Pour conclure sur cette thématique, il semble
primordial de susciter l'intérêt d'intégrer le digital dans
les méthodes traditionnelles, pour répondre aux besoins du
marché concurrentiel et pour l'évolution du métier de
formateur. Il faudrait rendre compte des profits
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qu'ils peuvent tirer des fonctionnalités de la
plateforme. Les répondants mentionnent les possibilités de suivre
plusieurs groupes en même temps, d'individualiser la formation selon les
besoins de chaque formateur et de partager plus aisément leurs richesses
en ligne auprès de sa communauté. Pour cela, il faut que les
différentes parties puissent avoir une communication d'informations
claires et précises. Néanmoins, cela nécessite une
renormalisation qui va donc dans le sens et la
capacitéì de la personne. Pour que ça soit
applicable par tous, le rôle des ingénieurs de formation est
primordial. Il faut qu'ils puissent susciter l'intérêt et
évoquer les avantages qui peuvent résulter de cette nouvelle
pratique, tant pour la formation de nos jours, que pour l'évolution de
la posture du formateur.
Thématique 3 :
Nous partons de l'hypothèse que si nous souhaitons que
le changement s'opère dans de bonnes conditions, les formateurs doivent
se sentir concernés par les différents enjeux qui sont en place.
Cette approche peut se faire de façon individuelle en allant à la
rencontre de chaque formateur mais aussi de façon collective en
organisant des réunions d'échange entre communautés de
pratiques. Le but étant d'instaurer un accompagnement
personnalisé pour le formateur afin de lever les freins contre le
numérique. Pour cela, nous devons avoir connaissance de ce qui semble
important pour les formateurs pour avoir une bonne acculturation et une bonne
expérience du numérique.
Ainsi, d'après les réponses que nous avons
obtenues, au-delà de la formation il faudrait continuer à les
suivre pour qu'ils puissent être pleinement à l'aise avec les
outils digitaux : « Il faut qu'on soit vraiment bien au top, tu vois
de manière à ce que même si on fait les choses à
distance, que le stagiaire pose une question sur l'appareil numérique tu
puisses tout de suite répondre à sa demande » (E5,
annexes, lignes 1663-1665)
Cela permettra de renforcer l'acculturation et l'assurance
des formateurs en cas de problématiques des stagiaires. De plus, ce
suivi pouvait être aussi à l'avantage des formateurs dits novices
qui auront, certainement, besoin de plus d'appui que ceux qui sont à
l'aise avec le digital : « Tu vois, un suivi plus un peu comme
ça ça peut être pas mal, y'en a qui vont se
débrouiller tout seul et ils auront besoin de rien, ça pas de
problème mais tu vois peut-être pour des gens qui sont un peu
novices ou des gens qui ont envie justement peut-être de participer au
développement de ce truc-là » (E4, annexes, lignes
1453-1456).
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A partir de ce point-là, le souhait des ateliers de
formation recentrés sur les besoins des formateurs est à nouveau
mentionné : « On revient sur les ateliers d'avant, je dirais
que c'est une des premières solutions car une personne
réfractaire c'est une personne qui connaît pas, qui a peur du
nouveau, de se planter, de pas pouvoir utiliser les supports et les outils qui
sont mis à sa disposition et parce que c'est nouveau. Tout ce qui est
nouveau nous fait peur souvent parce qu'on sort de sa zone de confort et donc
soit pour le formateur comme pour l'apprenant, ça peut être
perturbant. » (E1, annexes, lignes 275-279)
En outre, l'acculturation passera d'abord et toujours par
susciter de l'intérêt : « Je pense que déjà
il faut que ça t'intéresse, ça je pense que c'est c'est
une des premières choses. » (E4, annexes, lignes 1409-1410)
qui nécessiterait d'écarter les craintes par rapport à
l'environnement changeant « Ça demande de changer un peu de
mentalité surtout et faut les aider. Le problème c'est qu'il ne
faut pas que la personne qui découvre l'environnement soit
découragé, c'est la principale crainte » (E1, annexes,
lignes 284-286).
Notre prise de poste, en tant qu'ingénieur de
formation, a aussi été évoqué dans les
réponses. Globalement, les formateurs semblent être satisfaits des
méthodes que l'on tente de mettre en place. Cependant, nous sommes
conscients qu'il y a encore des aspects à améliorer.
Premièrement, dès notre prise de poste nous
avons lancé des rencontres auprès des formateurs pour
échanger avec eux sur les outils digitaux. Le fait que nous nous
déplaçons, a fait que nous étions reconnus auprès
d'eux et, en cas de difficulté, ils savaient qu'ils pouvaient nous
solliciter : « Déjà, venir nous voir comme vous
faites-vous, ça moi je trouve que c'est génial parce qu'on vous
connait, on sait qui vous êtes, vous êtes identifiés on sait
qui vous êtes donc ça c'est déjà cool »
(E4, annexes, lignes 1441-1442).
Deuxièmement, en parallèle de ces visites, nous
avons aussi accompagné des formateurs individuellement pour qu'ils
puissent, au mieux, s'approprier l'outil : « vous avez un regard
déjà bienveillant ensuite vous êtes disponible, moi c'est
ce que j'ai vécu là en début de l'année, parce que
c'est là qu'on s'est rencontré. Pour moi, vous avez un regard
d'expert en adaptant votre connaissance à ma connaissance à moi,
donc une pratique pédagogique avec une proximité donc
voilà c'est comme ça que je le vis » (E3, annexes,
lignes 1002-1003).
Cependant, il nous ait aussi demandé de renforcer la
formation, l'accompagnement mais aussi l'environnement numérique, qui ne
dépend pas de nous : « Voilà qu'il suscite de
l'intérêt, qu'il donne envie d'avoir envie et que en partant ils
ne disent pas bah voilà il est
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venu faire un discours il s'en va [...] (E7, annexes,
lignes 12413-l414) Du coup, qu'il ait la garantie que le matériel
fonctionne partout et que la même politique est appliquée dans
tous les centres » (E7 , annexes, lignes 2515-2517).
Être ingénieur de formation suppose d'avoir ce
regard neutre, prendre en compte l'évolution de vie de chacun, avoir de
l'empathie et de la bienveillance à l'égard des formateurs pour
qu'ils se sentent en confiance et à l'aise pour cet avancement.
L'accompagnement de l'ingénieur de formation,
référent de la plateforme de formation et de la
multimodalité, est un acteur principal pour l'engagement des formateurs.
Ces derniers ont souhaité un suivi plus renforcé et
régulier : « Il faut qu'il y ait un pro de la plateforme qui
puisse nous donner du support et nous expliquer certaines choses qu'on ne
connaît pas parce qu'on sait pas » (E1, annexes, lignes
227-229), « Puis à renouveler et avoir un suivi surtout parce
que tu vois si tu fais ça une fois par an, c'est pas forcément
super pertinent donc peut-être une fois tous les 6 mois c'est mieux quoi.
» (E4, annexes, lignes 1342-1343), avec des réunions avec la
communauté de formateur pour les tenir au courant des évolutions
sur la plateforme. D'après E1, « Éventuellement,
même un jour un jour tous les mois ou tous les 2 mois sur métis
pour faire quelques rappels pour voir les changements, faire des
réunions pour l'évolution du projet [...] mais par rapport
à mon expérience c'est mon ressenti, il faudrait un peu plus
d'appui » (E1, annexes, lignes 233-234).