Dans les pays touristiques comme la France ou des pays
d'Afrique du nord à fortes potentialités touristiques, le
tourisme n'est pas uniquement une affaire d'Etat. Ainsi, nous allons examiner
quelques cas de politiques touristiques pour mieux comprendre l'analyse du
sous-chapitre.
3.3.2.1.1 Quelques exemples
L'intercommunalité avec la promotion du tourisme pour
ledit secteur est une réalité. Autrement dit, la
compétence du tourisme et une compétence partagée entre
les collectivités et selon les démembrements de chaîne
depuis l'autorité centrale jusqu'au niveau local : Etat, régions,
départements et communes sont tous compétents dans le tourisme.
Récemment en France, la loi NOTRe58 avait prévue de
transférer sans façon en 2017 la compétence obligatoire en
matière de promotion du tourisme. Ainsi, l'Etat définit et met en
oeuvre la politique de promotion nationale en étroite collaboration avec
les collectivités. La région doit mettre sur pied un
Comité régional du tourisme (CRT) où l'on retrouve les
Offices du Tourisme, les Syndicats d'initiatives, des
délégués municipaux, etc. Elle a également la
charge de créer un le Schéma régional de
développement du tourisme et des loisirs (SRDTL) qui coordonne les
stratégies de promotion au niveau national et international. Au niveau
départemental, on retrouve un Comité départemental du
tourisme (CDT) qui élabore le Schéma d'aménagement
touristique départemental (SATD) et prend en considération les
orientations du SRDTL. Le CDT met en oeuvre la politique touristique
départementale et assure la promotion et la commercialisation des
produits touristiques en parallèle avec les professionnels du secteur
touristique. Les communes sont maîtresses des Offices de Tourisme et ont
la responsabilité de l'accueil et de l'information, mais aussi de la
promotion touristique de la commune.
La déconcentration de services centraux peut permettre
une meilleure gestion proximale et efficace vis-à-vis des services
locaux et de la clientèle en collaboration avec l'autorité
centrale. Malheureusement au Sénégal, le tourisme reste une
compétence non transférée. Tout se fait au niveau du MTTA
et de ses services peu nombreux en charge du tourisme ou de sa promotion
(SAPCO, ASPT). La SAPCO est implantée récemment dans la commune
de Ziguinchor pour les études nécessaires à la
requalification et l'aménagement de la station balnéaire de
Cap-Skirring. Hormis le SRT et de la SAPCO qui sont aussi présents dans
la région de Ziguinchor,
58 Loi n°2014-58 du 27 janvier 2014 de
modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des
métropoles, France. Une loi permettant le transfert de
compétences du tourisme au niveau des collectivités.
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le service le plus compétent en matière de
communication du tourisme est absent au niveau local : il n'existe que dans la
capitale. Cette politique de l'Etat permettrait un contrôle total du
secteur et fragilise le développement des territoires.
L'exonération de taxes sur 10 ans pour la destination
Sénégal en est une preuve tangible. C'est une décision
unilatérale, c'est-à-dire elle a été prise par
l'Etat du Sénégal sans demander l'avis des professionnels du
secteur. Certes elle est une bonne initiative, mais elle fait perdre au pays
des sommes importantes d'argent. Dans ce cas, ne fallait-il pas renforcer la
communication en créant des services et en les dotant de moyens tout en
impliquant les acteurs ? En effet, il existe des zones spécifiquement
touristiques-qui ne vivent que du tourisme- et dans lesquelles les autres
secteurs dépendent de l'activité touristique. L'exemple de la
commune de Djembéring en est une parfaite illustration à travers
la déclaration de M. Mané (Fiscaliste, employé à la
mairie de Djembéring) : « Notre budget dépend du secteur
touristique à hauteur de 65% ». Par ailleurs, la promotion du
tourisme nécessite des moyens énormes dont la Casamance est
presqu'entièrement privée à cause d'une communication
parfois néfaste. C'est pourquoi il est très difficile de
développer au niveau local des stratégies de communication pour
soutenir le développement dudit secteur.
3.3.2.1.2 La communication territoriale
De manière générale, la communication du
tourisme n'est pas facile dans cette partie du pays. Mais, nous tenons à
rappeler que la communication touristique est « celle [qui est]
organisée par les professionnels autour du produit, à destination
du consommateur ». Certes les territoires sont aussi un vecteur de
promotion des potentialités et attractions touristiques, mais les
acteurs doivent donc se donner les moyens et créer les conditions de la
préparation du produit (territoire) au profit des différentes
cibles intéressées par la destination en question. Cette
communication doit être axée sur le territoire appelé aussi
communication interne ; elle renvoie ainsi à l'ensemble des
activités marketing pour le compte d'une localité. Cette
communication vise à atteindre plusieurs objectifs comme
l'attractivité de territoire par rapport aux cibles, la fabrication de
l'image du territoire ou de la marque et la mobilisation de la population dans
la participation au marketing territorial.
Selon les travaux de Bathelot (2017), les services
chargés de la communication au niveau du territoire doivent être
accompagnés par des activités en permanence comme le montre ce
graphique.
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Figure 6 : Attributions des services de
communication
Source : Bathelot (2017).
Dans cette attribution des services en termes de
communication territoriale, on note une multitude d'activité que
devraient tenir les acteurs du secteur pour permettre une meilleure
attractivité. Cependant, dans les communes de Ziguinchor et
Djembéring, on ne note que quelques événements culturels
(festivals) qui sont organisés, des foires à but
économiques par la mairie. En 2017, après l'organisation de la
semaine du tourisme à Saly dans la Petite Côte, les acteurs du
tourisme se sont inspirés de cette initiative au Cap-Skirring en
collaboration avec la SAPCO. En revanche, des événements
touristiques et culturels sont très rares (Eductours, salon BtoB ou
BtoC). A ce propos, M. Mané pense que c'est du ressort l'ASPT et indique
que le pays n'est pas actif sur ce plan. « Pour l'organisation d'un
salon, ça c'est du ressort de l'ASPT et nous avons même
écho que le Sénégal est absent dans les salons du tourisme
; ce qui fait que la destination n'est pas bien vendue au niveau
extérieur ». En outre, ces attributions sont loin d'être
le cas en Casamance, surtout dans ces zones étudiées. Les
relations publiques sont quasi inexistantes. A cela s'ajoute la relation tendue
avec la presse qui se traduit par une communication qui plombe le tourisme
selon les acteurs touristiques. En ce sens, M. Sambou affirme : « Moi,
j'accuse les médias qui propagent des informations sans pour autant les
vérifier ». Dans ce contexte, nous avons donc remarqué
cette préparation du territoire qui doit forcément impliquer les
acteurs du tourisme, mais aussi les médias (classiques ou modernes) qui
sont devenus incontournables.