PREMIÈRE PARTIE : LA PROBLÉMATIQUE
1. LE CONTEXTE
Selon J-M Devaud (2001), la formation professionnelle se
définit comme étant « un moyen à double objectif qui
sont interdépendants : d'une part elle participe à
l'amélioration de la performance de l'entreprise et de l'autre elle
permet l'évolution professionnelle des individus ».
Nous allons dans cette partie, nous intéresser aux
contextes historiques, politiques, économiques et sociales que recouvre
ce domaine tant convoité.
1.1. Le contexte historique et politique du marché de
la formation
La formation est un domaine qui, au fur et à mesure des
changements qu'apporte l'histoire, évolue. Bien que son année
marquante ait été en 1971 avec la loi Delors1,
l'existence de la formation remonte déjà à l'époque
révolutionnaire du dix-huitième siècle à travers
l'apprentissage corporatif2.
1.1.1. Du XXème siècle ...
Nous allons évoquer l'histoire de la formation
professionnelle par les débuts du XXème siècle. A la suite
de la première guerre mondiale. En rentrant chez eux, les acteurs de
l'armée (les soldats, les officiers, les sous-officiers) se sont
trouvés en grande difficulté pour trouver du travail. En outre,
sur le marché était constaté un réel besoin de main
d'oeuvre
1 Tanguy, L. (2001). Les promoteurs de la formation en entreprise
(1945-1971). Travail et emploi, 86.
2 Troger, V. (2011). Une histoire de l'éducation et de
la formation. Sciences Humaines.
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dans certains secteurs d'activité notamment ceux
touché par les mutations techniques et commerciales (métallurgie,
chimie, assurance...). La diversité des intérêts des
entreprises a conduit à adopter la formation comme facteur de
régulation des problématiques d'emploi et d'apprentissage. Pour
palier à ces manques, l'État a mis en place le certificat de
capacité professionnel en 1911, qui devient le certificat d'aptitude
professionnelle (CAP) à travers la loi Astier votée en 1919. Les
CAP correspondaient à des cours professionnels et obligatoires qui
permettaient de valider des qualifications liées aux métiers.
Ainsi, nous constations le début des formations « en alternance
» hors de l'entreprise par des contenus plus théoriques, et en
entreprise par des contenus techniques. En s'appuyant sur ce dispositif,
certaines entreprises ont commencé à ouvrir leurs propres
écoles d'entreprises. Néanmoins, ces dispositifs conduisant
à des différences marquantes entre les besoins de l'entreprise et
du salarié. La volonté d'uniformiser les contenus des examens
pour certains CAP a abouti aux circulaires du 3 juin 1926 et du 8 avril 1927
qui ont permis le « regroupement de 112 métiers industriel en huit
familles imposant un règlement général d'examen » et
distinguant les métiers à caractère général
de ceux à caractère local et régional3. Pendant
cette période, l'État luttait pour garder le monopole de la
formation, tandis que les entreprises occupaient de plus en plus de place.
Durant la Seconde Guerre Mondiale, entre 1941 et 1943, les
centres de formation professionnels sont apparus à la demande de la
direction de l'enseignement technique, pour lutter contre le chômage des
jeunes. En ce qui concerne le contexte-post de la Seconde Guerre Mondiale, la
situation de la France est urgente, un plan de reconstruction de la France est
mis en oeuvre avec la création de la FPA (Formation Professionnelle des
Adultes). Des formations voient alors le jour pour répondre aux besoins
de main-d'oeuvre et de qualification. Le principe était d'apporter des
nouvelles qualifications aux personnes sans emploi ou
déjàÌ en emploi mais qui souhaitent se former.
Cependant, les tâches qu'effectuent les ouvriers ne nécessitent
pas un savoir-faire important. De ce fait, l'État va mettre en place une
loi-cadre qui permettra aux travailleurs d'évoluer dans le cadre d'une
formation et de favoriser la promotion sociale. Ainsi, en 1959, la loi
Debré est adoptée et repose sur le conventionnement et la
promotion sociale4.
3 Brucy, G. (2012). La légitimité du CAP
: une conquête de haute lutte. Revue française de
pédagogie. Recherches en éducation, (180), 9-18
4 Benoist, P. (2004). Michel Debré et la
formation professionnelle 1959-1971. Histoire de l'éducation,
(101), 35-66.
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Le constat est qu'à la fin des années 50, le
métier de formateur n'est pas encore reconnu mais le besoin y est
éprouvé5.
Au cours de la période des Trente-Glorieuses
(1945-1973), nous sommes dans un contexte socio-économique assez
critique avec une multiplication des chômeurs et de population vivant
avec le SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti)6 qui
accompagne le plan de reconstruction de la France. En 1966, pour sortir de
cette crise, on assiste à un accord signé entre le patronat et le
syndicat qui aboutit aux congés de formation. En 1970, il serait
désormais possible de se former sur son temps de travail grâce
à l'accord ANI7 (accord national interprofessionnel) qui
permet aussi d'instaurer le congé individuel de formation (CIF) : les
salariés pourront se former sur leurs périodes de travail mais
sans rémunération en contrepartie, et la formation devra se
dérouler post-travail.
Désormais, avec la montée des organismes, la loi
Delors du 16 juillet 1971 introduit la notion de formation professionnelle
continue qui devient une obligation nationale (loi Jules Ferry8). Il
serait alors à la charge des entreprises de plus de 10 salariés,
une obligation de dépense de formation à un taux de 0,80% de la
masse salariale brute. Cela aboutit à un marché de la formation
de plus en plus privé reposant sur les modalités d'offre et de
demande.
Avec l'amplification des textes sur la formation, le
métier de formateur commence à se consolider9.
À la fin du XXème siècle, le contexte
économique fait paraître qu'il est nécessaire
d'élargir l'accès à la formation pour un plus grand nombre
d'employés. En effet, face à l'amplification des organismes de
formation, la loi met en place « un droit de consommateur et
également un droit à la qualification » (OPQFC10)
pour les organismes de formation.
5 Laot, F. F., & de Lescure, E. (2006). Formateur
d'adultes. Entre fonction et métier. Recherche et formation,
(53), 79-93.
6 Paugam, S. (2002). Chapitre premier. Les
«trentes-glorieuses» et la pauvreté. Quadrige,
27-50.
7 Luttringer, J. M., & Seiler, C. (2005, août).
Les négociations sur la formation: la branche devient le cadre
privilégié de définition des politiques de formation
(publication n°31.1). Dares.
8 Benoist, P. (2004). Michel Debré et la
formation professionnelle 1959-1971. Histoire de l'éducation,
(101), 35-66.
9 Laot, F. F., & de Lescure, E. (2006). Formateur
d'adultes. Entre fonction et métier. Recherche et formation,
(53), 79-93.
10 L'Office professionnel des qualifications des organismes de
formation et des conseils qui devient l'ISQ (Qualification des Services
Intellectuels)
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En 1991, toute entreprise a pour obligation de financer la
formation. En 1993, la formation est réorganisée et les OPCA
(organismes partiaires collecteurs agrées)11 sont
créés. Cette réorganisation permet aux salariés de
pouvoir se former durant leur temps de travail compris dans le plan de
formation de l'entreprise.
Selon M.Monville et D.Léonard (2008), «
l'intérêt de la formation s'est accentué dans les
années 1990 » par l'importance accordé à l'innovation
et au renouvellement des connaissances permanentes.
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