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Le législateur OHADA dans l'harmonisation du droit bancaire.


par Maxime TAKPONON
Université de Parakou - Master en Stratégie et Ingénierie Juridique des Entreprises 2018
  

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Paragraphe 2: Une difficulté présente dans la réalisation d'un acte uniforme portant sur le droit bancaire

Le traité OHADA ne traite pas du droit bancaire pour plusieurs raisons techniques (A). Aussi, le législateur fait face à un risque de conflit de juridictions (B).

A- Les raisons techniques

L'une des principales raisons techniques qui empêchent la réalisation par le législateur OHADA d'un support législatif bancaire est la présence d'un dispositif réglementaire déjà existant. L'UEMOA le consacre entièrement. En effet, le droit bancaire à fait l'objet d'une importante réforme quasi parallèlement dans les zones CEMAC et UEMOA au cours des quinze dernières années. Ceux-ci harmonisent déjà la réglementation bancaire disponible, selon les régions. Ainsi, contrairement à certains pans de l'harmonisation voulue par le législateur OHADA qui faisaient office de vide juridique, le droit bancaire a toujours été marqué par l'existence et la diversité de ses sources. On connait par exemple la pléiade des circulaires et décisions des autorités monétaires et l'importance que chacune d'elles revêt dans le domaine. Face à cet état des choses, les rédacteurs du traité OHADA, même s'ils conviennent à une prise en compte prochaine d'une réglementation du domaine bancaire, se demandent comment ils procéderont face aux dispositions réglementaires en place, qui semblent avoir tout prévu. L'une des solutions envisagées par l'OHADA serait, le moment venu, de confier à la CEMAC et à l'UEMOA la rédaction des avants projets d'actes uniformes concernant le droit bancaire. Les rédacteurs du traité envisagent également d'aller sur le terrain de la pratique bancaire relative aux différents instruments de paiement. Ici également, il faudra impérativement tenir compte de l'importante réglementation déjà disponible sur le sujet, et qui prend en compte les deux régions incluses dans l'espace OHADA. Certains enjeux ressortent de cette réflexion, et dont le législateur OHADA pourrait saisir les opportunités qui y découlent. Il y a notamment l'impact des nouvelles technologies dans le milieu bancaire. S'il est vrai que la réglementation bancaire est assez fournie, elle n'a pas encore tenu compte des nombreuses évolutions technologiques qui accompagnent le secteur. Ce serait donc une occasion pour le législateur OHADA de s`affirmer en apportant des innovations.

B- Le risque de conflit de juridictions

Avec la présence de plusieurs systèmes de d'encadrement et de réglementation de l'activité bancaire, qui revendiquent leur légitimité en tout état de cause, la question non négligeable d'un conflit de juridictions pourrait naitre. En effet, le législateur OHADA a prévu, pour tous les pays membres, le règlement des litiges par la Cour Commune de Justice et d'Arbitrage (CCJA) qui est assez complète. Ainsi, le Juge OHADA dispose de trois attributions : une juridictionnelle ; une consultative et une arbitrale. La principale fonction de la CCJA est juridictionnelle. À ce titre, elle est juge de cassation dans tout litige concernant les matières relevant de la législation de l'OHADA qui, selon le traité fondateur, couvrent actuellement neuf domaines, dont le Droit Commercial Général et le Droit des Sociétés Commerciales, auquel appartient l'entreprise bancaire. En tant que juge de cassation, la mission principale de la CCJA est d'assurer l'interprétation et l'application communes des textes de l'OHADA dans les matières énumérées ci-dessus. Elle peut être saisie d'un pourvoi en cassation contre les décisions rendues par les cours d'appel dans ces matières et dans certains cas, contre les décisions rendues en premier et dernier ressort par les juridictions inférieures. Elle est également juge de cassation pour les sentences arbitrales et les décisions statuant sur les recours en annulation des sentences rendues dans les 17 États Parties de l'OHADA. En cas de cassation d'une décision, la CCJA peut évoquer l'affaire au fond, c'est-à-dire se substituer au juge du premier degré, examiner l'affaire et la rejuger. Ainsi, le juge OHADA a les pleins pouvoirs. Cependant, l'UEMOA a sa propre Cour de règlement de litiges, ce qui pose la question de la norme applicable. Ici encore, le législateur OHADA n'est pas allé en profondeur sur le terrain de l'exercice de l'activité bancaire. Face à la présence de plusieurs entités juridictionnelles, les acteurs du monde de la banque seront prêtés à confusion, ou pourraient même privilégier la juridiction la plus douce selon leurs infractions du moment. Le législateur OHADA gagnerait donc à clarifier les choses en adoptant un statut juridictionnel unique dans le domaine.

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