Marketing territorial et études de cas de la ville de Salé.par Lamiae Kabbaj Université Mohammed V Rabat - Licence fondamentale en Management 2020 |
3. Analyse des caractéristiques socio-économiques de la ville Salé :3.1. Structure démographique :L'ampleur de l'évolution de la variable démographique représente à l'heure actuelle l'un des principaux indicateurs du niveau de développement d'une économie donnée, comme elle peut constituer une des causes principales, grossissante de toutes les autres. Au Maroc, la population, après n'avoir été considérée par le premier plan quinquennal (1960-1964) que comme un facteur de blocage du progrès économique et social en raison de la faiblesse de son pouvoir d'achat et de son insuffisante formation, est devenue à partir du milieu des années 60, responsable, par son taux de croissance, de la persistance de la stagnation de l'économie nationale.Dès l'abandon du premier plan quinquennal 1960-1964, le planificateur marocain a considéré que toute action économique était vouée à l'échec dans la situation « d'explosion démographique » que connait le Maroc, situation dont la rupture préalable apparaissait dès lors comme la condition préliminaire pour amorcer le développement.17(*) Nous allons s'intéresser ici à la croissance de la population de la ville Salé au fil des années, et on va nuancer les raisons principales de cette explosion démographique qu'a connue cette ville.
Tableau 2 : Évolution démographique de la population 251640832Année
Chiffres : Abdellatif Fadloullah, Université de Rabat. Recensement général la population et del'habitat, Maroc18(*) Salé forme avec Rabat et Témara une conurbation de 1,66 million d'habitants (2005).Selon le recensement général de la population et de l'habitat de 2004 du Haut-Commissariat au Plan, la population de la seule Salé avoisinait 800 000 personnes. Avec 12 000 urbains qui s'ajoutent chaque année, Salé devrait atteindre une population d'un million d'habitants vers 202019(*) La colonisation française de 1912 a donné à la ville de Salé et au Maroc tout entier avec l'Espagne, un élan d'urbanisation remarquable avec la création d'un ensemble de villes nouvelles à côté des médinas anciennes. C'est cela qui a contribué à l'évolution démographique de la population de Salé qui a explosé de 1912 à 1952 avec un taux d'accroissement de 147 %20(*) Avant l'indépendance du Maroc de 1956, la ville Salé fut reléguée au second plan par l'administration française et y resta même après le départ des Français. Rabat fut établie la capitale du royaume en 1912 (date du début du protectorat français) et réoccupa la première place.La ville jusqu'ici est devenue une grande ville administrative, tandis queSalé fut au fil des années peu à peu abandonnée et marginalisée par l'administrationbien qu'elle demeure encore un centre religieux et culturel face à sa voisine européaniséeet aujourd'hui apparentée à une « ville-dortoir ». Lors de la première organisation territoriale du Maroc en 1955, Salé était donc intégrée à la région, puis à la province de Rabat en 1956 tandis que Rabat, devenait chef-lieu de la préfecture du même nom. Après l'indépendance du Maroc en 1956, l'exode rural continuait et la ville connait une forte croissance démographique qui touche la totalité des zones qui entourent la médina20(*). Salé comptait en 1960 près de 77 000 habitants (comme marqué sur le tableau 2). La ville connait ensuite deux grandes explosions démographiques entre 1982 et 1994 (environ 77 % d'accroissement avec 252 000 habitants en plus), puis entre 1994 et 2004 (31 % d'accroissement mais plus de 181 000 habitants supplémentaires). À partir de 2004, Rabat qui comptait en 1994 environ 6 % d'habitants en plus, a été rattrapée par Salé qui compte désormais 22 % d'habitants supplémentaires21(*). Kenneth L. Brown (2011) le confirmeet explique que la poussée vigoureuse et désordonnée de l'urbanisation est « le prix élevé payé par Salé pour la croissance urbaine de Rabat ». Il rajoute qu'il n'y avait pas de possibilité d'extension de Rabat qu'au-delà du Bouregreg, sur la rive droite de la rivière, à Salé. Il n'est donc pas étonnant de voir surtout les couches moyennes inférieures, modestes et pauvres, travaillant à Rabat et ne trouvant pas à s'y loger, se déverser littéralement sur Salé. Cette pression continue s'est traduite par la forte émergence de nouvelles formes de croissance urbaine sous-intégrées, bidonvilles et surtout lotissements dits « clandestins », par ce qu'ils ne sont pas conformes à la réglementation en vigueur en matière d'urbanisme moderne. « Salé subit la modernisation, sans en connaître les avantages et ce qui constitue une rupture par rapport à l'ordre urbain de la vieille ville, elle-même connaissant l'afflux des gens venus d'ailleurs »22(*) On constate alors que la croissance de la population de cette ville est due en grande partie à l'exode rural qu'a connu cette ville. Toutefois, la région connait une urbanisation relativement intense méritant toute l'attention nécessaire, vu les conséquences socio-économiques qu'elle entraîne et qu'elle ne manquera pas d'entraîner à l'avenir. D'autre part, la population de la région est extrêmement jeune puisque 28,2% des personnes sont âgés de moins de 15 ans. 38,2% ont moins de 20 ans et 56,8% ont moins de 30 ans. De plus, la population en âge d'activité (15-59 ans) représente 64% de la population. En fin, lapart de la population de 3ème âge (60 ans et plus) ne représente que 7,6% de la population. Graphique 1 : Evolution de la Population légale par préfecture ou province entre les Recensement Général de la Population et de l'Habitat (RGPH) 2004 et 2014 251650048 251657216Source : L'annuaire Statistique Régional régionRabat-Salé-Kenitra de 201723(*) * 17M. Lahlou, La variable démographique dans la politique économique marocaine https://books.openedition.org/iremam/2420#tocfrom2n4 * 18Abdellatif Fadloullah, Université de Rabat, Maroc, « Explosion urbaine et maîtrise de la croissance des grandes agglomérations marocaines : le cas de la capitale », Université du Maine Le Mans (France)/CNRS https://fr.wikipedia.org/wiki/Sal%C3%A9#cite_note-d%C3%A9mog-112 * 19 / 19 Wikipédia partie « démographie ». * 20 Leila Messaoudi, Urbanisation linguistique et dynamique langagière dans la ville de Rabat, Cahiers de Sociolinguistique, (2001) p. 134, 135. * 21 Abdellatif Fadloullah, Université de Rabat, Maroc, « Explosion urbaine et maîtrise de la croissance des grandes agglomérations marocaines : le cas de la capitale », Université du Maine Le Mans (France)/CNRS (consulté le 3 juillet 2013). * 22 Kenneth L. Brown, Les Gens de Salé : Tradition et changement dans une ville marocaine de 1830 à 1930 [« People of Salé: Tradition and Change in a Moroccan City, 1830-1930 »], Casablanca, Eddif, coll. « Essai », 2001 (1re éd. 1976) * 23https://www.hcp.ma/region-rabat/attachment/1821320/ |
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