2- Les réponses générales de coping
des adolescents bien portants en situation scolaire
Quelques chercheurs se sont penchés sur l'étude
du coping dans des populations générales d'adolescents en
situation scolaire et ont permis de mettre en lumière certaines
différences. Les stratégies de coping utilisées par les
adolescents varient en fonction du type d'événement stressant, du
sexe ou de l'âge. D'autres travaux montrent aussi clairement des liens
entre les styles de coping utilisés par les adolescents et certaines
psychopathologies, toutefois dans notre revue, nous nous en tiendrons aux
études scientifiques relatives à des populations d'adolescents
bien portants.
Ainsi, Stark, Spirito, Williams et Guevremont (1989) ont
mené une recherche portant sur l'étude du coping de 704
adolescents de 14 à 17 ans issus d'écoles
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secondaires. Le coping a été mesuré
à la fois de façon générale, et à partir
d'un problème vécu au cours du dernier mois, problème qui
devait être identifié par chaque adolescent(e). Leurs
résultats indiquent que le choix des stratégies utilisées
ainsi que l'efficacité des stratégies telle que perçue par
les adolescents, varient en fonction du problème rencontré. Plus
exactement, lorsque les adolescents sont confrontés à un
problème impliquant leur soupirant (e), ils utilisent un plus grand
répertoire de stratégies à une fréquence plus
élevée que lorsque le problème concerne l'école ou
un parent.
Dans une perspective similaire, plusieurs études furent
menées par Seiffge-Krenke (1993) auprès de 1028 adolescents de
nationalités différentes (allemande, finlandaise et
israélienne), dont l'âge est compris entre 12 et 19 ans. Il
ressort de ses analyses que les adolescents s'adaptent bien à leurs
difficultés et utilisent surtout un coping « fonctionnel» dans
les huit sphères de problèmes étudiées. Le style
« coping actif » domine, suivi du « coping interne » dans
toutes les sphères de problèmes. Le coping « dysfonctionnel
» n'est utilisé que rarement.
Une étude australienne faite par Frydenberg et Lewis
(1993) chez des adolescents démontre que le style le plus
fréquemment utilisé est productif, suivi par le style non
productif et, finalement, le style référence aux autres. Plus
précisément, ces chercheurs notent que les stratégies les
plus utilisées sont : se détendre, se divertir, travailler
à résoudre le problème et faire de l'activité
physique. Celles qui sont les moins utilisées sont : rechercher de
l'aide spirituelle, rechercher de l'aide professionnelle et entreprendre des
actions sociales. L'étude québécoise de
Pépin-Filion, Pronovost et Leclerc (1999) confirme les résultats
de l'étude de Frydenberg et Lewis (1993).
Les travaux de Plancherel, Bolognini et Nunez (1993),
auprès d'un échantillon d'adolescents suisses-français
démontrent que les adolescents utilisent surtout des stratégies
« productives » comme se relaxer, s'engager et s'investir
auprès d'ami(e)s
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proches. Par ailleurs, des stratégies comme la
recherche d'aide professionnelle et la diversion étaient rarement
mentionnées.
En 1994, Frydenberg et Lewis ont encore mesuré le
coping chez des étudiants australiens âgés entre 16 et 18
ans à travers trois champs de problèmes distincts
(l'accomplissement, les relations et les problèmes sociaux).
D'après leurs résultats, les stratégies utilisées
par les étudiants forment un style dominant de coping
généralement adopté pour affronter les problèmes
provenant des trois champs, avec des variations dans le choix de certaines
stratégies selon la nature du problème rencontré. Par
exemple, les stratégies de résolution de problème, de
rechercher du soutien social, de s'accuser et de garder pour soi sont
utilisées davantage pour les champs « accomplissement » et
« relations » que pour le champ « problèmes sociaux
», alors que la pensée magique est utilisée dans la
même mesure pour les trois champs de problèmes.
Frydenberg et Lewis (1996) ont également observé
en milieu scolaire, que les adolescents masculins qui utilisent un style de
coping productif (par exemple, des stratégies comme « travailler
fort pour réussir », « résolution de problème
» et « soutien social ») sont avantagés dans leurs
résultats scolaires et ont tendance à performer mieux que ne
pourrait le prédire un test d'intelligence. Des stratégies comme
« ne rien faire », « ignorer le problème » et «
réduction des tensions » sont négativement reliées
à la réussite académique des adolescents. De plus,
l'acceptation, le fait de se centrer sur le positif, de s'adonner à des
activités physiques seraient liés à un plus grand
bien-être (Frydenberg & Lewis, 2002).
Les résultats de Parsons, Frydenberg et Poole (1996)
lors d'une étude auprès d'un échantillon de garçons
adolescents surdoués appuient ces résultats; les
stratégies les plus utilisées visent la résolution de
problème (travailler fort et travailler à résoudre le
problème), la pensée positive (se centrer sur le positif) et le
divertissement (se détendre, se divertir et faire de l'activité
physique).
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Morin et Pronovost (1997), à partir de leur recherche,
indiquent que les adolescents provenant d'une population d'étudiants
québécois de niveau secondaire choisissent des modes de
réponse issus d'un style de coping « productif » pour
affronter leurs difficultés. Les étudiants
québécois emploient surtout des stratégies comme chercher
à se détendre et se divertir, travailler fort pour réussir
et la résolution de problème.
Il est à noter par ailleurs que la provenance des
participants est un facteur à même d'entrainer une variance dans
les résultats. À titre d'exemple, Frydenberg et Lewis (1993)
comparent les différentes stratégies d'adaptation
utilisées par trois groupes d'adolescents: les australiens anglais, les
australiens européens et les australiens asiatiques. Les australiens
anglais ont tendance à utiliser davantage de stratégies visant la
réduction de tension et s'inquiètent moins que les autres
groupes. En revanche, les australiens européens utilisent davantage de
support spirituel que les deux autres groupes d'adolescents. Pour finir, les
australiens asiatiques seraient plus enclins que les autres à faire face
aux situations stressantes en travaillant fort et en recherchant de l'aide
professionnelle.
Dans une autre étude dont les résultats ont
été publiés en 2003, Frydenberg et ses collaborateurs ont
mis de l'avant qu'il existe des différences au niveau des
stratégies de coping utilisées par des adolescents de
différentes origines ethniques. Leur étude portait sur de jeunes
Australiens, Colombiens, Allemands et Palestiniens (cité dans Bergevin,
2012). Ils ont notamment observé que les Colombiens et Palestiniens
avaient davantage tendance à rechercher le support spirituel que les
Australiens et les Allemands. Puisque les facteurs culturels, religieux ou
ethniques amènent des différences à la fois pour les
garçons et pour les filles, il se peut que lorsque ces aspects ne sont
pas pris en compte, des différences entre les diverses études
soient observées en ce qui concerne le genre (Plourde, 2015).
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Des recherches démontrent aussi quelques
différences quant aux styles de coping utilisés selon l'âge
des participants. Il semblerait qu'il y ait une proportion significative de
stratégies non productives avant l'âge de 15 ans avec une
augmentation dans l'utilisation de stratégies de coping tous styles
confondus, entre 14 et 16 ans (Frydenberg, 2004). Seiffge-Krenke, Aunola et
Nurmi (2009) ont de leur côté révélé une
augmentation du niveau de stress perçu entre le début de
l'adolescence jusqu'à l'âge d'environ 15 ans, pour ensuite
commencer à descendre. Cela pourrait expliquer l'accroissement des
stratégies d'adaptation utilisées vers l'âge de 15 ans,
même si Ebata et Moos (1991, 1994) l'expliquent par une maturation qui
rend possible l'usage de stratégies cognitives plus complexes.
En résumé, les travaux recensés montrent
que les adolescents utilisent un répertoire varié de
stratégies leur permettant de s'adapter à leurs
difficultés plutôt que de privilégier une seule
stratégie. La nature des stresseurs et des évènements de
vie, l'âge et le sexe, influence l'utilisation des stratégies de
coping. Par ailleurs, les résultats des recherches indiquent une
utilisation plus grande du style productif et du style de coping
référence aux autres, chez les adolescents en bonne santé,
pour faire face à leurs difficultés en général.
Frydenberg (1997) souligne toutefois l'importance de préciser qu'il
n'existe pas de bonnes ou de mauvaises stratégies de coping en soi, tout
dépend des particularités de la situation
problématique.
Au total, la revue des travaux révèle que le
stress scolaire est déterminé par des facteurs tels que les
classes du secondaire, le sexe, l'âge, la perception de l'école et
des tâches scolaires par les élèves. En ce qui concerne les
styles de coping utilisés par les adolescents, il ressort que leur
ajustement face aux difficultés, est le plus souvent orienté vers
le style productif et le style référence aux autres. Ces deux
styles de coping sont associés au bien-être ou à une
meilleure adaptation; ils apparaissent donc plus propices que le style de
coping non productif à réduire le stress scolaire ou
l'empêcher de s'intensifier.
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En effet, le coping productif à travers des
stratégies comme « travailler fort pour réussir »,
« se centrer sur le positif » ou « se détendre, se
divertir », canalise les efforts de l'adolescent vers la mise en oeuvre de
comportements visant à résoudre les problèmes.
L'élève qui a tendance à utiliser ce type de
stratégies focalise son attention sur la résolution des
problèmes et se montre assez actif en vue d'accroitre ses performances
et sa satisfaction au travail; il est productif et sait aussi s'investir dans
des loisirs et réduire ainsi le stress scolaire par des loisirs. Un tel
élève devrait donc logiquement présenter un stress
scolaire à un niveau moindre.
Le coping référence aux autres, démontre
quant à lui, des tentatives chez l'élève pour rechercher
du soutien dans l'entourage, ou imiter d'autres modèles de
réactions face aux problèmes. Demander de l'aide à des
personnes qualifiées par exemple, est une stratégie qui peut
contribuer à baisser l'intensité du stress scolaire si
l'élève obtient le soutien ou l'information recherché(e).
Toutefois, entre un élève au coping référence aux
autres et un élève au coping productif, le niveau de stress
scolaire devrait être plus bas chez l'élève au coping
productif, dans la mesure où ce dernier présente une meilleure
maitrise dans son comportement d'adaptation, compte sur ses propres
capacités à gérer ses difficultés et la tension
émotionnelle. Il est plus capable d'envisager des solutions
variées pour composer avec les problèmes quotidiens et donc de
mieux évacuer le stress scolaire.
Enfin, le style non productif dénote des
stratégies passives telles que « ne rien faire » ou «
s'accuser, se blâmer », qui ne traitent ni le problème, ni
les émotions négatives. Aussi, les efforts d'un
élève qui penche pour un tel style de coping ne s'avèrent
pas efficaces à trouver des solutions aux problèmes. Face au
stress scolaire, l'élève ne fait rien, passe son temps à
se plaindre sans chercher sérieusement à résoudre ses
difficultés. Le niveau de stress scolaire de cet élève
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devrait donc être plus élevé,
comparé à un autre élève au style productif ou
référence aux autres. D'où les hypothèses
ci-après.
3- Les hypothèses de la
recherche
Hypothèse Générale
H : Il y a une relation entre le style de coping des
élèves de 3ème et terminale d'Abidjan et leur
niveau de stress scolaire.
Hypothèses opérationnelles
H.1 : Les élèves de 3ème et
terminale au style de coping non productif expriment un niveau de stress
scolaire supérieur à celui de leurs pairs au style de coping
productif.
H.2 : Les élèves de 3ème et
terminale au style de coping non productif expriment un niveau de stress
scolaire supérieur à celui de leurs pairs au style
référence aux autres.
H.3 : Les élèves de 3ème et
terminale au style de coping référence aux autres expriment un
niveau de stress scolaire supérieur à celui de leurs pairs au
style de coping productif.
La vérification de ces hypothèses reposera sur
une démarche méthodologique portant sur la caractérisation
des variables à l'étude, les instruments de recueil des
informations et le traitement des données collectées. Cette
démarche est exposée au chapitre suivant.
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DEUXIÈME PARTIE :
CONSIDÉRATIONS
MÉTHODOLOGIQUES
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