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La république démocratique du Congo et le défi planétaire du réchauffement climatique. Responsabilités et opportunités conventionnelles internationales.


par Matthieu MUKENGERE NTAKALALWA
Université de Kinshasa - Diplôme d’Etudes Supérieures en Relations Internationales 2018
  

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2. Problématique

Toute problématique découle d'une observation quelconque d'un fait, d'une situation et d'une opinion publique quelconque.

Dans le cadre de cette étude, nous partons de l'observation selon laquelle le monde moderne subit un grave déséquilibre par suite de l'action de l'Homme qui tend, non seulement à éradiquer la vie sauvage, mais aussi à détruire l'harmonie du cadre où il est appelé à vivre. Les ressources renouvelables sont compromises, fait particulièrement grave au moment où les populations humaines augmentent avec une vitesse croissante et où les besoins sont chaque jour plus importants.

Certaines de nos activités semblent porter en elles-mêmes les germes de destruction de notre espèce. Beaucoup d'animaux et de végétaux sauvages sont en voie de disparition ou de raréfaction avancée à travers le monde, et leur liste est, chaque jour, plus longue. Les ravages dus à une chasse inconsidérée et à un véritable vandalisme et surtout à la destruction des habitats en sont responsables. Simultanément, l'Homme dégrade les terres par une mauvaise gestion des sols, répand des pesticides d'une manière incontrôlée et empoisonne la planète à l'aide des déchets de la civilisation technique, déversés d'une manière abusive dans l'atmosphère et dans les eaux. Les ressources marines sont pillées par une surexploitation manifeste sur une partie des océans.

Protéger et/ou conserver l'environnement est l'une des conditions essentielles d'une vie meilleure pour les peuples. Qu'il s'agisse des changements climatiques, des inondations énergétiques et de la salubrité de l'air, de la gestion des forêts, de l'eau douce et des déchets, la question de l'environnement touche tous les domaines de notre vie. Le monde connaît des mutations écologiques profondes et rapides dans une large mesure à cause des activités de l'Homme dans des domaines aussi variés que l'énergie, l'industrie, la santé, etc. Ces activités ont des impacts négatifs sur l'environnement et même l'hygiène des populations locales. C'est compte-tenu de l'ampleur des impacts négatifs des activités anthropiques sur l'environnement que l'Homme apparaît de plus en plus comme l'ennemi de la nature et pourtant sa survie dépend (sic).9

9 Roisin, P., La forêt des loisirs, Gembloux, Presses agronomiques de Gembloux, 1975, p.64 cité par Aksanti Ciribuka, D., Gouvernance environnementale en RDC. Acteurs, Pratiques et Trajectoires, Ed. Universitaires Européennes, Deutschland, 2016, pp. 21-22.

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La régulation ou la lutte contre le réchauffement climatique est l'une des préoccupations importantes auxquelles s'intéressent actuellement les Etats et exige une nécessaire contribution (intervention) dont la préservation de l'environnement. En effet, les contraintes météorologiques ont, de tout temps, façonné les activités humaines : agriculture, élevage, pêche, ressources en eau, .... Les conséquences de la sécheresse ou de la désertification sont connues. Les aléas du climat constituent également une donnée de base pour le stratège : état de la mer, chaleur extrême (« Guerre du Golfe », Guerre d'Irak), froid intense (coupure de la route de fer en Scandinavie durant la guerre, ports soviétiques gelés en hivers dans le Grand Nord, rôle de l'Arctique dans les rapports Est-Ouest par les bombardiers et sous-marins nucléaires, combats au Cachemire la Chine et l'Inde en 1962, ...). En cas d'apocalypse entre les deux supergrands, des experts avaient même redouté l'instauration d'un « hiver nucléaire ».

C'est essentiellement la prise en compte dans les années 80 du réchauffement inexorable de la planète qui avait sensibilisé les opinions publiques mondiales, elles-mêmes déjà travaillées par l'essor des idées écologiques, par l'émergence de la notion de développement durable, par le renforcement des phénomènes intrigants (le courant el Nino dans la Pacifique). Il faudra attendre 1997 pour que le Protocole de Kyoto (« l'Accord pourri », Bush fils) soit adopté, fixant un calendrier et des méthodes de limitation de gaz à effet de serre (achat de droit supplémentaires d'émission de gaz à effet de serre, moyennant un financement des projets d'énergie dite propre dans des pays vendeurs peu émetteurs de gaz).

Néanmoins, les deux plus, grands pollueurs mondiaux ne respectent pas Kyoto. Les USA (signature, mais refus de ratification, laquelle officiellement « laminerait leur économie »), représentent quelque 4,5% de la population mondiale mais, à eux seuls, 24% du pétrole consommé dans le monde et près de 40% de toutes les énergies. La Chine qui accuse les pays riches de vouloir l'entraver dans sa récente industrialisation, processus qu'eux-mêmes avaient accompli au XXème siècle en polluant à tout va (Pékin est devenu en 2007 le premier pollueur de la planète).

(...) La répartition des sacrifices semble illusoire ; les pays riches refusent de creuser leur chômage ; les pays émergents, de léser leur essor économique ; les pays en développement, d'aggraver leur pauvreté. Il est vraisemblable qu'une bataille des normes se déclenche, en fonction des ressources naturelles de chacun, de revenu du pays, des activités polluantes, du

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processus historique d'industrialisation, des moyens financiers disponibles, le diable se cachant alors dans le détail et l'équité n'y trouvant pas son compte10.

Toutes ces préoccupations environnementales n'ont jamais été totalement étrangères à la République Démocratique du Congo, qui est non seulement signataire de plusieurs Traités et Accords internationaux garantissant la protection de l'environnement, mais dispose même des textes légaux internes qui ne font l'objet jusque-là d'aucune application concrète.

En effet, la RDC est comptée parmi les 16 pays du monde, qualifiés de méga biodiversité (taux élevé d'endémisme). Cette situation est liée aussi bien par l'immensité de son territoire (234.500.000 d'hectares) que par la variété des conditions physiques et climatiques influant sur la richesse biologique. Sa biodiversité, importante, est représentée par un complexe végétal imposant et de faciès varié, allant de type forestier dense jusqu'aux savanes plus ou moins boisées et forêts claires ; habitats d'une faune également diversifiée, constituées des espèces endémiques, rares ou uniques au monde. Le plan d'eau intérieur occupe 3, 5% de l'étendue du territoire national et son potentiel représente plus de 50% d'eau douce du continent11.

La République Démocratique du Congo par sa démographie, son climat, son état moins avancé par rapport au progrès constaté sous d'autres cieux, bref la situation socio- politico économique généralement médiocre, se retrouve sans doute interpellé par la question environnementale. Ce pays dispose d'un vaste potentiel forestier, espoir pour l'humanité toute entière, qui suscite des enjeux dès lors que la communauté internationale y braque ses yeux. Ce potentiel forestier suscite des enjeux énormes de convoitise, d'autant plus que les composants de l'environnement sont tous pollués. Soulignons tout au début que la RDC n'a jamais été prise comme pollueur, elle l'est par le canal des investisseurs étrangers lesquels obtiennent l'autorisation par le Gouvernement de cette république, son émission de GES n'étant que de 0,06%.

En plus du potentiel forestier, la RDC joue un rôle capital dans la lutte contre le réchauffement climatique par sa position stratégique qu'elle occupe ; en effet, elle abrite un réseau hydrographique important avec 50% de l'eau douce du continent dont le fleuve Congo, une partie de la source du fleuve Nil à partir du lac Edouard et d'importants lacs.

10 Ndabereye Nzita M'Mugambi, P., Cours de Grands Problèmes Politiques Internationaux Contemporains, L2 RI, UOB, 2013-2014, pp.85-86, Inédit.

11 PNUD-Ministère de l'environnement de la RD Congo, Autoévaluation Nationale des Besoins en Renforcement de capacités pour la gestion de l'Environnement en République démocratique du Congo, Rapport final, Kinshasa, Mars 2009, p.11 cité par Aksanti Ciribuka, D., Op.cit., pp. 21-22.

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A cause de ce rôle dans la protection de l'écosystème mondial, la RDC a besoin d'argent ou une contrepartie financière afin de protéger sa biodiversité face au phénomène du réchauffement climatique, et c'est d'ailleurs la RDC qui a déclenché l'Accord de Nagoya et qui pilote les négociations pour le changement climatique de l'Afrique, avait souligné José Endundo.

Cependant, les écosystèmes naturels en RDC ne sont pas seulement pourvoyeuses de la matière première et habitats pour la faune sauvage. De par leurs rôle et fonctions variés, ils subissent des sollicitations diverses de la part de l'Homme, dont certaines conduisent à des modifications et des dégradations irréversibles. En effet, plus de 70% de la population nationale y recourent directement pour leur subsistance et pour la satisfaction de leurs besoins élémentaires de survie. Ils deviennent ainsi des lieux où se côtoient différentes personnes, aux intérêts souvent divergents, qu'il importe de concilier.

Le degré de dépendance de la population vis-à-vis des ressources naturelles reste principalement lié au niveau de la pauvreté qui touche plus de 80% de la population, ce qui représente une menace, notamment par la pratique extensive d'agriculture itinérante sur brûlis en zones forestières, la récolte de bois de feu aux alentours de principaux centres de peuplement, l'exploitation minière artisanale et industrielle, l'exploitation pétrolière, l'exploitation de bois d'oeuvre, la récolte des produits autres que le bois, la chasse commerciale, les pratiques non durables de pêche ; l'introduction incontrôlées des espèces exotiques dont certaines deviennent envahissantes et nuisibles ; la pollution par le rejet dans l'environnement des déchets d'exploitation12.

Néanmoins, certaines dispositions permettent d'atténuer les différentes menaces observées sur les composantes de la diversité biologique. Outre les méthodes conventionnelles relatives à l'évaluation, à la surveillance et à l'atténuation des menaces devant servir de référence et de guide à la mise sur pied d'un programme national cohérent, la RDC dispose des structures éparses spécialisées d'alerte, de surveillance ainsi que de la quarantaine sans le cadre de l'introduction du matériel vivant intact ou modifié. Cependant, la logistique utilisée ainsi que les compétences requises apparaissent inadaptées, inefficaces et rudimentaires13.

Eu égard à ce qui précède, l'interrogation suivante nécessite d'être posée :

? Dans quelles mesures la RDC contribue-t-elle dans la lutte contre le réchauffement climatique aux niveaux international et national ?

12 Ministère de l'environnement de la RD Congo, « La communication au coeur de la gouvernance forestière en RD Congo » in Forêt et vie, n°00, Kinshasa, Mars 2011 cité par Aksanti Ciribuka, D., Op.cit., p.15.

13 Aksanti Ciribuka, D., Idem, p.16.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote