Le dictionnaire wolof-français édité en
1923 par la mission catholique définit le mot « Casamance »,
ancien comptoir portugais, de cette manière : « Kasamansa »
(Casamance), est dérivé du portugais Casa qui signifie
maison, habitation et du manding Mansa, le roi (jeune Afrique, 2006)
Elle est une région naturelle située dans le sud et comprend les
régions de Ziguinchor (Basse-Casamance), Sédhiou
(Moyenne-Casamance) et Kolda (Haute-Casamance) comme on peut le voir sur la
carte graphique suivante. Les ethnies majoritaires dans chaque région
sont respectivement les Diolas, les Mandings et les Peuls (ANSD, 2013).
Détaché de la Casamance historique par un décret
présidentiel, la région de Tambacounda prend le nom de
Sénégal oriental dans les années 1962. Cependant, les
politiques touristiques ont abouti au découpage des régions en
pôles touristiques suivant les potentialités et attraits dont
regorge chacune d'elles. Cette région est en proie à un conflit
interne qui date de 1982.
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65 Canular : fausse information.
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Figure 8 : Les pôles
touristiques
Source : (Diombéra, 2012)
Le langage dont on use pour communiquer peut-être
analysé sous deux angles. En effet, le langage est fréquemment
utilisé à des fins contradictoires. Il est tantôt
destiné à véhiculer une information sans pour autant
chercher à choquer son interlocuteur ou plutôt à
l'humilier. Il peut donc relever d'une bourde, communément
appelée erreur de langage ou de communication. En ce sens, on peut faire
allusion à une entité géographique autonome ou une
région géographique administrative en ces termes : « Je
viens d'un beau pays » (Abdou Diouf, 1979). En même temps, on
peut spécifier une séparation de la Casamance du reste du
Sénégal en ces mots « Je ne peux pas rester
au-delà de 5h 30, car nous rentrons au Sénégal ».
(Iba Der Thiam, 1993) (Cissokho et Mjarias, 2018).
Le mot « Casamance » est donc source d'indignation,
de stigmatisation quand on se fie à ces discours. L'utilisation de cette
appellation, si elle n'est pas comprise par certains, est pour d'autres une
façon de faire allusion à une région spécifiquement
différente des autres. Une région qui reflète une autre
histoire, une région où l'insécurité règne.
D'abord, dans les papiers que publient les journalistes que les correspondants
locaux leur envoient, le mot Casamance
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revient souvent. Une attaque qui survient dans un espace
géographique bien circonscrit est généralisée dans
le discours ou dans les titres des journaux. C'est un usage le plus souvent
unique et caractéristique. Selon M Ba : « Rarement vous voyez
dans le reste du pays, le journaliste mettre l'accent sur le Saloum, le Fouta
ou le Baol...c'est des appellations qui sont stigmatisantes. Malheureusement,
c'est une appellation géographique qui a été
chargée politiquement et chargée négativement ; parce que
quand tu dis Casamance, les gens pensent automatiquement au conflit ».
Ensuite, dans les communications en rapport avec le conflit, dans les
articles se trouvant sur internet, nous retrouvons souvent ces titres :
« La Casamance, région au fort potentiel minée par un
conflit indépendantiste », « La Casamance
sénégalaise : un conflit en sommeil », «
Sénégal : le tourisme, plus grande victime du conflit en
Casamance », « Les 5 endroits les plus dangereux du
Sénégal », « 13 jeunes tués en Casamance, le
Sénégal s'interroge sur les assaillants », «
Sénégal : plusieurs civils tués dans une attaque
armée en Casamance ».66