L'OCDE ne définit clairement pas la documentation,
mais on pourrait se référer à la définition
apportée par le Forum Européen Conjoint sur les Prix de Transfert
selon laquelle, `' le concept de documentation en matière de prix de
transfert[...]consiste, pour un groupe d'entreprises multinationales, à
établir une documentation harmonisée et cohérente en
matière de prix de transfert qui se compose de deux parties principales
: I) un jeu de documents uniforme contenant des informations communes
harmonisées valables pour tous les membres du groupe établis dans
l'UE(`'le masterfile»ou document de base) ; et II) plusieurs jeux de
documents standardisés contenant chacune des informations
spécifiques au pays concerné ainsi du (`'documentation
spécifique au pays concerné `'). La documentation
nécessaire pour un pays donné se compose ainsi du masterfile
commun, complété par la documentation standardisée
spécifique à ce pays»53. De manière
plus pratique, la documentation est un ensemble de données et
d'information écrites que doivent fournir les entreprises pratiquant les
prix de transfert à une administration fiscale, dans le but de
démontrer leur conformité par rapport aux règles
applicables en la matière.
52 Loi de finances 2007, p16 sur 18
53 Forum Conjoint sur les Prix de Transfert ( FCPT ),
créé en 2002 et rassemblant plus de 28 pays européens.
39
Cette obligation documentaire est assez importante pour les
acteurs concernés dans les prix de transfert. En effet, il revient aux
administrations fiscales de soumettre à cette obligation chaque
entreprise pratiquant les prix de transfert afin de vérifier sa
conformité par rapport aux règles applicables en la
matière fixées par ces administrations fiscales dans le but
d'encadrer ces prix de transfert. En plus de permettre à vérifier
la conformité, cette documentation des prix de transfert a trois (03)
objectifs précis :
· Garantir la prise en considération des
règles relatives aux prix de transfert par les contribuables
fixées par l'administration fiscale lors de l'établissement du
prix de leur transactions et de l'indication à ces administrations
fiscales des bénéfices réalisés et retirés
par ces contribuables lors de leur déclaration fiscale
· Fournir à l'administration fiscale des
informations nécessaires pour l'évaluation en connaissance de
cause des risques liés à la pratique des prix de transfert
· Fournir des informations à l'administration
fiscale devant lui servir pour une vérification approfondie de la
pratique des prix de transfert.
L'OCDE détermine les types de documentation que
doivent présenter les entreprises pratiquant les prix de transfert aux
différentes administrations fiscales ; les documentations propres aux
groupes sont entre autre la `' déclaration pays par pays, fichier
principal »54 et propres aux entités sont `'la
déclaration annuelle des prix de transfert, le fichier local `'.
Le législateur camerounais afin d'assurer
l'application conforme de ces règles par les entreprises pratiquant les
prix de transfert, a mis sur pieds des obligations que doivent respecter ces
entreprises devant leur permettre de s'assurer que les opérations
pratiquées par elles sont conformes aux règles applicables en la
matière, en occurrence une obligation déclarative. Cette
obligation est assortie d'une documentation assez importante que doivent
fournir ces entreprises pratiquant les prix de transfert à
l'administration fiscale camerounaise lors du contrôle de la
conformité de ces règles. Ce pendant la doctrine fiscale
camerounaise fixe le type de documentation à fournir en fonction des
entreprises. Pour les entreprises soumises à un régime fiscal
privilégié au sens de l'article 19-2 du CGI 2020, elles se
doivent de souscrire à une déclaration comportant une petite
documentation au plus tard le 15 mars telle que prévue à
l'article 18-4 du CGI qui dispose que `' les entreprises
agréées à un régime fiscal dérogatoire ou
spécial souscrivent dans le même délai, une
déclaration récapitulative des opérations pour
54 OCDE(2017), Principes applicables en
matière de prix de transfert à l'intention des entreprises
multinationales et les administrations fiscales, Éditions OCDE
Paris. Chapitre V documentation.
40
lesquelles elles ont bénéficié d'une
exonération, d'une prise en charge, d'une réduction d'impôt
ou de tout autre allègement fiscal, assortie des impôts et taxes
théoriques correspondant auxdites opérations». Ces
entreprises ne doivent fournir que des informations relatives à leur
opérations exonérées, constituant en effet une petite
documentation.
Quant aux entreprises relevant de la direction des grandes
entreprises (DGE) c'est-à-dire des entreprises dont le CART est
égal ou supérieur à 1 milliard et qui sont sous
dépendance ou sur contrôle d'autres entreprises, elles sont
soumises à une obligation de déclaration des prix de transfert au
sens de l'article 18 ter 2 a et b du CGI 2020 constituant une solide
documentation entre autre des informations relatives au groupe. Cette grande
documentation s'étant également au sens de l'article L19 du LPF
2020 qui oblige les entreprises sous contrôle ou ayant des liens de
dépendance de présenter une documentation justifiant la politique
des prix de transfert pratiqués par les entreprises sous contrôle
ou ayant un lien de dépendance.
On voit donc que la doctrine fiscale camerounaise applique
plusieurs types de documentation des prix de transfert tant à
l'échelle du groupe ( fichier principal55 visible par les
article 18-4 et 18 ter 2-a du CGI ) et au niveau de l'entité (
déclaration annuelle des prix de transfert56 visible par les
article 19 du CGI et L19 du LPF).
55 PLATFORM FOR COLLABORATION ON TAX ( ONU,
OCDE, WORLD BANK GROUP), guide pratique pour la mise en oeuvre
réussie des obligations en matière de documentation des prix de
transfert dans les pays en développement. Version provisoire.
P.10
56 PLATFORM FOR COLLABORATION ON TAX (
ONU,OCDE, WORLD BANK GROUP ), guide pratique pour la mise en
oeuvre réussie des obligations en matière de prix de transfert
dans les pays en développement. Version provisoire. P.11
CONCLUSION DU CHAPITRE
41
L'adhésion de la juridiction fiscale camerounaise en
2017 à la convention OCDE, permet à son administration fiscale de
mieux appréhender la notion de prix de transfert et notamment tous les
contours de cette notion. Cela passe d'abord par la prise en compte des
règles modernes OCDE en occurrence le principe de pleine concurrence et
des méthodes permettant de déterminer ce principe de pleine
concurrence par le législateur et la doctrine fiscales camerounaise en
plus de leurs propres règles traditionnelles camerounaises pour
ressortir en effet un ensemble de règles devant s'appliquer aux prix de
transfert au Cameroun. Cela dans le but de maitriser la problématique
que pose les prix de transfert.
Le législateur fiscale camerounais en plus de se baser
sur les règles modernes OCDE, s'est également arrimer à
l'obligation documentaire en matière de prix de transfert aux standard
internationaux dans le but de vérifier la conformité des
entreprises pratiquant les prix de transfert aux règles applicables en
la matière par l'administration fiscale camerounaise. D'où
l'importance qu'accorde l'administration fiscale camerounaise aux prix de
transfert.
CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE
42
Le Cameroun qui est un Etat disposant de nombreuses ressources
naturelles, est source d'attraction des entreprises internationales qui
cherchent à exploiter ces ressources en s'implantant sur ce territoire
par la création des filiales domiciliées au Cameroun. La
création de ces filiales permettrait en effet à ces filiales
d'effectuer des transactions avec leur entreprises mères situées
hors du territoire camerounais, constituant ce qu'on appelle prix des
transfert. Ces filiales camerounaises lors de leur implantation, sont
assujetties à un impôt en fonction des bénéfices
qu'elles réalisent. Très souvent, ces entreprises sont
soupçonnées de fixer des prix pour des transactions sur le
marché qui ne cadrent pas avec les prix pour les mêmes
transactions pratiquées par les entreprises indépendantes, dans
le but de transférer indirectement ces bénéfices
générés par cette différence de prix, faussant
complètement leur montant d'imposition. L'administration fiscale
camerounaise dans le but de solidifier sa base imposable, de contrôler et
encadrer les prix de transfert, a adhérée tout d'abord à
la convention OCDE qui elle propose les règles sur lesquelles doivent se
baser les Etats pour maîtriser cette matière assez complexe, et
l'a ensuite transposé dans droit interne. Cette convention OCDE propose
comme règle devant être appliqué au prix de transfert le
principe de pleine concurrence, en mettant également sur pieds des
méthodes permettant en effet de terminer le prix de pleine
concurrence.
La doctrine fiscale camerounaise en plus d'avoir au
préalable fixée ses propres règles, s'est également
basée sur celles que préconisent l'OCDE pour établir des
règles modernes devant s'appliquer aux prix de transfert, et dont
l'administration fiscale camerounaise contrôlera son application.