TROISIÈME PARTIE : LE PROJET D'ACTION
Par le biais des différents résultats que nous
avons obtenus, et des liaisons théoriques que nous avons
établies, nous pouvons proposer de nouvelles solutions pour sensibiliser
les formateurs aux changements par l'avènement du digital dans la
formation.
1. PRÉCONISATIONS
Pour commencer, nous souhaitons se référer
à l'analyse de l'activité de Marc Durant. Ce dernier
considère le savoir comme étant la mobilité de plusieurs
activités. Au fond, l'individu intègre les différentes
activités qui composent son existence et, pour chacune
93
de ces activités, il identifie les savoirs et
savoir-faire qui sont nécessaires. Cet apprentissage passe par trois
phases : la phase du repérage, la phase d'incorporation et la phase
d'intégration durable. Nous allons, reprendre ces trois phases pour
expliciter notre plan d'action.57
La phase du repérage consiste à repérer
explicitement les causes qui orientent une activité. Cela passe par la
signification que l'individu donne à son environnement qui
représente un des facteurs essentiels pour son apprentissage. Par les
apports théoriques qui ont guidé nos réflexions, il
s'avère que l'individu est un acteur « structurellement »
associé à son environnement, et cela dépend des
spécificités individuelles dont ils disposent et des
éléments composant le cadre de son activité. En ce qui
concerne le rapport entre le digital et l'individu, l'environnement jouerait
donc un rôle essentiel.
La phase d'incorporation consiste à s'approprier
l'apprentissage à l'intérieur de soi, dans son corps et de faire
sien. L'apprentissage est une forme d'émergence qui apparaît
progressivement chez l'individu (il sait faire ce qu'il ne savait pas faire).
C'est un processus qui se passe lorsque l'individu parvient à enchainer
des savoirs variés qui permettent une dynamique d'intégration
progressive de ce que l'on sait. Nous n'apprenons pas tous de la même
manière mais nous apprenons la même chose, cela dépend de
la singularité de chacun. Ces nouveaux apprentissages présentent
de nouveaux modes d'actions qui peuvent être transmis par une instance de
formation.
La phase d'intégration durable est la phase de
disposition à agir. La disposition à agir correspond à
deux manières d'agir : dans l'instant et dans le réfléchi.
Au fond, l'incorporation, l'intégration et l'appropriation de tous ces
savoirs relèvent de la capacité d'agir sans y penser, ça
relève d'un automatisme. On parle d'intuition.
1.1. Aménagement de l'environnement de travail
À l'ère de la digitalisation, les organisations
doivent mettre en place des solutions adéquates à leur souhait de
se moderniser. En effet, elles devront prendre un certain nombre
57 Lors d'un cours de M. E. Triby, Master IFC,
Université de Strasbourg, 2019-2020
94
de mesures pour instaurer la digitalisation dans de meilleures
conditions et équiper confortablement leurs collaborateurs. Il faudrait
développer cette nouvelle culture à travers des environnements de
travail propices à cette transition. Cette absence de
compatibilité entre une nouvelle organisation et un nouvel environnement
peut entrainer des défauts en termes d'agilité, mais surtout
d'expérience des collaborateurs. En effet, ce sont les premiers à
adopter ces nouvelles pratiques. Bien que le formateur ait toujours
été en position de s'adapter à toute situation, son
adhésion dépendra de cette première approche digitale.
Les moyens (matériel, équipement, réseau
...) sont utiles dans l'action du formateur. Lorsque les machines ne sont pas
performantes et rapides, avec un réseau qui ne possède pas le
débit adéquat, les formateurs se trouvent contraints d'opter pour
des solutions autres. Cette première approche du formateur au digital
est d'ailleurs déterminante pour le renouvellement de ses pratiques
pédagogiques. Dès lors que les individus ne parviennent pas
à passer au-dessus des contraintes que le digital engendre, ils
préfèrent rester dans leur zone de confort, dans leurs habitudes
et dans leurs pratiques traditionnelles.
Une première préconisation pour surpasser ces
contraintes est que l'organisme revoit l'aménagement de l'environnement
de travail des formateurs, par des postes informatiques qui sont
fonctionnelles, un réseau Internet optimal et des équipements qui
marchent bien. En effet, si le changement est mal conduit, les effets peuvent
être déterminants vis-à-vis de l'activité des
collaborateurs. Nous pensons, qu'il est contradictoire de vouloir se moderniser
et de ne pas investir dans les moyens adéquats pour conduire à la
réussite du projet de changement. Lorsque nous parlons de
digitalisation, le moyen sur lequel nous devrons, prioritairement, agir devra
être celle de l'environnement de travail des formateurs.
|