5.2. LOCALISATION DES PRATIQUES LINGUISTIQUES
RÉELLES
Nous avons observé les enquêtés dans
divers lieux, dans la rue (39,05% des cas d'interactions), au marché
(25,71%), dans des domiciles (15,24%), dans des écoles (14,29%) et dans
les lieux publics (institutions administratives, 5,71%).
Dans les rues de Gamboma, un grand
nombre d'interlocuteurs s'expriment en langues véhiculaires, soit 29,52%
; 7,62% d'interactions se font en langues vernaculaires. Cette domination des
langues véhiculaires ne contredit en aucun cas les déclarations
des enquêtés : d'après les déclarations des parents
et des enfants avec leurs amis dans la rue, cette même tendance est
observée. Les interactions en deux langues différentes (une
langue véhiculaire et une langue vernaculaire) ont été
observées à 1,90%.
Au marché, les interactions
entre acheteurs et vendeurs se font en langues vernaculaires à hauteur
de 14,29%, et en langues véhiculaires à 11,43%. Cette situation
paraît contradictoire aux déclarations des enquêtés.
Selon leurs déclarations, les enquêtés se servent en
majorité des langues véhiculaires que des langues vernaculaires,
qu'il s'agisse des parents (69,02% avec les vendeurs congolais, 88,74% avec les
vendeurs étrangers) ou des enfants (95,05%) parce que le marché
est un lieu cosmopolite qui accueille les locuteurs de langues maternelles
différentes ; cela témoigne de la nécessité des
langues véhiculaires.
40 Nous ne tenons pas ici compte des
différences de pourcentages parce que l'effectif de l'échantillon
n'est pas le même dans les deux méthodes.
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Si la tendance est ici inversée, c'est parce que, la
plupart des acheteurs et vendeurs dans ces marchés sont des personnes
adultes. Or à Gamboma, la majorité des personnes adultes, soit
72,22% ont pour L1 une langue locale qu'ils maitrisent. Ainsi, s'ils ont la
même langue maternelle, se connaissent et se rencontrent au
marché, en qualité de vendeurs et acheteurs, ils n'ont pas besoin
de faire usage d'une langue véhiculaire entre eux. D'où cette
domination des langues locales. Les enfants quant à eux, utilisent moins
les langues vernaculaires au marché.
Les résultats des pratiques réelles dans
les domiciles dévoilent que les langues
véhiculaires sont employées à 12,38% contre 2,86% des
langues vernaculaires. Encore une fois le faible emploi des langues
vernaculaires par rapport aux langues véhiculaires est attesté
comme dans la méthode du questionnaire. Ces langues vernaculaires sont
employées dans la plupart d'interactions entre personnes adultes ou
encore entre conjoints et un peu moins entre eux et les enfants ou encore entre
enfants. Les véhiculaires le sont en grande partie dans les interactions
entre enfants.
À l'école, les
résultats sont les mêmes que ceux des déclarations des
enfants. Dans la cour de l'école les observations ont
révélé que ce sont les langues véhiculaires qui
sont exclusivement utilisées par les enfants.
Enfin, dans les lieux publics, les
langues véhiculaires dominent naturellement dans les interactions. La
raison en est que les enquêtés conçoivent que dans ces
milieux de travail, les individus communiquent en langues véhiculaires
surtout en langue officielle. Les langues vernaculaires sont faiblement
attestées dans des situations d'usage avec une langue véhiculaire
(l'un des interlocuteurs se servant d'une véhiculaire et l'autre d'une
vernaculaire), soit 1,90% sur 5,71% de cas observés.
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