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Les ONG et la transformation des conflits dans le territoire d'Uvira.


par Christian KIKA KITUNGANO
Université Officielle de Bukavu, UOB - Licence en sociologie 2016
  

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2. Les fonctions sociales des conflits

Le conflit est une interaction qui manifeste ouvertement un antagonisme dans une relation sociale. Il ne faut pas le confondre avec des sentiments d'hostilité ou avec des antagonismes latents. Il s'agit d'un fait social qui s'explique dans la dynamique d'une interaction et ne peut être ramené à des pulsions ou des tendances hostiles dont l'étude serait déléguée à la psychologie.

Par-là, Lewis Coser84(*) établit les frontières entre les groupes au sein d'une même société, il distingue des systèmes sociaux. Cette idée rejoint Karl Marx et Georges Sorel lorsqu'ils parlent de la lutte des classes ; pour eux, il n'y a des classes que si les individus sont unis pour une lutte contre un groupe extérieur, sans quoi ils sont en compétition les uns avec les autres.

De manière distincte, voici les fonctions de conflit dans le territoire d'Uvira.

a. Le conflit affermit les liens

Dans de nombreuses relations sociales le conflit :

· Accroit parfois la cohésion sociale entre sous-groupe de communauté d'Uvira en conflit avec l'extérieur, au point qu'un groupe en conflit avec l'extérieur peut avoir intérêt à l'apparition d'un ennemi extérieur pour resserrer les liens entre sous-groupes; c'est-à-dire les Bafuliru sont souvent en conflit entre eux, chaque membre défend ses intérêts.

· Etablit au moins une forme des relations entre les adversaires alors que ceux-ci s'ignoraient auparavant. En présence de conflit qui les oppose avec les Bafuliru ou les Bavira, les membres de communauté Banyamulenge ou Barundi s'unissent pour faire face à l'ennemi commun.

· Suppose un certain degré de consensus entre les adversaires, au moins sur le fait qu'ils maintiennent une relation (conflictuelle) qu'il parait y mettre fin. A terme, il est producteur de consensus sur le comportement à adopter dans une telle relation : production du droit et des structures institutionnelles pour le faire appliquer ;

· Conduit ceux qui ont un intérêt commun à s'allier contre l'ennemi qui les menace ; il établit ainsi une relation entre les relations. Cela s'observe lorsque telle communauté accuse une autre, pour être à la base des problèmes.

b. Le conflit assainit les relations

Son irruption décharge une relation sociale, des tensions qui émergent nécessairement entre les participants à la relation et qui s'étaient accumulés. Il préserve ainsi le groupe contre la dissolution qu'entrainerait le retrait de ceux des participants devenus incapables de supporter le degré de frustration engendrée par une relation entre les alliés. La transformation des conflits assaini les relations entre membre. Pendant les conflits les communautés vivaient dans l'isolement ; mais à l'issus de la négociation, les communautés cohabitent ensemble. C'est le cas du RCD en 2002. Les communautés banyamulenge et Barundi se déplaçaient jusqu'à minuit. Les Bavira, Les Bafuliru et les restes des communautés ne pouvaient se promenaient au delà de 18h30 minutes. Ils craignent d'être tuer par les soldats du régime RCD, les militaires proches de la communauté Banyamulenge. Suite à des accords et signature des paix, les relations deviennent calmes.

c. Le conflit équilibre les relations sociales

Les répulsions réciproques maintiennent un système social en équilibrant les sous-groupes les uns par rapport aux autres. Le tissu social se voit renforcer, lorsqu'une société est traversée de par des multiples lignes de front entre les groupes qui la composent, si celles-ci ne sont pas superposées mais qu'elles se neutralisent les unes des autres.

Si la balance du pouvoir est connue (chance d'influencer le comportement d'autrui dans une direction souhaitée), les participants à une relation sociale chargée d'antagonisme n'entrent pas en conflit. Paradoxalement, seul le conflit donne une mesure certaine de cette balance à l'exception du pouvoir financier qui peut être connu certainement hors d'une épreuve conflictuelle.

d. Le conflit crée des nouvelles relations sociales

Le conflit est aussi l'occasion de créer des nouvelles relations. Il a un rôle formateur pour le groupe puisque c'est son apparition qui va permettre la formation du groupe. Au sein du groupe, les individus s'investissent dans la sphère publique et se réfèrent à des valeurs communes qui les unissent en une entité sociale distincte du reste de la société vis-à-vis des autres groupes sociaux, le conflit rend nécessaire l'instauration d'un dialogue avec les adversaires sous différentes formes. De nouvelles relations sociales peuvent ainsi être établies lors d'un conflit.

Pour Simmel85(*), les relations réciproques entre les hommes sont à l'origine de tous les phénomènes sociaux, les conflits sont porteurs de relations sociales et ne sont pas liés à une quelconque pathologie sociale. Le conflit peut être une façon d'apaiser les tensions entre les membres d'un même groupe mais aussi de rétablir des relations plus structurées entre deux groupes. Les relations naissent lorsque les communautés protagonistes du territoire d'Uvira se réunissent autour de la même table pour régler les différends.

A ce stade, il se crée des nouvelles relations. Les membres de ces communautés vont escamoter l'esprit de vivre dans la tension et vont devoir emprunter le chemin de cohabitation pacifique. Pendant la réconciliation par exemple, les communautés en conflit décident de faire marier leurs enfants et/ou de partager le repas, symbole d'alliance.

* 84LEWIS COSER, Les fonctions sociales de conflit, Toronto, Mac Milan, 1956, p.76

* 85 G. SIMMEL cité par M. MONTOUSSE et G. RENOUARD, op.cit., p.38

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