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La république démocratique du Congo et le défi planétaire du réchauffement climatique. Responsabilités et opportunités conventionnelles internationales.


par Matthieu MUKENGERE NTAKALALWA
Université de Kinshasa - Diplôme d’Etudes Supérieures en Relations Internationales 2018
  

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Paragraphe 3. Exploitation des forêts sans programme de régénération naturelle ou de
reboisement (exploitation irrationnelle)

Au regard de l'article 52 du Code forestier, tout déboisement doit être compensé par un reboisement. Dans l'objectif d'enrichir le compte du trésor public, de lutter contre la pauvreté des communautés locales à travers l'exploitation durable des ses forêts, l'Etat, responsable de la reforme forestière, soustrait l'obligation faite qui, a la responsabilité de la gestion, de la conservation, de la surveillance et de la police des forêts a soustrait cette obligation aux exploitants forestiers de reboiser d'eux-mêmes ; il a, à cet effet, fixé des taxes entre autres de « reboisement» que les exploitants forestiers doivent payer. C'est ce qui ressort des articles 121 et 122 du Code forestier en leurs alinéas.

Mais, dans la réalité, l'Etat ne reboise pas pendant que les exploitants forestiers, eux s'acquittent de leurs obligations. Pouvons-nous croire que cet argent est toujours conservé dans la caisse de l'Etat ou c'est le contraire ? Et, dans cette dernière hypothèse, où va alors cet argent ? En lisant les dispositions du Code forestier du début jusqu`à la fin, on trouve que l'Etat est le premier acteur intervenant dans la gestion des forêts et des ressources forestières en RD Congo ; il est donc le garant d'une bonne réforme dans le secteur forestier dans le but d'aboutir à une gestion durable des forêts au profit de toute sa population, en particulier et de toute l'humanité, en général.

Ainsi, avec la reforme forestière introduite en 2002, 1'Etat étant le premier responsable de la gestion des forêts, il lui appartient donc de remplir efficacement son rôle tout en impliquant tous les acteurs dans la détermination d'atteindre l'objectif assigné par le nouveau Code forestier dans le cadre de la réforme forestière en RD Congo. Malheureusement, sur le terrain, la réalité est toute autre ; soit 1'Etat accomplit ses tâches sans consulter les autres parties soit il ne les accomplit pas tout simplement et cela au détriment de sa population surtout celle qui dépend directement de la forêt dont les peuples autochtones.

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et des ressources qu'elles renferment. Les communautés locales sont l'un des acteurs qui doivent être indispensablement impliquées dans cette gestion étant donné qu'ils dépendent quasi totalement des forêts et de par leurs connaissances mêmes, elles ont su les conserver sans porter atteinte à l'environnement entendu dans son sens le plus large.

Les exploitants forestiers ont droit d'accès à la ressource forestière avec comme obligation la gestion durable de ces ressources et de contribuer au développement socio-économique du pays et des communautés locales. Cependant dans la pratique, ces exploitants exercent leurs droits sans tenir compte des obligations auxquelles ils sont assujettis.

Tout étant mal parti avec l'absence d'une bonne négociation du cahier des charges entre les exploitants et les populations riveraines, celles -ci se trouvent dépourvues des moyens de subsistance et, par conséquent, condamnées à demeurer dans la pauvreté. Ainsi, au lieu de participer au processus de réforme proprement dit, les communautés locales se trouvent exclues de la scène.

Un appel vibrant est alors lancé au Gouvernement de la RD Congo de pouvoir organiser des ateliers de formation à l`intention des communautés locales sur la manière de négocier le cahier des charges. Ainsi, au lieu de jouer leur rôle en tant qu'acteur dans la gestion des forêts, cette dernière semble n'être pas atteinte suite à une déforestation accrue due à l'exploitation industrielle.267

Le principe de participation est à l'origine de la responsabilisation des populations locales à la gestion viable à long terme de leur environnement. L'idée générale d'associer les populations vient de la prise de conscience de leurs méthodes et de leurs connaissances concernant l'environnement. Celles-ci leur permettent effectivement de tirer profit du milieu, en maintenant, en principe, sa capacité de régénération et en préservant la biodiversité. A cette fin, les acteurs locaux doivent être associés aux processus de décision et bénéficier d'une sécurisation foncière environnementale, c'est-à-dire des droits sur la terre et vis-à-vis de l'exploitation des ressources naturelles renouvelables et de la conservation des écosystèmes.

Dès 1977, la Conférence des Nations Unies sur la désertification recommande expressément cette participation locale comme « partie intégrante des mesures de prévention et

267CAMV, Le Forestier 08, Op.cit., p .33 ; Articles 32 al 2 et 28 ; Déclaration des Nations Unies mies sur les droits des peuples autochtones in CAMV, Le Forestier 09, Les communauté et l'exploitation des ressources naturelles en RD Congo : cas de forêts, de mines et de terres, Bukavu, 2011, p.7 ;

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de lutte contre la désertification ». La Stratégie mondiale de la conservation de 1980 considère avec force que le soutien à la Conservation doit être assuré par la participation des populations rurales268.

Les communautés locales et peuples autochtones dont question sont ceux ayant vécu depuis des milliers d'années en relation étroite avec leurs terres et avec la nature, en général. Le Code forestier définit ces communautés locales comme étant une population traditionnellement organisée sur la base de la coutume et unie par des liens de solidarité clanique ou parentale qui fondent sa cohésion interne.

Elle est caractérisée, en outre, par son attachement à un terroir déterminé. Les plantes et les animaux qui habitent leur territoire sont leur source de nourriture, de médicament et de toute leur subsistance. Leurs ressources ne leur sont pas seulement utiles, mais sont sacrés à leurs yeux. Plusieurs d'entre eux maintiennent un mode de vie où ils produisent et récoltent ce qu'il faut mais aussi où ils veillent à ce que les ressources naturelles soient toujours disponibles pour les générations à venir. C'est ce qu'on appelle « utilisation durable des ressources ».

C'est en raison de cette relation étroite et de ce lien de dépendance avec l'environnement naturel que l'impact des changements climatiques est plus grave pour les communautés locales et autochtones que pour d'autres peuples. Par exemple, une augmentation de la température mondiale d'un degré Celsius occasionnera des changements dans la croissance des plantes dans la forêt et dans la reproduction des poissons dans la mer. Avec une augmentation de deux degrés Celsius, plusieurs plantes et animaux disparaîtront et seront remplacés par d'autres.

De plus en plus de gens seront touchés par des inondations, des sécheresses, l'augmentation des maladies, des phénomènes météorologiques extrêmes et l'extinction des espèces. Les peuples autochtones qui vivent selon un mode de vie traditionnel n'utilisent pas beaucoup d'intrants de l'extérieur sous forme de machines, de combustibles, de fertilisants et d'autres produits industriels.

Les modes de vie de communautés locales et peuples autochtones émettent très peu de carbone ou autres GES dans l'atmosphère. Ils prennent soins de leur environnement et font une utilisation durable des ressources. Ils améliorent, de par leurs connaissances traditionnelles, le

268CAMV, Le Forestier 09, Idem, p.26.

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piégeage (séquestration) du carbone dans le monde naturel. En termes scientifiques, leurs modes de vie ont, dans bien de cas, « un bilan carbone neutre ».

Ce qui signifie que tout le carbone qu'ils émettent est à nouveau absorbé par la végétation dont ils prennent soin grâce à leurs pratiques de gestion des ressources. Grâce à l'utilisation durable qu'ils font des ressources, les peuples autochtones avaient préservé la biodiversité de leurs terres. Cependant, bien que les peuples autochtones aient contribué le moins aux changements climatiques, c'est sur leurs terres et territoires que les impacts des changements se font le plus sentir.

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