PREMIERE PARTIE LA GESTION DE L'ENTREPRISE PUBLIQUE
: FONDEMENTS THEORIQUES ET EXPERIENCE CAMEROUNAISE
Nonobstant les nombreuses difficultés que traversent
les entreprises publiques camerounaises - révélées par la
crise économique (Bekolo Claude, 1995) - celles-ci occupent toujours une
place importante dans notre économie. C'est fort de cette conviction que
l'Etat camerounais, par le biais de la mission de
réhabilitation10 a proposé des thérapeutiques
afin de les sortir de la tourmente. Ceci est de nature à confirmer
l'idée qu'elles demeurent de véritables supports de
l'activité économique, même si d'aucuns s 'interrogent sur
leur avenir et leur utilité.
Il appert cependant que les restructurations et autres
mesures jusque là préconisées semblent ne pas avoir les
effets escomptés. Il convient alors de revenir un temps soit peu sur la
gestion de nos entreprises publiques, notamment sur les principaux organes qui
en orientent les actions.
L'examen du conseil d'administration mis en cause pour
expliquer les défaillances de gestion au sein de l'entreprise publique
(Tamba I. , 1991) retiendra notre attention (chapitre II) dans l'optique ultime
de déterminer certains de ses dysfonctionnements qui influenceraient la
saine gestion de l'entreprise publique.
Mais avant cela, nous nous attèlerons d'abord à
analyser de manière théorique le concept d'entreprise publique et
sa gestion (Chapitre I) afin de mieux comprendre les écarts par rapport
au cas camerounais.
10 Les éléments de procédure d'une
réhabilitation sont : la réforme juridique (textes de base
conformes), la réforme de l'environnement, la réforme
organisationnelle, la rationalisation des ressources humaines, la
restructuration financière, la réforme de l'approche
managériale et l'informatisation des systèmes de gestion.
Chapitre I
L'entreprise publique et son système de
gestion
La légitimité de l'entreprise publique, surtout
en ce temps de quasi-déclin de ce type d'entreprise, ne semble plus
faire l'unanimité non seulement parmi les chercheurs mais aussi parmi
ses initiateurs ; la tendance est maintenant au désengagement de l'Etat
au profit des entrepreneurs privés dont l'action est jugée plus
dynamique. C'est d'ailleurs pourquoi, dès 1967, Simon Nora faisait
remarquer que la gestion publique ne saurait être automatique, qu'elle
devrait se soumettre au critère de rationalité économique,
gage de sa survie. Il devient alors impérieux, lorsqu'on s'engage
à mener une étude sur ce type d'entreprise, d'en rappeler la
justification de leur existence. Avant d'y arriver, il faudrait en donner une
définition afin de ne pas avoir à s'égarer dans le flot de
définitions qui caractérise l'entreprise publique. C'est
l'objectif que poursuit la première section de ce chapitre (section I).
Cependant, la légitimité de l'entreprise publique à elle
seule ne suffit pas, d'où la nécessité d'en définir
les modes de gestion (section II).
I- Définitions et justifications de l'existence des
entreprises publiques
La définition de l'entreprise publique est une mission
complexe au regard du flou à la fois juridique et opérationnel
qui la caractérise. Mais nous tenterons tout au long de ce paragraphe
d'en déterminer les principales définitions, nous serons
aidés en cela par la recherche des éléments de
définition du concept. Ce n'est qu'après avoir
appréhendé les contours de la notion d'entreprise publique que
nous nous attèlerons à en justifier l'existence dans le tissu
économique.
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