PARAGRAPHE 2 : LIMITES LIEES A UNE « CULTURE
MANAGERIALE » PEU
ADPTEE82
L'insuffisance de culture de résultat renvoie à
la très lente mutation des habitudes et des comportements
orientés vers la performance. L'expérience des budgets programmes
montre que même une réforme largement endogène (mais
très complexe) met de nombreuses années avant d'être
réellement appropriée. Les agents publics en charge de la mise en
oeuvre du budget programme sont encore influencés par la culture de
moyens et non de résultats. La structure la plus marquée est la
culture hiérarchique et non transverse (fonctionnement en silos). L'on
observe une insuffisance de délégation de responsabilités
et moyens et une insuffisance de soutien à la prise d'initiative des
parties prenantes face à l'incertitude inhérente à la
gestion d'un programme complexe.
Dans tous les cas, l'appropriation de la réforme est
difficile car elle induit de nombreux changements, surtout dans
l'administration publique chez les fonctionnaires. Dans la plupart des cas, les
ressources humaines n'ont pas la maitrise de l'élaboration, du pilotage
et de l'évaluation des budgets programmes et l'administration est
gangrenée par de nombreux maux.
Par ailleurs, les structures administratives ne sont pas
toujours arrimées aux exigences du travail transversal imposé par
les programmes. L'on assiste à une cohabitation de plusieurs structures
organisationnelles (structure hiérarchiques et structures ad hoc plus
flexibles). Par ailleurs, pour dire des choses plus simplement la
réforme du budget programme vient se
81 Idem.
82 Idem.
51
LE BUDGET PROGRAMME ET ETAT DE DROIT AU CAMEROUN
superposer aux autres réformes sans qu'il n'y ait un
changement de fond. Ainsi, l'évocation de l'architecture
budgétaire en « fonctions-programmes-actions » rappelle
à s'y méprendre le triptyque imposé par la loi du 1er
août 2001 : « missions - programmes - actions ». Cette
ressemblance fait penser que le système financier
préconisé ne sera qu'une « importation des modèles
managériaux ayant cours dans les autres pays ».
Toutefois, la réforme doit en principe imprimer un
changement en profondeur de l'Etat, le projet aurait pu tenir compte des
réalités et de la culture administrative locale. C'est dans ce
sens que le professeur MUZELLEC soulignait, au sortir du colloque de juillet
2001 sur les finances publiques camerounaises que la réforme à
mettre en oeuvre devrait tenir compte de la « culture camerounaise ».
De même qu'elle est due au manque de formation de l'ensemble des
fonctionnaires et le manque de ressources telles que le temps, les effectifs et
les fonds.
En somme, la budgétisation par programme adoptée
sous l'impulsion des directives régionales, apparait ci complexe pour le
Cameroun, ayant par la suite une « culture managériale » peu
adaptée. Elle se trouve aussi limitée par une faiblesse juridique
et un déclin de l'idée de droit en matière
financière publique.
|