SECTION IV : FRONTIERES ET CONFLITS EN AFRIQUE
Selon HUYGHE F.B., « Pas de guerre sans frontière,
pas de frontière sans guerre»12. À suivre son
étymologie française, «frontière» est un concept
militaire. Apparu en 1213, pour désigner une armée qui
établit sa ligne de front, le mot renvoie à la limitation entre
deux États à partir de 1360. Ce qui voudrait dire que la
frontière est la source majeure des conflits interétatiques dans
le monde entier en général et en Afrique en particulier
étant donné que les frontières africaines ont pratiquement
été toutes tracés par des envahisseurs étrangers
blancs et n'émanent en aucun cas de la volonté des peuples
africains ni de l'évolution sociopolitique des sociétés
africaines.
Les conflits frontaliers ont, pour l'essentiel, trois sources
profondes :
- la lutte pour le contrôle des ressources ;
- la lutte pour le contrôle des espaces
géographiques ;
- la lutte pour la domination idéologique, ethnique et/ou
nationale.
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3.1. La lutte pour les ressources
Au XXème siècle, comme depuis toujours, la lutte
pour les ressources a été la lutte primordiale, essentielle, plus
ou moins camouflée derrière les légitimations
idéologiques alors que l'objectif réel est de contrôler des
ressources en pétrole, diamants, uranium, eau. Le cas du combat contre
le communisme des Etats-Unis d'Amérique, jusqu'à la disparition
de l'union soviétique au début des années 1990, ou encore
le conflit pour le contrôle du fleuve Nil entre l'Egypte et l'Ethiopie
tout récemment. L'eau est devenue l'une des ressources fondamentales du
XXIème siècle, notamment à cause de la
prolifération démographique.
3.2. La lutte pour les espaces géographiques
Cette lutte est nécessaire pour pouvoir contrôler
l'accès aux ressources. C'est les cas pour les principales routes
maritimes tels que : le Détroit d'Ormuz, Détroit de Malacca,
Détroit de Bab-el-Mandab, Détroit de Gibraltar, le canal de Suez,
canal de Panama etc. La lutte entre la RDC et la Zambie à partir du 25
mars 2020, se disputant le village de Kibanwa près de Moliro à
300 Km de Moba-centre, après incursions de l'armée zambienne sur
les terres congolaises et qui s'est soldé par une victoire diplomatique
du gouvernement de Kinshasa, suite au jugement rendu par la SADEC reconnaissant
les territoires disputés comme étant
congolais.
3.3. La lutte pour l'hégémonie
idéologique
Ethnique et/ou nationale Cette lutte peut être
réellement fondée sur le sentiment d'appartenir à la
même communauté d'idées, de peuple, d'une même
nation, donc sur une identité collective, ressentie plus ou moins
passionnément par les membres d'un groupe social comme devant s'imposer
aux autres parce qu'étant la meilleure, parce qu'étant "choisie"
par une divinité quelconque par exemple. C'est notamment le point de vue
des intégristes, fondamentalistes religieux, de toutes les religions,
sans exception.
Mais très souvent la lutte idéologique, ethnique
et/ou nationale, camoufle en réalité des intérêts
tout à fait matériels. C'est par exemple le cas des luttes
interethniques qui servent les intérêts des puissances qui
souhaitent contrôler des territoires stratégiques
étrangers, comme par exemple la lutte qui oppose les anglo-saxons au
francophones en Afrique, notamment entre la Rwanda et la RD Congo ; entre les
Hutus et les Tutsis.
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