Les ONG et la transformation des conflits dans le territoire d'Uvira.par Christian KIKA KITUNGANO Université Officielle de Bukavu, UOB - Licence en sociologie 2016 |
II. CADRE THEORIQUEToute théorie est un outil des chercheurs, elle appartient à l'ordre symbolique c'est-à-dire dans un langage artificiel, construit pour le besoin de la cause et dans cette mesure, elle comporte des concepts de type sémantique se référant à des concepts des phénomènes syntaxiques dont le rôle de facteurs est d'articuler d'autres concepts52(*). Pour dépasser ce débat académique, nous avons nécessairement soumis la pratique scientifique à une réflexion, qui, à la différence de la philosophie classique de la connaissance, s'applique non pas à la science faite, science vraie dont il faudrait établir les conditions de possibilité et de cohérence ou les titres de légitimité53(*). A ce niveau, il est important d'avoir un mode de raisonnement qui va nous permettre de rendre ce travail intelligible. Pour être plus précis, notre étude s'inscrit dans la perspective théorique de « régulation sociale » de Jean-Daniel Reynaud54(*), cette théorie s'intéresse à la construction d'un ordre social. Elle cherche à reconnaitre l'existence des tensions dans l'espace social et à appréhender les modalités de maîtrise de celles-ci afin de permettre le fonctionnement, l'évolution ou la pérennité des collectifs humains. Reynaud dans sa théorie vise à montrer comment les acteurs d'un système social la régulation sociale créent et le font évoluer en produisant des règles légitimes afin de le faire fonctionner. En appliquant cette théorie à notre travail, elle nous amène à penser que les conflits dans le territoire d'Uvira constitue une menace qui crée des tensions au sein de la population.En effet, il est nécessaire pour les ONG à travers leurs mécanismes d'instaurer les règles sociales au sein de la population en conflit afin que ce dernier ne se déclenche de nouveau. Les ONG sont considérées comme des acteurs régulateurs des conflits en territoire d'Uvira. La population et/ou les parties en conflit sont là pour mettre en application des règles établies issues des assises ou de négociation, dialogue et médiation. Cette théorie de régulation sociale met l'accent sur trois concepts de base à savoir : - Les règles ; - La négociation ; - Et les conflits. 1. Les règlesLa notion des règles du jeu est centrale pour désigner le produit de la rencontre des acteurs, puisque ce que produisent et ce qu'échangent les acteurs ce sont des règles. Comme l'écrit Reynaud, dans sa préface, agir c'est poser des règles car les acteurs affirment une prétention aux règles à leur maintien ou à leur transformation et consubstantielle à l'action. Les mécanismes des ONG pour la transformation des conflits à Uvira aboutissent toujours aux règles qui apparaissent sous diverses formes notamment les accords signés entre parties en conflits, les déclarations entre parties, lettre ou acte d'engagement entre protagonistes et cela à travers la médiation des ONG. La règle est un principe organisateur, elle peut prendre des formes diverses. Selon Emile Durkheim55(*), les règles sont une expression de solidarité en vigueur dans une société, d'où les parties en conflit sont obligées de mettre en pratique les règles afin d'espérer et/ou de cultiver la solidarité au sein de la société. * 52P. BRUYNE, J. HERMAN et M. DE SCHOUTHEETE, Dynamique de la recherche en sciences sociales, Paris, PUF, 1er éd., 1974, p.104 * 53 WWW.interventionéconomique.com , consulté le 14 février 2016. * 54 DE TERSAAC GILBERT. , « Régulation sociale et déficit de régulation » in de Teersaac, Gilbert et et alii., la théorie de régulation sociale de Jean-Daniel Reynaud, la Découverte, 2003, p.15 * 55 E. DURKHEIM, « les règles de la méthode sociologique » in les classiques des sciences sociales, Chicoutini, Québec, 2001, p.46 |
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