Paragraphe 4. Non prise en compte des besoins des
populations locales
L'Etat dans l'exercice de ses attributions en matière
de gestion des forêts semble ne pas impliquer effectivement les
communautés locales et encore moins les peuples autochtones car,
dès le départ, la consultation de ces derniers n'avait pas
été prise en considération pour l'élaboration du
Code de 2002, comme le souligne la plainte des associations de défense
des peuples autochtones à la Banque Mondiale.
Ensuite, pour la création des réserves
naturelles et parcs nationaux et l'attribution de concessions d'exploitation,
la participation des communautés locales n `est pas recherchée
comme il se doit selon les prescrits de la Loi de 2002, pourtant la
consultation préalable est prévue dans la procédure de
création de ces espaces et pourrait diminuer le risque des conflits
entre d'une part, l'administration forestière et les communautés
locales et d'autre part, entre les exploitants forestiers et les
communautés locales.... 269
Il faudrait que l'exploitation intensive, abusive des
ressources qui frisent Les pillages des ressources soient
atténuées en fonction des affectations des espaces qui devrait
définir le droit de propriété, ou d'occupation. Ici les
forêts de communautés locales ne doivent pas être
entrainées en remorque sans issue il faudra faire aboutir la question
des textes sur ces forêts. L'accès à ces ressources
forestières et à la participation de ces populations locales et
autochtones à la gestion durable d la forêt. Doit être pris
en compte.
Les forêts congolaises illustrent le paradoxe entre
abondance des ressources et la pauvreté des populations. Des
décennies d'exploitation industrielle ne contribuant pas aucunement au
développement local des promesses non honorées à
répétition, des intimidations, des arrestations
269 CAMV, Le Forestier 09, Op.cit., p.26.
[256 ]
et des mauvais traitements réservés aux membres
de la communauté locale qui osent dénoncer au non-respect des
engagements et les infractions au Code forestier.270
En résumé, les menaces peuvent être directes
ou indirectes :
? Menaces directes
Parmi celles-ci, nous pouvons citer :
Le braconnage et le commerce de viande de brousse ;
L'agriculture ;
L'exploitation du bois ;
La chasse et la pêche (en RDC, on estime qu'environ 75% des
protéines animales
proviendrait de la chasse, régulièrement
pratiquée autour des villages et le long des voies
de communication) ;
L'exploitation minière (celle-ci, lorsqu'elle est
pratiquée à ciel ouvert sur de grandes
superficies, est préjudiciable au maintien de la
biodiversité) ;
La pratique de feu de brousse (celle-ci est la pire de
déforestation que connaissent les forêts
de la RDC, le feu est l'outil privilégié des
agriculteurs traditionnels pour l'instauration de
leurs champs après défrichement de la fort par
l'éleveur, celle-ci facilite l'apparition de
jeunes repousses de gammes vivaces, très
appréciées par le bétail. La forêt craint surtout
le feu et les insectes ravageurs tels la chenille...)
L'exploitation du pétrole et du gaz ;
Les maladies ;
Les conflits armés et la pollution.
? Menaces indirectes
Il y a, entre autres :
Les changements climatiques ; L'urbanisation ;
Les conflits armés et déplacements des populations
;
La croissance démographique ;
Les bonnes intentions du Gouvernement congolais se limitent
pour la plupart au niveau des textes. Elles ne se font pas suivre par une
réalisation effective au niveau du terrain. Il en est
[257 ]
Le défaut de bonne gouvernance ;
L'absence de capacité institutionnelle ;
L'insuffisance des financements à long terme ;
Le manque de compréhension des problèmes
d'échelle ;
Le manque de capacité des ONG et organisations
communautaires locales de suivi et
d'évaluation des activités entreprises sur les
forêts.
Bref, l'industrialisation de bois, la pratique de feu de
brousse et parmi tant d'autres qui sont les causes de déforestation.
Notons que, selon les chiffres fournis par la FAO en 2010, en moyenne 104
Millions d'hectares des forêts ont été annuellement
ravagés par des incendies, des insectes, des maladies, des
sécheresses voire des inondations.
La moitié de la surface totale des massifs forestiers
tropicaux d'Afrique se trouve en République démocratique du
Congo. La biodiversité exceptionnelle des forêts congolaises, qui
abritent de nombreuses espèces endémiques telles que le bonobo,
le gorille des montagnes et l'okapi, a motivé l'inscription de cinq
aires protégées de l'Etat partie sur la liste du patrimoine
mondial entre 1979 et 1996. Confrontés à des menaces qui
pourraient avoir des effets nuisibles sur leurs valeurs de patrimoine mondial,
ces cinq sites ont été inscrits sur la liste du patrimoine
mondial en péril entre 1994 et 1999.
En 2000, le Centre du patrimoine mondial de l'UNESCO initie le
programme « Conservation de la biodiversité en zones de conflit
armé : préserver les sites du patrimoine mondial en
République démocratique du Congo », afin de
préserver l'intégrité des cinq sites congolais dans un
pays en situation de conflit prolongé. L'objectif du programme est
d'éviter la perte de la valeur universelle exceptionnelle des sites et
de réunir les conditions favorables à leur retrait de la Liste du
patrimoine mondial en péril.
Le programme est mis en oeuvre avec l'Institut Congolais pour
la Conservation de la Nature « ICCN », organisme chargé de la
gestion des aires protégées, sous la tutelle du ministère
de l'Environnement, de la Conservation de la Nature et du Tourisme, et le
concours actif des ONG de conservation partenaires de l'ICCN. Face à
cette situation, le cadre juridique international relatif aux forêts est
loin de donner des signaux de convergence, dans la mesure où il
ressemble encore à « une terre de contrastes ».
[258 ]
ainsi de la mise en place effective du Conseil consultatif
national ainsi que ceux provinciaux pouvant permettre aux autochtones
pygmées de participer à la gestion des forêts congolaises,
de même la mise en place du cadastre forestier qui se fait toujours
attendre. La politique forestière nationale sur la base de laquelle tout
le régime forestier du pays devait être basé n'a toujours
pas été élaborée. Toutes ces défaillances
font penser que seule la volonté gouvernementale manque pour La mise en
place et le démarrage sans encombre du processus de réforme en RD
Congo271.
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