UNIVERSITE DE YAOUNDE II
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POUR L'AMELIORATION DES PERFORMANCES DES ENTREPRISES
PUBLIQUES CAMEROUNAISES : LE ROLE DU CONSEIL D'ADMINISTRATION
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Mémoire présenté et soutenu
publiquement Par
Monsieur MBILI ONANA André Marie
En vue de l'obtention du Diplôme d'Etudes
Approfondies en Sciences de Gestion
Option Finance
Sous la direction des
Pr. Henry WAMBA, agrégé en Sciences de
Gestion
Pr. Roger TSAFACK NANFOSSO, agrégé en
Sciences Economiques
Juillet 2004
Introduction générale
0.1 CONTEXTE ET INTERET DE L'ETUDE
«Historiquement, dans nos pays, on observe que quelle que
soit l'option idéologique, l'évolution de nos économies
s'est accompagnée d'une forte intervention de l'Etat. » C'est en
ces termes que Bekolo-Ebe (cité par Tamba I., 1991) justifie l'existence
prépondérante des entreprises publiques au sein de
l'économie camerounaise. En effet, en marge de toute
considération du débat sur l'interventionnisme étatique,
le Cameroun s'est doté d'un ensemble important d'entreprises publiques
dans le but de donner un coup d'accélérateur à son
économie. Touna Mama et Tamba I. (1996) remarquent à cet effet
que le poids des entreprises publiques dans l'économie camerounaise est
tel qu'elle se trouverait revigorée si ces dernières
florissaient. Le secteur public à lui seul emploie près de
100.000 personnes, la masse salariale variant entre 100 et 120 milliards de
FCFA soit 18% des dépenses publiques et 50% des recettes
pétrolières (Banque mondiale, citée par Touna Mama et
Tamba I., 1996).
Il convient cependant de rappeler que la situation politique
va constituer un obstacle à la création de ces entreprises
(Tedga, 1990). Excepté les entreprises publiques françaises et
anglaises qui ont été nationalisées, à peine une
dizaine d'entreprises publiques ont été créées en
dix ans d'indépendance. Les années 70 seront plus sereines, c'est
ce qui, avec le décret de juin 1986 portant délimitation du
secteur public et para-public, va favoriser l'essor des entreprises publiques
dont on dénombre près de 170 (Nguiffo et Owona Etoundi, 1988) en
1988. Cette course vers le développement d'un secteur public solide
trouve sa légitimité dans la thèse du
libéralisme planifié prônée par le
président Ahidjo, ainsi que dans le manque de culture entrepreneuriale
qui caractérise encore le secteur privé.
Cependant, depuis quelques années déjà,
la crise économique aidant, le contexte de fonctionnement de ces
entreprises a laissé entrevoir de multiples turbulences ; les
entreprises publiques dans leur grande majorité ont cessé
d'être rentables mieux elles ne réalisent plus que
d'énormes pertes (Tedga, 1990). Celles du secteur non financier
totalisant ainsi pour la période 1985/1986 un
déficit global de 33,6 milliards de FCFA (Touna Mama, 1996). Depuis
lors, beaucoup d'entre elles ont été sorties du portefeuille de l
'Etat (privatisées) quand elles n'ont pas été purement et
simplement dissoutes1. Il faut dire ici que la privatisation est
l'une des principales mesures préconisées par la mission de
réhabilitation des entreprises publiques, laquelle avait mission de
trouver des solutions aux problèmes dont faisaient face les entreprises
publiques.
En effet, les entreprises publiques se sont
révélées être d'énormes gouffres financiers ;
les subventions, constituant une règle pour elles, ont joué un
rôle négatif en ce sens qu'elles ont permis de masquer leurs
défaillances et d'entretenir un pilotage à vue (Bekolo C., 1995).
On estime à 150 milliards par an les subventions reçues par ces
dernières, soit 20 à 25% des budgets annuels de l'Etat, sans
compter qu'elles grevaient à concurrence de 40% la dette publique du
Cameroun. Outre ces appuis financiers, on déclame aussi les choix de
gestion qui tenaient moins compte d'un souci d'efficacité que de celui
du prolongement de la politique, parfois incohérente, de l'Etat.
Cependant il faut rechercher en la construction même des
entreprises publiques les causes de leur désuétude. La
volonté de protéger notre économie de la concurrence
étrangère au lendemain de notre indépendance aurait
conduit les autorités à créer, sans études de
marchés préalables des entreprises qui constituent aujourd'hui de
véritables «tonneaux de danaïdes. »
Face donc à tous ces griefs, et convaincus que le
secteur public est d'une importance indéniable pour l'économie
camerounaise, des thérapeutiques ont été
administrés au secteur public. Contrats de performances, programme
d'ajustement structurel (PAS),
1 On dénombre 52 entreprises publiques dissoutes (Ndjom
Nack Elie desiré, Les liquidations administratives, Editions
imprimerie nationale, novembre 1992) en mars 1992 sur les 170 existantes en
1988, soit un taux de faillite de l'ordre de 31%.
programme d'aide à la gestion (PAGE)2 semblent
jusqu'ici ne pas avoir remédié aux difficultés que
rencontrent les entreprises publiques.
La présente proposition de recherche s'inscrit dans le
sillage de l'étude des causes du déclin des entreprises publiques
camerounaises, mais elle se veut, à l'exemple de Faye (2003) pour le
Sénégal, une contribution à l'explication du malaise
persistant des entreprises publiques camerounaises via l'analyse de leur mode
de gouvernement.
Ainsi cette étude présente un
intérêt certain, lequel peut être appréhendé
à différents niveaux.
Primo, elle intervient au moment où le secteur public
camerounais, compte tenu du marasme économique, connaît des
turbulences. Ces entreprises ont coûté 750 milliards de Francs CFA
à l'Etat (Mayegle, 1992) et ne demandent qu'à être remises
sur pied. C'est dans cette optique que la mission de
réhabilitation3 a proposé qu'elles soient
privatisées, mais seulement les résultats des récentes
privatisations ne semblent pas convaincre sur la pertinence de ce choix. Notre
étude peut donc permettre de relativiser cette approche trop radicale et
minimiser par là le coût d'opportunité associé
à cette mesure.
Deusio, une étude sur les entreprises publiques est
toujours intéressante ceci eu égard au poids qu'elles
représentent dans le tissu économique indifféremment de
l'espace et du temps. Au Cameroun, elles demeurent les plus grandes
pourvoyeuses d'emplois.
Tertio, l'ouverture du Cameroun aux investisseurs
étrangers (privatisations) et la création du marché
boursier (DSX) sont des opérations qui ne sont pas sans
conséquences dans la mesure où elles sont de nature à
favoriser le développement d'un nouvel actionnariat, souvent peu
familier des règles et pratiques de fonctionnement des
2 Le début de la crise économique favorise
l'adoption de pilules tel le programme d'ajustement structurel (PAS),
signé le 27 juillet 1989 avec le FMI et la BAD, le programme d'aide
à la gestion (PAGE) avec la banque mondiale et dont la mission depuis
l'exercice 1986-1987 était de réhabiliter les entreprises
publiques et parapubliques décadentes.
3 La mission de réhabilitation des entreprises publiques a
été créée en 1986 (décret n° 86/656 du
3 juin 1986, puis modifié et complété par les
décrets n° 89/010 du 4 janvier 1989 et n° 90/428 du 27
février 1190).
entreprises publiques et privées camerounaises et qui est
naturellement demandeur d' éclaircissements.
0.2 PROBLEMATIQUE
Le gouvernement des entreprises dont la manifestation la plus
visible est la production de codes de conduite pour dirigeants4
trouve ses origines dans les travaux de Berle et Means en 1932. C'est le
développement de la grande entreprise aux Etats-Unis, il y'a plus d'un
siècle, caractérisée par un actionnariat dispersé,
qui a donné lieu aux premières réflexions sur le
gouvernement des entreprises. Pour Berle et Means, les dirigeants ne
possédant pas (ou très peu) d'actions de telles entreprises, ils
ne cherchent pas à maximiser la richesse des actionnaires. Puisqu'un tel
risque existe, il est donc apparu nécessaire de s'interroger sur les
moyens à mettre en oeuvre pour protéger les investisseurs contre
le comportement opportuniste des dirigeants.
En effet, cette hypothèse de l'opportunisme
managérial est fortement mobilisée par la théorie des
coûts de transaction (Williamson, 1975). Elle constitue une
représentation extrême du comportement humain, qui, motivé
par la recherche d'avantages personnels, serait caractérisé par
une tendance à tricher et à transgresser les règles
éthiques. La quasi-institutionalisation de la concussion, des
détournements du bien public, de la volonté illimitée
d'enrichissement des dirigeants, etc. participe de cette hypothèse
notamment pour expliquer les choix stratégiques des dirigeants
d'entreprises publiques au Cameroun.
Dans une étude - bien que les résultats des
études empiriques menées sur l' efficacité des entreprises
publiques et privées soient contradictoires (Bös, 1991 et Lawson,
1994) - Nash et Van Randenborgh (1994) concluent, à partir d'un
échantillon de 61 entreprises appartenant à 18 nations
différentes et relevant de 32 secteurs d'activité, à
4 La réflexion sur le gouvernement d'entreprise est
marquée par la publication de travaux généralement admis
comme des codes de bonne conduite des dirigeants. Les plus connus sont le
rapport cadbury (1992) pour la Grande Bretagne, les rapports vienot (1995 et
1999) et le rapport bouton pour la France, le rapport dey (1993) pour la Canada
et l'OCDE (1999). Le Kenya et l'Afrique du sud demeurent les seuls pays
africains à avoir publié un code en la matière. Les
réflexions menées ont également donné lieu à
des modifications réglementaires. On peut citer à titre d'exemple
les lois KonTrag (1999) en Allemagne, Sarbanes Oxley (2001) aux Etats-Unis ou
la loi NRE (Nouvelles Régulations Economiques) du 15 mai 2001 en
France.
une supériorité de performance des entreprises
dont la propriété serait privée, semblant ainsi condamner
la propriété publique. Cependant, pour les tenants de la
théorie des droits de propriété, à l'exemple de De
Alessi (1969, 1973) c'est le comportement discrétionnaire des dirigeants
des entreprises publiques, faiblement contrôlés en raison de la
forme publique de propriété et peu incités à
être performants qui expliquerait cette supériorité de la
propriété privée. Cette explication s'adapte
aisément au contexte des entreprises publiques camerounaises dont les
dirigeants, au vu et au su des organes chargés de les contrôler
procèdent souvent à des choix qui tiennent plus du libertinage
managérial que du souci d'agir dans l'intérêt du
propriétaire l'Etat.
Relativement donc à la protection des
intérêts des propriétaires (de l'Etat dans le cadre des
entreprises publiques) contre l'opportunisme des dirigeants, la
modélisation faite par Jensen et Meckling en 1976, s'intéressant
à la relation d'agence, qui lie un principal (les actionnaires) à
un agent (les dirigeants) montre que la valeur des entreprises dépend de
leur mode de financement en ce sens que l'ouverture du capital par un
entrepreneur (qui entraîne une forte dispersion de l'actionnariat) donne
naissance à des coûts d'agence et réduit par
conséquent la valeur de l'entreprise. Divers mécanismes
permettant alors de réduire les coûts d'agence résultant de
l'opportunisme des dirigeants sont proposés, l'ensemble de ceux-ci
formant ce que Charreaux (1997) nomme «système de gouvernement
d'entreprise » et définit comme l' << ensemble des
mécanismes organisationnels ayant pour effet de délimiter les
pouvoirs et d'influencer les décisions (notamment de financement et
d'investissement) des dirigeants, autrement dit qui << gouvernent
>> leur conduite et définissent leur espace discrétionnaire
>>. La fonction d'un mécanisme de gouvernance et, plus
généralement, d'un système de gouvernance étant de
contribuer à améliorer l'efficience de la firme (Charreaux,
2004).
Les mécanismes du système de gouvernance sont
répertoriés selon qu'ils sont de nature externe ou interne. Les
mécanismes externes comprennent le marché des biens et services,
le marché financier (particulièrement comme lieu de
réalisation des prises de contrôle), les relations de financement
avec les banques, le marché du travail
notamment celui des cadres dirigeants et l'environnement
légal, politique et réglementaire, notamment par les relations
qui s 'établissent avec les bureaucraties publiques et par le
régime légal qui encadre le règlement des
défaillances. L'efficacité de ces mécanismes pour ceux qui
relèvent du processus de marché est fondée pour
l'essentiel sur le caractère concurrentiel. Les mécanismes de
contrôle externes sont complétés par des mécanismes
internes, susceptibles de pallier leurs carences éventuelles. Quatre
principaux types de contrôles peuvent être distingués : le
contrôle exercé par les actionnaires, la surveillance mutuelle
entre dirigeants, les contrôles formels ou informels mis en place par les
employés et le conseil d'administration (désormais CA) qui joue
un rôle important dans la résolution des conflits
d'intérêts entre agents et principaux (Fama et Jensen, 1983).
Par ailleurs, si l'actionnariat dans les entreprises publiques
est moins dispersé, il n'en demeure pas moins vrai que le
problème de l'opportunisme managérial relevé dans les
firmes managériales (caractérisées par une forte
dispersion du capital) se pose avec acuité du fait da la
complexité de la relation liant l'Etat-actionnaire et ses dirigeants. Il
convient donc dans cette optique de doter les mécanismes de
contrôle des entreprises publiques de pouvoirs nécessaires, afin
de juguler les dérapages des dirigeants, dans le but ultime
d'améliorer leurs performances et par delà leur gestion.
C'est donc conscients du débat sur l'opportunisme
managérial, de sa présence dans nos entreprises publiques, et des
travaux entrepris dans les pays européens notamment en France afin de
réformer les mécanismes de gouvernance tel que le conseil
d'administration dans l'objectif d'améliorer le fonctionnement des
entreprises, que nous souhaitons analyser la gestion des entreprises publiques
camerounaises à travers le rôle qu'y joue le CA. De manière
spécifique, il s'agira de répondre à la question de savoir
quel est l 'impact des attributs du conseil d 'administration sur les
performances de ces dernières ? Le conseil d'administration tel qu 'il
fonctionne dans nos entreprises publiques peut-il con tribuer à
améliorer les performances de ces dernières ?
0.3 OBJECTIF DE L'ETUDE
Notre principal objectif est de déterminer entre les
différentes caractéristiques du conseil d'administration celle
qui influencent de façon significative la performance des entreprises
publiques.
De manière spécifique, notre étude
consiste à retracer la constitution des entreprises publiques au
Cameroun afin d'en faire une analyse qui nous permette de comprendre les causes
de leur échec.
De plus, en référence à la
littérature sur le gouvernement d'entreprise, il sera établit un
lien entre les différentes variables du conseil d'administration dans
les entreprises publiques camerounaises et leurs performances économique
et financière. En effet, les attributs du conseil d'administration sont
censés agir sur la gestion de l'entreprise à travers le
développement des systèmes d'incitation et de contraintes
à l'égard de l' équipe dirigeante.
0.4 REVUE DE LA LITTERATURE
Dans les sociétés cotées en bourse,
caractérisées par une certaine diffusion de l'actionnariat, il
existe un risque de spoliation des intérêts des actionnaires par
les dirigeants (Berle et Means, 1932 ; Jensen et Meckling, 1976). Cette
situation est transposable aux entreprises publiques, bien que celles-ci soient
aux mains d'un actionnaire dominant l'Etat. En effet, la difficulté
réside dans ce que le statut d'actionnaire de l'Etat est
caractérisé par un laxisme, favorisant le développement de
comportements opportunistes de leurs dirigeants.
En principe, divers mécanismes de contrôle
limitent le comportement opportuniste des dirigeants (Shleifer et Vishny,
1997). En particulier le conseil d'administration, en tant qu'autorité
légale chargée de ratifier et de contrôler les
décisions des dirigeants, joue un rôle majeur dans la
résolution de ces conflits d'intérêts (Fama et Jensen,
1983). Il constitue un mécanisme de gouvernance interne, dont
l'efficacité n'est probablement
pas sans incidence sur la création de valeur et par
conséquent, sur la satisfaction des actionnaires.
Cependant, au cours de ces dernières années, le
fonctionnement de cet organe a été critiqué dans de
nombreux pays notamment la France oü les rapports viénot (1995,
1999) ont essayé pour autant que faire se peut de réformer ce
dernier en préconisant quelques règles admises comme des codes de
conduite des dirigeants. Il est admis à travers ces codes que le conseil
d'administration, du moins certaines de ses variables peuvent avoir une
influence sur la performance de la firme.
L'analyse théorique du conseil d'administration
attribue un rôle central aux administrateurs
externes5 qui sont chargés de contrôler
les dirigeants et de garantir la performance afin de préserver les
intérêts des actionnaires. L'étude directe de la relation
entre performance pour les actionnaires et pourcentage d'administrateurs
externes révèle une influence positive (Baysinger et Butler, 1985
; Rosenstein et Wyatt, 1990 ; Scott et Kleidon, 1994). Cette relation positive
est également confirmée tant pour la performance passée
que future, par Pearce et Zahra (1992), à partir d'un modèle
stratégique6 expliquant la composition du conseil
d'administration. Enfin, Hermalin et Weisbach (1991) montrent que les firmes
dont les performances se dégradent ont tendance à accroître
le poids des administrateurs externes.
L'influence de la composition du conseil d'administration sur
la performance a été également mise en exergue à
travers le pouvoir de révocation
7de ce dernier. Ainsi, Weisbach (1988) établit
qu'il y'a une forte relation entre la performance réalisée et la
probabilité de démission du dirigeant lorsque le conseil est
dominé par des administrateurs externes. Charreaux (1991), prenant en
compte les autres systèmes de
5 Ce sont des administrateurs qui n'ont aucun contrat avec
l'entreprise dont ils occupent des sièges dans le CA. Cependant, ils
peuvent ne pas être indépendants. Ces derniers désignent
des personnes n'étant pas employées dans l'entreprise, n'ayant ni
aucun intérêt dans l'entreprise considérée, ni aucun
lien de familiarité avec un membre de l'équipe dirigeante ; ils
peuvent tout au moins entretenir un lien d'amitié (Becht M. et
alii., 2002, p.42).
6 Le modèle utilisé dans cette étude est
d'ailleurs inspiré de celui de Pearce et Zahra.
7 Le conseil d'administration dispose en effet de deux leviers
d'action pour assurer sa mission de contrôle : le pouvoir de
révocation des dirigeants et le système de
rémunération.
contrôle (notamment la discipline exercée par les
marchés), conclue à une influence positive et significative du
pourcentage d'administrateurs externes sur la performance des
sociétés managériales et contrôlées.
La taile du conseil d'administration
peut influencer la performance de l'entreprise. Elle se
réfère au nombre d'administrateurs dans le conseil. Pearce et
Zahra (1992) ont mis en évidence une relation positive entre la taille
du conseil et la performance. De même, Dalton et alii. (1998)
confirment cette relation et surtout pour les entreprises de petite taille. Par
contre, Yermack (1996) met en évidence une relation négative
entre la taille du conseil d'administration et la performance. Ce
résultat est confirmé par Eisenberg et alii. (1998), par
Godard (1999) en France et par Dalton et alii. (1998) aux Etats-Unis.
Jensen (1993) soutient l'idée que les conseils d'administration
composés d'un nombre élevé d'administrateurs, plus de sept
ou huit membres, ne fonctionnent pas efficacement et qu'il est facile pour le
dirigeant de les contrôler.
D'après cette divergence de la littérature, nous
pouvons dire que l'impact de la taille du conseil sur sa capacité de
surveillance et sur la performance est ambigu du fait de la divergence des
résultats et des problèmes d'agence (Lipton et Lorsh, 1992).
Parmi les recommandations des rapports viénot, il est
une dont les résultats des études empiriques divergent en
l'occurrence le cumul des fonctions de président du conseil
et de directeur général. Le débat concernant
les effets du cumul de ces deux fonctions sur la performance de l'entreprise
n'est pas tranché. Nlemvo Ndonzuau (2000) corrobore ce point de vue. En
comparant deux groupes d'entreprises, le premier constitué d'entreprises
dont les fonctions de président et de directeur sont assurées par
une même personne et le second constitué d'entreprises où
les fonctions sont séparées, et à partir d'un test de
variance, Nlemvo conclue à une indifférence du niveau de
performance entre les deux groupes.
D'autres caractéristiques du conseil d'administration
tels que l'indépendance des administrateurs,
le nombre de réunions du conseil,
la présence de comités dans le conseil
d'administration, influencent positivement la performance de la
firme.
Une autre façon d'appréhender l'influence du
conseil d'administration sur la performance est de recourir à une
typologie des conseils qui fait intervenir deux dimensions, le
pouvoir du conseil sur les dirigeants et
l'activité du conseil. Pearce et Zahra (1991)
distinguent ainsi quatre types de conseils : formel, contrôleur, dominant
et participatif. Aux Etats-Unis Pearce et Zahra trouvent que les conseils
appartenant aux types dominant et participatif conduisent à une
meilleure performance. Ce n'est pas l'avis de Charreaux et Pitol-Belin (1992)
qui, à partir du taux de rentabilité des capitaux propres comme
indicateur de la performance, concluent qu'un conseil dominant ne conduit pas
à une meilleure performance qu'un conseil du type formel.
Nous nous servirons des variables illustrées dans la revue
de la littérature pour une application au cas des entreprises publiques
camerounaises.
0.5 METHODOLOGIE
Le premier effet potentiel du gouvernement d'entreprise auquel
on s'intéresse est relatif aux incitations (Mayer C., 1996). En effet,
le conseil d'administration dans sa structuration met en place des
systèmes d'incitations et de contraintes dont le but est d'atteindre de
meilleures performances de la part de la technostructure8, au profit
de toutes les parties prenantes au noeud de contrats. C'est donc un
mécanisme participant à la gestion de l'entreprise.
H1/ Le conseil d'administration, à
travers ses attributs (composition, caractéristiques, structure et
processus), développe des systèmes d'incitations et de
contraintes à l'égard de la technostructure et qui ont pour objet
de réduire les coûts d'agence associés associés
à l'opportunisme des dirigeants.
8 Elle désigne l'équipe dirigeante dans
l'entreprise. Elle est constituée généralement de cadres
supérieurs qui prennent les grandes décisions engageant la vie de
l'entreprise.
H2/ Le conseil d'administration, à
travers ses attributs (composition, caractéristiques, structure et
processus), développe des systèmes d'incitations et de
contraintes à l'égard de la technostructure et qui ont une
influence sur la performance de l'entreprise.
~ Illustration des
hypothèses Figure O.1 Illustration
générale du sujet.
ATTRIBUTS DU CONSEIL D'ADMINISTRATION
Processus
- Réunions
- interface PDG- CA
- Consensus
- Evaluation
- Formalité
Composition
- Taille
- Nature des administrateurs
- Représentation
Caractéristiques
- Antécédents des administrateurs
- Personnalité du conseil
Structure
- Comités
- Organisation
- Système d'information
- Leadership
Rôles du conseil
- Incitations
- Contraintes
Gestion de l'entreprise
- Performance
- Coûts d'agence
Source: construction de l'auteur inspiré de celui
de Réal Labelle.
Démarche empirique
Pour arriver à la vérification de nos
propositions de recherche, nous avons retenu au départ 60 entreprises
qui remplissaient les critères d'appartenance au secteur public ou
parapublic. Seulement 34 de ces entreprises (échantillon statistique)
ont pu faire l'objet de traitement.
Les données y relatives proviennent, pour les
indicateurs de performance de l'exploitation des déclarations
statistiques et fiscales (DSF) déposées par ces entreprises
à la Direction Nationale de la Statistique sur une période de
trois ans ; et pour les attributs des conseils d'administration de
l'exploitation de 120 rapports des réunions de cet organe, disponibles
à la Commission Technique de Réhabilitation9 (CTR).
Dans l'un et l'autre cas, la collecte des données s'est effectuée
au moyen de protocole de collecte d'informations figurant en annexe.
Le traitement de ces données s'est fait en deux phases
:
- Les logiciels SPAD et SPSS nous ont permis de faire une
analyse factorielle multiple pour déterminer les variables du conseil
d'administration agissant sur la performance des entreprises publiques
camerounaises.
- Ensuite nous avons opéré deux
régressions à l'aide du logiciel EVIEWS 3.1 à partir de
ces variables pour déterminer l'impact des variables du CA sur la
performance des entreprises.
La démarche ainsi retenue a imposé la
structuration qui suit.
0.6 PLAN
PREMIERE PARTIE
La gestion de l'entreprise publique : fondements
théoriques et expérience camerounaise.
DEUXIEME PARTIE
La nécessité d'ajustement de la gestion
des entreprises publiques camerounaises : les déterminants
associés au conseil d'administration.
9 C'est une division de la mission de réhabilitation des
entreprises publiques.
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