2. Problématique
Toute problématique découle d'une observation
quelconque d'un fait, d'une situation et d'une opinion publique quelconque.
Dans le cadre de cette étude, nous partons de
l'observation selon laquelle le monde moderne subit un grave
déséquilibre par suite de l'action de l'Homme qui tend, non
seulement à éradiquer la vie sauvage, mais aussi à
détruire l'harmonie du cadre où il est appelé à
vivre. Les ressources renouvelables sont compromises, fait
particulièrement grave au moment où les populations humaines
augmentent avec une vitesse croissante et où les besoins sont chaque
jour plus importants.
Certaines de nos activités semblent porter en
elles-mêmes les germes de destruction de notre espèce. Beaucoup
d'animaux et de végétaux sauvages sont en voie de disparition ou
de raréfaction avancée à travers le monde, et leur liste
est, chaque jour, plus longue. Les ravages dus à une chasse
inconsidérée et à un véritable vandalisme et
surtout à la destruction des habitats en sont responsables.
Simultanément, l'Homme dégrade les terres par une mauvaise
gestion des sols, répand des pesticides d'une manière
incontrôlée et empoisonne la planète à l'aide des
déchets de la civilisation technique, déversés d'une
manière abusive dans l'atmosphère et dans les eaux. Les
ressources marines sont pillées par une surexploitation manifeste sur
une partie des océans.
Protéger et/ou conserver l'environnement est l'une des
conditions essentielles d'une vie meilleure pour les peuples. Qu'il s'agisse
des changements climatiques, des inondations énergétiques et de
la salubrité de l'air, de la gestion des forêts, de l'eau douce et
des déchets, la question de l'environnement touche tous les domaines de
notre vie. Le monde connaît des mutations écologiques profondes et
rapides dans une large mesure à cause des activités de l'Homme
dans des domaines aussi variés que l'énergie, l'industrie, la
santé, etc. Ces activités ont des impacts négatifs sur
l'environnement et même l'hygiène des populations locales. C'est
compte-tenu de l'ampleur des impacts négatifs des activités
anthropiques sur l'environnement que l'Homme apparaît de plus en plus
comme l'ennemi de la nature et pourtant sa survie dépend
(sic).9
9 Roisin, P., La forêt des loisirs,
Gembloux, Presses agronomiques de Gembloux, 1975, p.64 cité par Aksanti
Ciribuka, D., Gouvernance environnementale en RDC. Acteurs, Pratiques et
Trajectoires, Ed. Universitaires Européennes, Deutschland, 2016,
pp. 21-22.
[ 7 ]
La régulation ou la lutte contre le
réchauffement climatique est l'une des préoccupations importantes
auxquelles s'intéressent actuellement les Etats et exige une
nécessaire contribution (intervention) dont la préservation de
l'environnement. En effet, les contraintes météorologiques ont,
de tout temps, façonné les activités humaines :
agriculture, élevage, pêche, ressources en eau, .... Les
conséquences de la sécheresse ou de la désertification
sont connues. Les aléas du climat constituent également une
donnée de base pour le stratège : état de la mer, chaleur
extrême (« Guerre du Golfe », Guerre d'Irak), froid intense
(coupure de la route de fer en Scandinavie durant la guerre, ports
soviétiques gelés en hivers dans le Grand Nord, rôle de
l'Arctique dans les rapports Est-Ouest par les bombardiers et sous-marins
nucléaires, combats au Cachemire la Chine et l'Inde en 1962, ...). En
cas d'apocalypse entre les deux supergrands, des experts avaient même
redouté l'instauration d'un « hiver nucléaire ».
C'est essentiellement la prise en compte dans les
années 80 du réchauffement inexorable de la planète qui
avait sensibilisé les opinions publiques mondiales, elles-mêmes
déjà travaillées par l'essor des idées
écologiques, par l'émergence de la notion de développement
durable, par le renforcement des phénomènes intrigants (le
courant el Nino dans la Pacifique). Il faudra attendre 1997 pour que le
Protocole de Kyoto (« l'Accord pourri », Bush fils) soit
adopté, fixant un calendrier et des méthodes de limitation de gaz
à effet de serre (achat de droit supplémentaires
d'émission de gaz à effet de serre, moyennant un financement des
projets d'énergie dite propre dans des pays vendeurs peu
émetteurs de gaz).
Néanmoins, les deux plus, grands pollueurs mondiaux ne
respectent pas Kyoto. Les USA (signature, mais refus de ratification, laquelle
officiellement « laminerait leur économie »),
représentent quelque 4,5% de la population mondiale mais, à eux
seuls, 24% du pétrole consommé dans le monde et près de
40% de toutes les énergies. La Chine qui accuse les pays riches de
vouloir l'entraver dans sa récente industrialisation, processus
qu'eux-mêmes avaient accompli au XXème siècle en
polluant à tout va (Pékin est devenu en 2007 le premier pollueur
de la planète).
(...) La répartition des sacrifices semble illusoire ;
les pays riches refusent de creuser leur chômage ; les pays
émergents, de léser leur essor économique ; les pays en
développement, d'aggraver leur pauvreté. Il est vraisemblable
qu'une bataille des normes se déclenche, en fonction des ressources
naturelles de chacun, de revenu du pays, des activités polluantes, du
[ 8 ]
processus historique d'industrialisation, des moyens
financiers disponibles, le diable se cachant alors dans le détail et
l'équité n'y trouvant pas son compte10.
Toutes ces préoccupations environnementales n'ont
jamais été totalement étrangères à la
République Démocratique du Congo, qui est non seulement
signataire de plusieurs Traités et Accords internationaux garantissant
la protection de l'environnement, mais dispose même des textes
légaux internes qui ne font l'objet jusque-là d'aucune
application concrète.
En effet, la RDC est comptée parmi les 16 pays du
monde, qualifiés de méga biodiversité (taux
élevé d'endémisme). Cette situation est liée aussi
bien par l'immensité de son territoire (234.500.000 d'hectares) que par
la variété des conditions physiques et climatiques influant sur
la richesse biologique. Sa biodiversité, importante, est
représentée par un complexe végétal imposant et de
faciès varié, allant de type forestier dense jusqu'aux savanes
plus ou moins boisées et forêts claires ; habitats d'une faune
également diversifiée, constituées des espèces
endémiques, rares ou uniques au monde. Le plan d'eau intérieur
occupe 3, 5% de l'étendue du territoire national et son potentiel
représente plus de 50% d'eau douce du continent11.
La République Démocratique du Congo par sa
démographie, son climat, son état moins avancé par rapport
au progrès constaté sous d'autres cieux, bref la situation socio-
politico économique généralement médiocre, se
retrouve sans doute interpellé par la question environnementale. Ce pays
dispose d'un vaste potentiel forestier, espoir pour l'humanité toute
entière, qui suscite des enjeux dès lors que la communauté
internationale y braque ses yeux. Ce potentiel forestier suscite des enjeux
énormes de convoitise, d'autant plus que les composants de
l'environnement sont tous pollués. Soulignons tout au début que
la RDC n'a jamais été prise comme pollueur, elle l'est par le
canal des investisseurs étrangers lesquels obtiennent l'autorisation par
le Gouvernement de cette république, son émission de GES
n'étant que de 0,06%.
En plus du potentiel forestier, la RDC joue un rôle
capital dans la lutte contre le réchauffement climatique par sa position
stratégique qu'elle occupe ; en effet, elle abrite un réseau
hydrographique important avec 50% de l'eau douce du continent dont le fleuve
Congo, une partie de la source du fleuve Nil à partir du lac Edouard et
d'importants lacs.
10 Ndabereye Nzita M'Mugambi, P.,
Cours de Grands Problèmes Politiques Internationaux
Contemporains, L2 RI, UOB, 2013-2014, pp.85-86, Inédit.
11 PNUD-Ministère de l'environnement de la
RD Congo, Autoévaluation Nationale des Besoins en Renforcement de
capacités pour la gestion de l'Environnement en République
démocratique du Congo, Rapport final, Kinshasa, Mars 2009, p.11
cité par Aksanti Ciribuka, D., Op.cit., pp. 21-22.
[ 9 ]
A cause de ce rôle dans la protection de
l'écosystème mondial, la RDC a besoin d'argent ou une
contrepartie financière afin de protéger sa biodiversité
face au phénomène du réchauffement climatique, et c'est
d'ailleurs la RDC qui a déclenché l'Accord de Nagoya et qui
pilote les négociations pour le changement climatique de l'Afrique,
avait souligné José Endundo.
Cependant, les écosystèmes naturels en RDC ne
sont pas seulement pourvoyeuses de la matière première et
habitats pour la faune sauvage. De par leurs rôle et fonctions
variés, ils subissent des sollicitations diverses de la part de l'Homme,
dont certaines conduisent à des modifications et des dégradations
irréversibles. En effet, plus de 70% de la population nationale y
recourent directement pour leur subsistance et pour la satisfaction de leurs
besoins élémentaires de survie. Ils deviennent ainsi des lieux
où se côtoient différentes personnes, aux
intérêts souvent divergents, qu'il importe de concilier.
Le degré de dépendance de la population
vis-à-vis des ressources naturelles reste principalement lié au
niveau de la pauvreté qui touche plus de 80% de la population, ce qui
représente une menace, notamment par la pratique extensive d'agriculture
itinérante sur brûlis en zones forestières, la
récolte de bois de feu aux alentours de principaux centres de
peuplement, l'exploitation minière artisanale et industrielle,
l'exploitation pétrolière, l'exploitation de bois d'oeuvre, la
récolte des produits autres que le bois, la chasse commerciale, les
pratiques non durables de pêche ; l'introduction
incontrôlées des espèces exotiques dont certaines
deviennent envahissantes et nuisibles ; la pollution par le rejet dans
l'environnement des déchets d'exploitation12.
Néanmoins, certaines dispositions permettent
d'atténuer les différentes menaces observées sur les
composantes de la diversité biologique. Outre les méthodes
conventionnelles relatives à l'évaluation, à la
surveillance et à l'atténuation des menaces devant servir de
référence et de guide à la mise sur pied d'un programme
national cohérent, la RDC dispose des structures éparses
spécialisées d'alerte, de surveillance ainsi que de la
quarantaine sans le cadre de l'introduction du matériel vivant intact ou
modifié. Cependant, la logistique utilisée ainsi que les
compétences requises apparaissent inadaptées, inefficaces et
rudimentaires13.
Eu égard à ce qui précède,
l'interrogation suivante nécessite d'être posée :
? Dans quelles mesures la RDC contribue-t-elle dans la lutte
contre le réchauffement climatique aux niveaux international et national
?
12 Ministère de l'environnement de la RD
Congo, « La communication au coeur de la gouvernance forestière en
RD Congo » in Forêt et vie, n°00, Kinshasa, Mars 2011
cité par Aksanti Ciribuka, D., Op.cit., p.15.
13 Aksanti Ciribuka, D., Idem, p.16.
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