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La république démocratique du Congo et le défi planétaire du réchauffement climatique. Responsabilités et opportunités conventionnelles internationales.


par Matthieu MUKENGERE NTAKALALWA
Université de Kinshasa - Diplôme d’Etudes Supérieures en Relations Internationales 2018
  

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B. La Conférence de Stockholm du 5 au 16 Juin 1972

La Conférence de Stockholm a lieu du 5 au 16 Juin 1972. Il s'agit du premier colloque mondial élevant la question de l'environnement au rang de problème international d'importance majeure, ainsi que de la première occurrence de droit international contraignant dans le domaine de l'environnement. La Conférence de Stockholm donne, notamment, lieu à une Déclaration de vingt-six principes, à un Plan d'action comprenant cent neuf recommandations, et à la création du Programme des Nations Unies pour l'Environnement « PNUE ».

Pour Jacques-André Hertig, c'est à Stockholm que l'environnement entre dans les priorités et besoins de nombreux pays. Il cite Clark et Timberlake qui rapportent qu'avant Stockholm, on ne comptabilisait pas plus de dix Ministères de l'Environnement, alors qu'en 1982 on répertoriait cent dix Ministères ou secrétariats d'Etat dédiés aux questions d'environnement.

122Omeonga Onakudu, J. et alii, Op.cit., p.66.

[118 ]

La Conférence des Nations Unies sur l'Environnement et le Développement « CNUED », créée en l992 et également appelée Sommet de la Terre ou Conférence de Rio, rassemble 182 Etats à Rio de Janeiro pour débattre de l'avenir de la planète.

C'est lors de ce premier Sommet la Terre que le concept de « développement durable » fait consensus pour décrire un processus d'évolution permettant de répondre aux besoins présents sans hypothéquer ceux du futur. 170 des Etats présents à Rio ont adopté l'Agenda 21, aussi appelé Action 21 ; il s'agit d'un Programme d'action de quarante chapitres, appelé à être mis en oeuvre sous la forme de près de 2 500 recommandations touchant à tous les domaines où l'action humaine influence l'évolution de l'environnement, qui est adopté par les Chefs d'Etat lors de la Conférence de Rio.

Le Sommet de la Terre instaure également un Cadre annuel de réunions internationales au travers Convention-cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques « CCNUCC ».

C. Convention-cadre des Nations unies sur les Changements Climatiques « CCNUCC » de 1992

La Convention-cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques a été arrêtée le 9 Mai 1992 à New-York, adoptée le 14 Juin 1992 lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro auquel ont pris part, environ 163 délégations des pays européens.

Elle est entrée en vigueur le 21 Mars 1994 par 154 Etats auxquels il faut ajouter la totalité des membres de la Communauté européenne. En 2004, elle était ratifiée par 189 pays, en 2015 on recense 195 pays. La CCNUCC est la première tentative, dans le cadre de l'ONU, de mieux cerner ce qu'est le changement climatique et comment y remédier, mais l'article 2 de la CCNUCC est resté muet et n'a pas pu dire à quel niveau réduire le gaz à effet de serre.123

123Omeonga Onakudu, J. et alii, Op.cit., pp.66-67.

[119 ]

L'objectif de la Convention est de stabiliser la concentration des gaz à effet de serre dans l'atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du climat. Elle a pour objectif de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère à un niveau qui évite tout type de perturbation anthropique et dangereuse pour le climat, et d'atteindre ce niveau dans un intervalle de temps suffisant pour que les écosystèmes puissent s'adapter naturellement aux changements climatiques, sans menacer la production alimentaire et en permettant la poursuite d'un développement économique soutenable.

Elle comprend le Protocole de Kyoto. Pour renforcer cette Convention-cadre, les Nations Unies, adoptèrent une nouvelle Convention dénommée « Convention de Nations Unies sur la lutte Contre la Désertification « CNUCD » (1994-1996). Cette dernière a eu pour objectif de combattre la désertification et de limiter les effets de la sécheresse et de la désertification dans les pays gravement touchés par celles-ci, tout particulièrement en Afrique, grâce à des mesures efficaces à tous les niveaux.

Cependant, il existe d'autres Conventions et Protocoles additionnels relatifs à la préservation de la biodiversité dont, à titre illustratif, nous citons la Convention de Ramzar sur les zones humides d'importance internationale (1971-1975), la Convention du patrimoine mondial de l'Unesco (1972-1975), la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites) (1973-1975), la Convention de Bonn sur la conservation des espèces des espèces migratoires (1979-1983), la convention sur la protection et l'utilisation des fleuves et des lacs internationaux « ECE, Convention de l'eau) (1992-1996), la Convention de Bâle sur le Contrôle des mouvements transfrontaliers des déchets dangereux et leur élimination (1989-1992), la Convention de Rotterdam sur la procédure de consentement préalable en connaissance de cause applicable à certains produits chimiques et pesticides dans le commerce international, la Convention de Stockholm sur les polluants persistants « COP » (2001-2004) ; etc.124

Elle reconnaît trois grands principes :

? Le principe de précaution ;

? Le principe des responsabilités communes mais différenciées, ? Le principe du droit au développement.

124 Rijnhout, L., Reconnaître la dette écologique : un pas vers la justice sociale et environnementale et vers le développement durable, JADES, Avant-projet, 2005, cité par Aksanti Ciribuka, D., Op.cit., pp.35-36.

[120 ]

La Convention reprend tous les principes contenus dans la Déclaration finale de Rio de Janeiro et dans l'Agenda 21, ainsi que les principes du droit international, au sein duquel elle n'est qu'un aspect. Cependant, elle ne comprend aucune cible juridiquement contraignante, les Parties s'étant laissé la possibilité de compléter la CCNUCC par des engagements ultérieurs dans le cadre d'un régime international.

En 1997, certaines parties à la CCNUCC ont signé le Protocole de Kyoto qui est entré en vigueur en 2005. Ce Protocole doit néanmoins être négocié périodiquement, la première période d'engagement prenant fin en 2012. A cet effet, la Conférence de Copenhague (COP15), qui devait déboucher sur un Accord global, n'a pas permis de dégager de consensus fort sur le régime climatique post-2012. Afin de dénouer l'impasse, la COP15 a « pris note » de l'Accord de Copenhague, négocié à huis clos par un petit groupe d'États, dont les Etats-Unis et les pays émergents. Aujourd'hui, les pourparlers entre les Etats portent essentiellement sur la question de savoir si le prochain régime climatique doit s'inscrire dans le cadre de l'Accord de Copenhague ou du Protocole de Kyoto.

L'Organe suprême est la Conférences des Nations Unies sur les Changements Climatiques, qui prend la forme d'une Conférence des Parties « COP », la Conférence des Parties servant comme la réunion des Parties au Protocole de Kyoto « CMP » et la Conférence des Parties servant comme la réunion des Parties à l'Accord de Paris « CMA ». Elle est composée de tous les États parties et vérifie leur bonne application des objectifs de la Convention. Elle se réunit annuellement lors de Conférences mondiales qui analysent les avancées de la Convention et prend des décisions pour atteindre les objectifs de lutte contre les changements climatiques.

Il y a également deux Organes techniques3 :

? L'Organe Subsidiaire d'Avis Scientifique et Technique « OSAST » : il fournit l'appui scientifique nécessaire et propose des avis concernant le développement et le transfert de technologies. Il est l'interface entre le GIEC, versant scientifique, et la Conférence des parties, versant politique.

? L'Organe Subsidiaire de Mise en Ouvre « OSMO » : il a pour but de vérifier la mise en oeuvre de la Convention. Pour cela, il reçoit les rapports des Etats et contrôle leur conformité, notamment en termes d'émissions, avec les objectifs de la Convention.

[121 ]

La Secrétaire exécutive de la Convention est Patricia Espinosa, nommée le 18 Mai 2016. Elle succède à Michael Zammit Cutajar (1991-2002), Joke Waller-Hunter (en) (2002-2005), Yvo de Boer (en) (2006-2010) et Christiana Figueres (2010-2016)125.

a. Convention sur les changements climatiques

La Convention sur les changements climatiques est née au même titre que celle de la diversité biologique et la désertification au lendemain du Sommet mondial sur l'environnement et le développement durable à Rio de Janeiro le 05 Juin 1992 auquel ont pris part plusieurs délégations des pays dans le monde. Cette Convention avait, donc pour objectif de stabiliser les concentrations des gaz à effet de serre « GES » dans l'atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique.

L'intention avouée de cette Convention, le fait de ratifier la Convention, chaque partie présente devrait remplir les engagements pris lors de ladite Convention, c'est-à-dire réduire les niveaux des GES à un niveau inférieur par rapport à ceux remarqués lors de la dite rencontre, et, chaque Gouvernement devrait fournir, en espace de deux ans, un inventaire sur les gaz à effet de serre provenant de la déforestation et la dégradation des forêts, par son Plan d'Action aux Effets de Changements Climats et le Programme d'Action Initiale.

b. La Convention sur la Diversité Biologique « CDB » (1992-1993)

Cette Convention a pour objectif de préserver la biodiversité, c'est-à-dire qu'elle vise la sauvegarde des ressources génétiques, des écosystèmes et des espèces, l'utilisation soutenable de ces éléments et le partage juste et équitable des bénéfices, surtout grâce à un accès satisfaisant aux ressources génétiques et à un transfert de technologie et financier approprié. Parmi les Accords liés à cette Convention se trouve le Protocole de Carthagène sur la sécurité de la biotechnologie.

La Convention sur la biodiversité est née au même titre que celle sur la désertification et les changements climatiques au lendemain du Sommet mondial sur l'environnement et le développement durable tenu à Rio le 05 Juin 1992. Lors de la Conférence, 153 pays ont signé la Convention, y compris 71 Chefs d'Etat et de Gouvernement. Suite aux activités anthropiques de l'Homme ; il y avait perte de la biodiversité, raison pour laquelle cette Convention a éveillé la

125United Change, « Status of Ratification » archive, sur unfccc.int ; Objectif Terre archive, vol. 12, n. 1, p. 18 ; « Bodies » [archive], sur unfccc.int (consulté le 11 Novembre 2016) ; « ExecutiveSecretary » [archive], sur unfccc.int (consulté le 11 Novembre 2016).

[122 ]

prise de conscience sur les éventuelles pertes de la biodiversité partout dans le monde afin de protéger les générations futures. L'objectif de cette Convention se résume en trois points essentiels :

? Conserver la biodiversité ;

? Utiliser, de façon durable, la biodiversité ;

? Partager, de façon juste et équitable, des avantages qui découlent de l'exploitation de la biodiversité.

La Convention sur la diversité biologique lutte contre la déforestation et la dégradation de forêts de différentes manières, comme, par exemple, dans le cadre du programme de travail sur la biodiversité forestière126.

? Les Déclarations de Rio 1992 et 22 Juin 2012

La Déclaration de Rio sur l'environnement et le développement, un ensemble de 27 principes définissant les droits, les responsabilités des Etats dans le domaine, a été adoptée sans modification. On a évité toute objection au principe 23 qui mentionne « les peuples soumis à l'occupation en précisant dans le préambule d'action 21, que ce programme serait exécuté dans le strict respect des principes de la Déclaration et on a supprimé-toutes les autres mentions des peuples soumis à l'occupation dans l'article 21 ».

La déclaration stipule notamment que ;

? Les Etats ont le droit souverain d'exploitation sur leurs propres ressources selon leur politique d'environnement et de développement, sans toutefois causer des dommages à l'environnement dans d'autres Etats ou dans des zones au-delà des limites de leur juridiction ;

126Omeonga Onakudu, J. et alii, Op.cit., pp.67-68.

[123 ]

- Il est important pour le développement durable d'éliminer la pauvreté et de réduire les différences de niveaux de vie dans le monde ;

- Les Etats devraient décourager ou prévenir les mouvements transfrontaliers d'activités et substances nocives pour la santé de l'Homme ou pour l'environnement ;

- Les Etats devraient réduire et éliminer les modes de production et démographiques appropriés ;

- La pleine participation des femmes est essentielle à la réalisation d'un développement durable ;

- C'est le pollueur qui doit, en principe, assumer le coût de la pollution ;

- L'absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte pour permettre plus tard, des mesures urgentes visant à prévenir la dégradation de l'environnement127.

s Le Sommet de Rio + 20 de Juin 2012

« Rio+20 » est le nom abrégé de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable qui s'est tenue à Rio de Janeiro, au Brésil, du 20 au 22 Juin 2012. Vingt ans après le Sommet de la Terre de Rio, en 1992, Rio+20 est une nouvelle occasion de regarder vers l'avenir que nous voulons pour le monde dans les vingt prochaines années. A cette Conférence « Rio+20 », les dirigeants mondiaux, des milliers de participants venus du secteur privé, des ONG et d'autres groupes se sont réunis pour déterminer comment réduire la pauvreté, promouvoir la justice sociale et assurer la protection de l'environnement sur une planète qui est de plus en plus peuplée.

Cette occasion historique a permis de dégager des pistes pouvant mener à un avenir durable un avenir porteur davantage d'emplois, de sources d'énergie non polluante, d'une plus grande sécurité et d'un niveau de vie convenable pour tous, comme l'a dit Ban Ki-Moon, Secrétaire Général des Nations Unies : « Si nous espérons laisser à nos enfants et petits-enfants un monde

127 Omeonga Onakudu, J. et alii, Op.cit., pp.68-69.

[124 ]

vivable, nous devons faire face, dès maintenant, aux défis posés par la pauvreté due à la destruction de l'environnement ».

Le monde compte aujourd'hui 7 milliards d'habitants ; d'ici à 2050, nous serons 9 milliards. Une personne sur cinq, soit 1,4 milliard survit avec au maximum 1.25 dollar par jour ; 1,5 milliard de personnes dans le monde n'ont pas accès à l'électricité ; 2,5 milliards de personnes n'ont pas de toilettes ; près d'1 milliard d'habitants souffrent quotidiennement de la faim. Les émissions de gaz à effet de serre continuent d'augmenter et plus d'un tiers -de toutes les espèces connues pourraient disparaître à jamais si la tendance n'est pas inversée.

La Conférence Rio+20 s'est achevée avec adoption, par consensus, d'un texte intitulé « L'avenir que nous voulons ». A travers les 283 articles du texte « The Future We Want » ou « L'Avenir que nous Voulons », 188 Etats représentés s'engagent sur le chemin d'une économie verte qui doit « contribuer à l'élimination de la pauvreté et à la croissance économique durable, améliorer l'intégration sociale et le bien-être de l'humanité, et créer des possibilités d'emploi et de travail décent pour tous, tout en préservant le bon fonctionnement des écosystèmes de la planète »128.

? Principaux engagements de la Conférence

Au-delà des Déclarations, encouragements ou renouvellement d'engagements passés, le texte comporte un certain nombre d'engagements nouveaux en faveur du développement durable :

- Objectifs du Développement Durable « ODD » (article 248) ; - Gouvernance internationale de l'environnement (article 88) ; - Gouvernance mondiale du développement durable (article 84) - Renforcement du rôle de la société civile (article 84) ; - Océans et mers (article 162) ;

- Financement du développement durable (article 255) ; - Indicateurs de développement durable (article 38) ;

- Consommation et production durables (article 226).

128Omeonga Onakudu, J. et alii, Op.cit., pp.72-73.

[125 ]

? Rio+20 et l'Afrique

Au coeur de la position africaine pour les pays du Bassin du Congo, c'est de mettre sur la table des négociations, le dilemme suivant d'un côté, il y a la Communauté internationale qui demande aux Etats de ne pas y toucher, mais d'un autre côté, il y a les Etats qui doivent se développer, qui doivent puiser sur les forêts. Pour ce débat, il s'agit, notamment, de trouver une réponse à la question : « Qu'est-ce qu'il faut faire, sachant que ces Etats sur leurs ressources propres ne peuvent pas financer tous les aspects du développement concernant, notamment, l'éducation, la santé, l'agriculture, etc. »

D'après les analyses, l'Afrique fait face à de nombreuses contraintes pour son développement qui, plus que dans tout autre continent du monde, déterminent sa capacité à relever le défi impératif de la conservation de son environnement et dont spécifiquement le Bassin du Congo deuxième poumon écologique de la planète après l'Amazonie, en Amérique latine.

Depuis la première Conférence de Rio de Janeiro de 1992, les progrès sont mitigés. Dans la part des responsabilités, nous ne pouvons pas dire que l'Afrique soit la plus grande pollueuse (2 à 3% des émissions de dioxyde de carbone). Au contraire, l'Afrique subit les retombées de la production globale et parfois avec des scandales qui ont été connus.

? Critique sur Rio+20

La Société civile, furieuse devant « l'échec » et l'absence » d'engagement du Sommet de l'ONU, monte au créneau, au deuxième jour du Sommet de l'ONU Rio+20. Plusieurs grandes Organisations de la Société Civile, dénonçant la faiblesse du document final, ont affirmé qu'elles se battraient avec d'autant plus d'énergie pour la nature et contre la pauvreté. Daniel Mittler (Greenpeace) considérant le résultat de Rio+20 comme « désastreux », a dit sa « déception » et sa « colère » tout en estimant que « l'échec de Rio+20 donnera aux gens plus d'énergie pour se mobiliser et se battre pour la planète»129.

? Participation de la ROC à Rio

129Omeonga Onakudu, J. et alii, Op.cit., pp.73-78.

[126 ]

La RDC fut été représentée au grand Sommet mondial sur l'environnement à Rio en 1992 par Bernardin Mungulu Diaka (alors Gouverneur de Kinshasa). C'est là où la RDC a pris conscience des Conférences internationales sur l'environnement130.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius