B- La coopération en temps de conflits
armés
Les actes terroristes sont interdits par les Conventions de
Genève (C.G) de 1949 et par leurs Protocoles Additionnels (PA1 et PAII)
de 197787. Les deux textes internationaux inscrivent la
coopération internationale comme moyen pour interdire ses actes de
terrorisme en période de conflit armés. Ne dit-on pas que
« ce sont les hommes et non les entités abstraites qui
commettent des crimes88 ? » De ce fait, en tout temps,
aucun crime international ne saurait rester impuni même si il est dit
« qu'en temps de guerre, les lois se taisent ». Peut-on dire
qu'il ya absence de lois à l'existence d'un Droit International
Humanitaire (DIH) applicable en période de conflits armés ? Les
lois ne se taisent donc pas en période de conflits armés avec le
DIH. D'ailleurs, à la substance du DIH « on ne peut pas mener
une guerre humanitaire mais on peut rester humain dans la guerre
»89. Pour le Professeur Éric DAVID, le droit des
conflits armés a pour objectif essentiel d'apporter un peu
d'humanité dans la conduite des hostilités afin de limiter les
dommages90. Il existe alors des règles minimales à
respecter dont s'abstiennent les groupes terroristes.
Parler de la coopération internationale en
période de conflit armé, c'est savoir ce que dit le DIH au sujet
du terrorisme. Certains, résolvent la question avec le concept de la
« guerre contre le terrorisme 91» par
l'apparition d'un « terrorisme guerrier92 ».
D'autres, font une nuance. L'absence de définition des actes de
terrorisme n'implique pas leur autorisation. Le DIH « interdit tout
acte qui pourrait être raisonnablement considéré comme
terroriste, dans la mesure où un lien existe entre le conflit et l'acte.
Pourvu que l'acte soit commis sur le territoire d'un des États
affectés par le conflit armé - puis en haute mer93
». Dans les textes susvisés, la
87 Cf. DOUCET (G.), « Terrorisme :
définitions, juridictions pénale internationale et victime »
in Revue internationale de droit penal, 2005/3, Vol.76, p. 261.
88 SOMA (A.), Cours de Droit International
Pénal, Master 2 Option Recherche Droit Public fondamental, 2019
89 DASSE (O.), Cours de Droit International
Humanitaire, Master 2 Option Recherche Droit Public fondamental, 2019.
90 DAVID (E.), Principes de droit des conflits
armés, Bruxelles, Bruylant, 5e édition, 2012, p. 146-147.
Pour lui, Le droit des conflits armés a pour objectif essentiel
d'apporter un peu d'humanité dans la conduite des hostilités afin
de limiter les dommages.
91 TIGROUDJA (H.), « Quel (s) droit (s)
applicable (s) à la « guerre contre le terrorisme » ? AFDI
2002,
Vol. 48, 2003, p. 93. L'attaque du territoire afghan par
l'armée américaine dans la poursuite d'Al Qaïda peut entrer
dans le champ du droit des conflits armés parce que conduite contre le
régime taliban au pouvoir accusé de soutenir le groupe
privé. Dans un autre sens, la détention des personnes
accusées de terrorisme, les opérations de poursuite, de
prévention ou de répression, même menée par les
forces armées étatiques, entrent dans le cadre du droit de la
paix.
92Cf. KIRSCHBAUM (S.), « Le terrorisme et la
guerre », op.cit., p. 7.
93 GLASER (H.P), « Acts of Terror,
«Terrorism» and International Humanitarian Law » (2002) 847
Int'l Rev. Red Cross 547 à la p. 556. Pour lui, c'est la notion de
« terreur » qui permet de spécifier l'acte terroriste en
période de conflits armés.
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lutte contre le terrorisme prend forme d'interdiction à
l'encontre d'une population civile. Les deux PA de 1977 aux 4 Conventions de
Genève (CG) de 1949 interdisent « les actes ou menaces de
violence dont le but est de répandre la terreur parmi la population
civile94 ». Aussi, a-t-on interdit la «
destruction, le vol et pillage des biens culturels protégés
»95 qui bénéficient même d'une
protection spéciale selon l'art.53 du PAI. La protection de ces biens
s'illustre dans le prononcé de culpabilité à 9 ans du
sieur Malien Ahmad Al faqi al Mahdi pour crime de guerre constitutive de la
destruction des mausolées survenus en janvier 2012 dans les
régions de Gao, Kidal et Tombouctou96.
Ces actes de terrorisme recouvrent l'accusation portant
mention « recours à la terreur » en violation grave
du DIH au titre de la répression des infractions prévues à
l'art.8597. N'est-ce pas une des voies ouvertes à tout
État pour coopérer en vue de faire respecter les règles du
DIH ? D'autant plus qu'elle parait une conséquence de l'obligation de
respecter et faire respecter le DIH98. Dans ce sens, la
coopération internationale en temps de conflits armés devient une
mise en oeuvre du Droit International Humanitaire. L'origine conventionnelle
comme fondement à la coopération internationale conduit à
conforter le dispositif de mesures prises pour former les sources
dérivées.
94 Art.51§2 du PAI et art 13§2 du PAII.
Voir le Statut de la CPI du 17 juillet 1998. Le crime de guerre prévu
par l'article 8 du Statut fait ainsi référence à la prise
d'otages qui est considéré comme un acte terroriste en temps de
paix. Mais mieux encore, il est possible de rechercher dans les attaques
dirigées intentionnellement contre la population civile en tant que
telle, une intention de répandre la terreur par les auteurs de ces
attaques. Il reviendra au Procureur de justifier cette intention afin que le
recours à la terreur puisse être réprimé de
manière implicite par la CPI. Il faut noter qu'un tribunal pénal
international a déjà condamné une fois le recours à
la terreur en période de conflits armés. TPIY n°IT-98-29-T,
dans l'affaire Le Procureur c. Stanislav Galiæ, jugement et
opinion, 5 décembre 2003, par. 769.
95 La protection spéciale vise trois
catégories de biens : les monuments historiques, les oeuvres d'art et
les lieux de cultes pour autant qu'ils constituent le patrimoine culturel ou
spirituel qu'ils constituent. Voir Commentaire de l'article 51 in SANDOZ (Y.),
SWINARSKI (C.), ZIMMERMANN (B.) (Sous dir.), Commentaire des
Protocoles additionnels du 8 juin 1977 aux Conventions de Genève du 12
août 1949, op.cit., pp. 666-668.
96 Des crimes combines à des actes de
terrorisme. Est cite le meurtre, mutilation, traitement cruel, prise d'otage et
torture. Dans un contexte de CANI, il est accuse d'avoir dirigé
intentionnellement des attaques contre des biens à caractère
religieux et historique inscrit au patrimoine mondial entre le 30 juin 2012 et
le 11 juillet 2012.
97 Points 1 et 3. En exemple du point a) «
soumettre la population civile ou des personnes civiles à des attaques
».
98 L'obligation de respecter et de faire respecter
le DIH est contenue dans l'article 1 commun aux 4 Conventions de Genève
de 1949. Cf. HENCKAERTS (J-M.) et DOSWALD-BECK (L.), Droit international
humanitaire coutumier volume I : Règles, Bruxelles, Bruylant, 2006,
p. 749 et ss. Une suite de compréhension du phénomène
à l'article 89 du PAI « dans les cas de violations graves des
Conventions ou du présent Protocole, les HPC s'engagent à agir,
tant conjointement que séparément, en coopération avec
l'Organisation des Nations Unies et conformément à la Charte des
Nations Unies ».
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