres d'un groupe confrontés à des
oppositions devront davantage justifier leur point de vue, chercher divers
moyens pour le faire comprendre aux autres, c'est-à-dire rechercher les
difficultés ou les causes des divergences... Les oppositions au sein des
dyades entraîneraient à attribuer des intentions.
Par conséquent, les enfants ayant participé
à des dyades où des oppositions ont eu lieu obtiendraient de
meilleurs résultats aux tests d'attribution, que ceux ayant
participé à des dyades fonctionnant dans la coopération.
C-
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