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La république démocratique du Congo et le défi planétaire du réchauffement climatique. Responsabilités et opportunités conventionnelles internationales.


par Matthieu MUKENGERE NTAKALALWA
Université de Kinshasa - Diplôme d’Etudes Supérieures en Relations Internationales 2018
  

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4. Méthodologie

Nous avons fait usage de la méthode géopolitique appuyée par les approches d'analyse SWOT, systémique et juridique, et une triangulation des techniques.

En ce qui concerne le niveau d'analyse, cette étude se situe au troisième niveau, selon le schéma classique de Jean Barrea, à savoir le système, comme nous le verrons un peu plus loin au point 4.3.

4.1. Méthode géopolitique

Le professeur Tanguy de Wilde d'Estmael signale que, avec la parution de son ouvrage The Grand Chessboard : American Primacy and Its Geostrategic Imperatives20, Zbigniew Brzezinski se présente comme le dernier grand géopoliticien du siècle. L'ensemble de ce travail de « refondation » va, non seulement contribuer à renforcer le statut de la géopolitique comme discipline scientifique, qui s'inscrit dans le champ des sciences humaines, mais à en faire une méthode efficace et opérationnelle d'analyse de la conflictualité.

Aujourd'hui, même s'il est admis que la géopolitique est une science et un savoir, son intérêt réside dans le fait qu'elle est une méthode d'analyse, c'est-à-dire une « technique d'investigation et de lecture des faits ».

Le travail de refondation de la géopolitique a permis à nombre d'auteurs, européens notamment, de proposer plusieurs grilles d'analyse. On se limitera à la présentation des perspectives, méthodes et techniques d'analyse de quelques auteurs qu'on peut regrouper autour de l'école française de géopolitique.

20 Brzezinski, Z., The Grand Chessboard: American Primacy and Its geostrategic Imperatives, BasicBooks, traductionfrançaise, , Fayard, Paris, 1997, cité par Maoundonodji, G., Les enjeux géopolitiques et géostratégiques de l'exploitation du pétrole au Tchad, Université catholique de Louvain, Faculté des Sciences Economiques, Sociales et Politiques Département des Sciences Politiques et Sociales, Thèse de Doctorat en sciences politiques, Janvier 2009, pp. 23-26, accessible sur http://hdl.handle.net/2078.1/21403 consulté Mercredi, le 17 Mai 2017 à 15h°°.

21 Ces acteurs ici étant les Etats, les OI, les ONG luttant pour la préservation et la protection de l'écosystème les dispositifs mis en oeuvre : moyens financiers et matériels pour cette fin.

[ 13 ]

D'après Yves Lacoste, l'un des pionniers du renouveau de la nouvelle géopolitique, au niveau européen en tout cas, le concept de conflictualité est l'essence de la géopolitique et son horizon indépassable. Car, pense-t-il, là où il y a conflit, il y a matière à l'analyse géopolitique. Inversement, là où il y a réflexion géopolitique, il y a conflit.

- S'inscrivant dans le sillage d'Yve Lacoste, Aymeric Chauprade et François Thual considèrent que la mission première de la géopolitique consiste à mettre en lumière les origines parfois lointaines des conflits et les motivations des protagonistes. Pour ces deux auteurs, à l'origine des conflits il y a trois filières essentielles d'explication, trois chaînes causales, non nécessairement dissociables, et qui sont susceptibles d'orienter les recherches.

- La première filière, quels que soient l'époque et le lieu, tient à la lutte pour les ressources : matières premières minières, agricoles ou industrielles. In speci, les Etats-pollueurs cherchent toujours comment convaincre les PVD, détenteurs des forêts, pour la préservation de ces dernières.

- La deuxième chaîne causale en matière de conflictualité concerne l'acquisition de données géostratégiques. Un Etat cherchera ainsi à contrôler un espace géographique donné soit pour se protéger, soit pour augmenter sa puissance, soit encore pour empêcher un autre Etat de s'emparer de cet espace géographique doté des ressources.

- La troisième source de conflictualité, qui sert souvent de légitimité aux deux autres, tient aux conflits menés au nom d'une identité collective.

Concrètement, si un Etat-pollueur se sent déjà menacé par les effets néfastes du réchauffement climatique, il avancera toujours l'argument de réchauffement mondial, aux fins de convaincre les PVD.

D'après ces deux auteurs, tout conflit doit donc être analysé à l'aide de ces diverses chaînes causales. Pour François Thual, la méthode géopolitique consiste à démystifier les apparences pour accéder à la réalité. Elle permet de transcender, d'aller au-delà des discours officiels, pour identifier les intentions réelles, même si celles-ci sont ensevelies au plus profond des attitudes des Etats (Acteurs)21. Pourtant, avertit cet auteur, comme méthode des logiques d'affrontement, la géopolitique ne saurait être un secteur de la prospective. Simple avertissement lié au principe de

[ 14 ]

précaution qu'exige toute démarche de type scientifique, ou réminiscence d'un lourd passé géopolitique caractérisé par les travers idéologiques de la géopolitique ?

A. Démarche d'analyse géopolitique

Si l'on admet le fait que la géopolitique est une méthode d'analyse, alors pour être opératoire elle doit comporter un certain nombre d'étapes à franchir. François Thual22propose une grille de lecture articulée dans un protocole de questions. Ainsi, pour cet auteur, chaque fois qu'il y a négociation, crise, tension, conflit, guerre (puissances qui se font et se défont), il faut se poser les questions suivantes : Qui veut quoi ? Pourquoi ? Comment ?

? Essai de contextualisation

- Qui veut lutter contre le réchauffement climatique ? Tous les Etats-membres de la CCNUCC, par exemple.

- Pourquoi mettre fin au réchauffement climatique ? Parce que comportant des effets néfastes à l'Homme, à l'animal et à la plante ; bref, à l'être vivant.

- Comment mettre fin au réchauffement climatique ? En réduisant l'émission du GES, en préservant et en protégeant l'environnement, en créant une OI et en se réunissant régulièrement pour y réfléchir.

A partir de ce protocole, est-il donc possible de décrire, comprendre et expliquer les heurts d'intérêts qui ont jalonné tout le processus de de contribution de la RDC dans l'atténuation du réchauffement climatique et d'appréhender les enjeux géopolitiques et géostratégiques qui y sont liés.

La grille de lecture proposée par François Thual est systématisée par le Professeur Tanguy de Wilde d'Estmael dans ce qu'il appelle « Les trois temps de la géopolitique comme méthode ».

22Thual, F. Méthodes de la géopolitique. Apprendre à déchiffrer l'actualité, Paris, Ellipses, 1996 in Maoundonodji, G., Les enjeux géopolitiques et géostratégiques de l'exploitation du pétrole au Tchad, Université catholique de Louvain, Faculté des Sciences Economiques, Sociales et Politiques Département des Sciences Politiques et Sociales, Thèse de Doctorat en sciences politiques, Janvier 2009, pp. 23-26, accessible sur http://hdl.handle.net/2078.1/21403 consulté Mercredi, le 17 Mai 2017 à 15h°°.

[ 15 ]

1. Analyse des intentions des acteurs de la scène internationale

Réaliser les ambitions

Contrer les menaces

2.

Mise en perspective dans la durée des intentions et comportements

Voir continuité ou non des intentions et comportements

3.Saisie de l'inscription territoriale des intentions et

comportements

Trame des causes et objectifs

Syntaxe conjuguant Héritage de l'histoire et Fatalités de la géographie

Fig. 1. Les trois temps de la géopolitique comme méthode (Prof. Tanguy de Wilde D'Estmal)

[ 16 ]

Cette systématisation a le mérite de clarifier les étapes. Cependant, pense Gilbert Maoundonoji23, si l'on scrute l'horizon méthodologique de la géopolitique en nous inscrivant dans la même foulée de François Thual, on s'aperçoit que la systématisation faite par le Professeur Tanguy de Wilde peut être améliorée par le rajout de quelques étapes essentielles, dont celles de l'identification des acteurs et l'examen des dispositifs mis en oeuvre par ceux-ci pour réaliser leurs ambitions ou objectifs géopolitiques. Cela peut se traduire par un schéma comportant cinq étapes hiérarchisées de la manière suivante :

23Maoundonoji, G., Op.cit in http://hdl.handle.net/2078.1/21403, consulté Mercredi, le 17 Mai 2017 à 15h°°.

[ 17 ]

1. Identification des acteurs de la conflictualité

Principaux protagonistes

Acteurs secondaires

2. Décryptage des intentions et analyse des motivations des acteurs

Ambitions

Menaces

Fig. 2. Les cinq étapes de la démarche d'analyse géopolitique (Gilbert Maoundonodji)

3. Mise en perspective dans la durée des intentions et comportements

Voir continuité ou non des intention et comportements

4.. Saisie de l'inscription territoriale des intentions et comportements

4.. Examen des moyens mis en oeuvre par les acteurs pour réaliser leurs ambitions ou contrer les menaces

Moyens diplomatiques (alliances, contre alliances)

Trame des causes et objectifs

Syntaxe conjuguant
héritage

de l'histoire et fatalités de la géographie

Moyens militaires (terrestre, aérien, maritime, spatial)

Moyens spéciaux (espionnage, subversion, terrorisme)

[ 18 ]

Braillard s'est attaché à décrire et commenter les quatre axes de sa taxinomie systémique des relations internationales l'un après l'autre.

1) Les éléments des systèmes internationaux constituent, pour Braillard, le premier axe taxinomique. Pour lui, les éléments des systèmes internationaux sont soit des entités sociales (groupes sociaux) soit, dans certains cas, directement des individus. Il a plus précisément distingué parmi les entités sociales : les États, les entités subnationales, les entités transnationales, certaines organisations. On comprend aisément que le terme « éléments » tel qu'employé ici est synonyme d'« acteurs ». Dans le contexte strict des Relations internationales, considéré sous l'angle d'un système social, une telle synonymie est compréhensible. Cependant, il faudra garder en mémoire, à juste titre

d'ailleurs puisque c'est Braillard lui-même qui l'écrit, que « les éléments - ou parties,
unités, entités, objets - d'un système peuvent être de nature très différente en fonction du type de système considéré. Ils (éléments) peuvent être par exemple des entités concrètes, des concepts ou même des variables
». Par ailleurs, sur l'axe taxinomique des éléments, Braillard indique qu'il faut également tenir compte d'autres catégories de variables dont les attributs ou caractéristiques des divers éléments des systèmes internationaux. Il distingue ainsi les trois catégories suivantes d'attributs des systèmes internationaux : les caractéristiques physiques, structurelles et culturelles ;

2) Le deuxième axe taxinomique de Braillard est celui des relations et des interactions entre les éléments des systèmes internationaux, ces relations et interactions étant, avec les éléments, les unités constitutives des systèmes internationaux. Sur la base de la distinction entre relation - ou interdépendance qui peut exister entre les éléments des systèmes - et interaction - consécutive à la relation ; cet auteur a établi deux cadres de catégories : celui des relations, tout d'abord, ces dernières étant distinguées selon leur type, chaque type pouvant constituer une catégorie de variables ; celui des interactions, ensuite, dans lequel ces dernières sont distinguées selon leur nature économique, politique, culturelle, etc. ; d'où une autre série de catégories de variables . En outre, puisqu'il n'y a pas d'interaction sociale sans communication, « les diverses interactions entre les éléments des systèmes internationaux impliquent un certain nombre de communications entre ces éléments, et l'existence d'un réseau de communication».

Enfin, dans l'étude des interactions et dans le choix des variables à considérer, il ne faut pas oublier la référence humaine et donc aussi la dimension psychologique de toute interaction internationale. Si donc l'individu est l'unité ultime de tout système social, alors la prise en

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considération des variables perceptuelles revêt toute son importance. « Ces variables qui ont en grande partie leur source au niveau des attributs structurels et culturels des acteurs, peuvent sans aucun doute être souvent plus déterminantes, pour le cours des interactions, que les variables ayant trait à la dimension purement matérielle de telles interactions » ;

3) La structure des systèmes internationaux constitue le troisième axe taxinomique. Par structure, écrit Braillard, « nous entendons la configuration que manifestent à un moment donné les éléments d'un système à travers leurs relations et interactions. On peut dire aussi que la structure traduit l'organisation d'un système ». Parmi les catégories de variables situées sur cet axe, il y a la hiérarchie des acteurs, établie sur la seule base des capacités potentielles de chaque acteur avec un intérêt pour les variables perceptuelles, l'homogénéité du système, c'est-à-dire soit le degré de similitude ou de différence entre les régimes des divers États constituant un système international, soit le degré de disparité économique, technologie ou culturelle existant entre les divers acteurs internationaux ;

4) L'environnement des systèmes internationaux constitue le quatrième axe taxinomique. Dans la mesure où on considère un type de système, on procède à un découpage entre ce système et le reste de la réalité. Dès lors, on distingue, en quelque sorte, ce système de son milieu, ou de son contexte, ou encore de son environnement. Sur cet axe, trois catégories sont distinguées, à savoir une catégorie des éléments de l'environnement, une catégorie des caractéristiques ou attributs de ces éléments et une catégorie des variables structurelles ;

5) Le dernier axe de la taxinomie systémique de Braillard est celui des relations et interactions entre les systèmes internationaux et leur environnement. « Dans le cadre de l'élaboration d'un modèle de relation et d'interaction entre un système international et son environnement, il faudrait alors considérer les relations et interactions de ce système avec les diverses parties constitutives de l'environnement, pour autant que cet environnement comporte plusieurs parties, par exemple plusieurs sous-systèmes internationaux ».

? Essai de d'application

1) Il s'agit, ici, des Etats, OI (comme ONU, PNUE, CNUCC), ONG et autres Associations vertes, et même des individus (la kenyane Professeur Wangari Maathai) qui luttent contre le réchauffement climatique ;

2) Relation entre les Etats (surtout) et entre ceux-ci et les OI, ainsi qu'avec d'autres acteurs sus-évoqués, pour lutter contre le réchauffement climatique ;

[20 ]

3) La structure, les différences entre Etats censés lutter contre le réchauffement climatique : les uns ont des forêts et les autres non ; les uns polluent l'environnement et les autres non ; les uns riches et les autres pauvres ;

4) Le système serait constitué de tous les Etats voués à l'éradication du changement climatique. Son environnement, de ceux ne se souciant pas de cette ambition, s'il y en a (industrie nucléaire japonaise, par exemple, voir géopolitique des forêts).

5) Cet axe aurait un sens dans la mesure où il y aurait d'Etats ou autres acteurs qui s'opposeraient à l'éradication du réchauffement climatique.

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"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire