B- L'incoordination des critères de
convergence
La convergence des politiques économiques
a lieu lorsque plusieurs pays pratiquent des politiques économiques
coopératives. Ces dernières sont fondées sur la poursuite
d'objectifs communs ou proches et contrôlées par l'existence de
mécanismes de surveillance multilatérale. Ceux-ci quant à
eux sont destinés à garantir la conformité des politiques
économiques nationales avec les objectifs préalablement
fixés. Une fois de plus, l'exemple de la CEMAC montre que les
économies de la zone n'ont pas non plus enregistré une
convergence sur le plan réel. Cela peut être illustré par
l'état d'avancement des grands chantiers communautaires, comme
l'édification du marché commun, le développement des
infrastructures, etc. En ce qui concerne le marché commun, s'il
est vrai que le tarif préférentiel
généralisé (TPG) mis en place en 1994 a atteint le taux 0
en1998 entre les six États de la CEMAC, il reste que les échanges
intracommunautaires n'ont pas enregistré de progrès
significatifs. En raison des politiques fondées sur les
préférences nationales, les échanges à
l'intérieur de l'Afrique ont représenté environ 6 %
seulement du total des flux commerciaux avec l'extérieur entre 1995 et
2005; alors que les échanges commerciaux intracommunautaires
atteignaient à peine 3 % de la valeur totale des échanges,
soit 119 milliards de FCFA. Les préférences se manifestent par le
fait que les politiques des États vont très souvent à
contre-courant des dispositions arrêtées au niveau des instances
communautaires . En conséquence, des pays qui ne font pas face aux
mêmes distorsions budgétaires ne seraient pas des partenaires
idéaux pour une union monétaire, parce que l'action de la banque
centrale aurait des effets fâcheux pour certains ou la totalité
d'entre eux. Deuxièmement, l'union monétaire africaine est
motivée par la volonté de contrecarrer ce qui est perçu
comme des faiblesses économiques et politiques. Par
exemple, les groupements régionaux pourraient aider l'Afrique à
négocier des accords commerciaux qui lui sont favorables, à
l'échelle mondiale (dans le cadre de l'Organisation mondiale du
commerce) ou bilatérale (avec l'Union européenne et les
États-Unis).Les pays de la zone euro disposent de moyens de
communication et de transport bien meilleurs que les pays africains. Aussi
l'Afrique ne peut-elle s'attendre à réaliser les mêmes
économies d'échelle, ni à voir les coûts de
transaction diminuer autant -- même en proportion de son poids
économique. La forte spécialisation des pays africains fait que
leurs termes de l'échange sont soumis à des chocs
considérables, qui souvent ne sont pas liés aux mêmes
produits et n'évoluent donc pas tous dans le même sens. Ni les
caractéristiques structurelles des économies africaines, ni les
outils de politique économique disponibles ne laissent attendre une
adaptation facile à ces chocs.
Le NEPAD -- initiative parallèle au projet d'union
monétaire -- reconnaît que la pression de groupe en Afrique peut
aider à la réalisation de ses objectifs, qui sont
d'accélérer la croissance et d'améliorer la gouvernance et
les politiques économiques. S'il est trop tôt pour juger de
l'efficacité du NEPAD, celui-ci dispose du potentiel nécessaire
pour s'attaquer aux causes les plus importantes des déficiences du
processus décisionnel en Afrique. Une amélioration de la
gouvernance et des politiques nationales faciliterait à son tour
l'intégration économique régionale, notamment l'union
monétaire.
|