SECONDE PARTIE :
L'application du principe du contradictoire dans la
procédure administrative contentieuse au Cameroun
Mémoire de DEA Présenté et soutenu par
M~ZAMA MAGA Athanase Roland 54
Mémoire de DEA Présenté et soutenu par
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L'application du principe du contradictoire dans la
procédure administrative contentieuse au Cameroun
Le contradictoire est un aspect de la procédure
administrative contentieuse qui a pour finalité l'égalité
des parties. Les mémoires ainsi que les pièces fournies par les
parties permettent au juge d'aboutir à la résolution du
problème pendant devant lui. Il est de ce fait, le principal maillon de
la procédure administrative contentieuse. C'est dans ce sens qu'il faut
dire avec le professeur DEGUERGUE144 que « contrairement
à l'adage Actori incumbit probatio, la preuve est largement à la
charge du juge et non du demandeur qui n'a que des commencements de preuve
à apporter ».
La doctrine camerounaise pour sa part, reconnait que
le juge administratif manifeste la vérité par les mesures
d'instruction. Le Professeur JACQUOT, remarque à cet effet qu'
« elles sont mises à la disposition du juge
administratif pour la recherche de la
145
vérité ». Le professeur KAMTO
quant à lui, remarque que ces mesures d'instruction sont
diverses et permettent au juge d'asseoir sa
conviction146. Enfin, Monsieur BINYOUM pense qu' «
elles sont susceptibles d'éclairer le juge administratif
dans la recherche de la vérité ».147En effet,
ces diverses mesures d'instruction démontrent la
consécration du caractère inquisitoire de la procédure
administrative contentieuse au Cameroun.
Seulement, à côté de ces mesures
d'instruction, il y a le rôle directeur du juge qui lui permet
également de faire jaillir la vérité. Ainsi, il peut
demander aux parties de produire tout document jugé utile à la
solution du litige148. Et le Professeur DEGUERGUE de dire qu'il
appartient au juge « d'exiger de l'administration compétente la
production de tous documents susceptibles d'établir sa conviction et de
permettre la vérification des allégations du requérant
»149.
De là, il faut noter que le juge n'est pas
toujours obligé de recourir aux mesures d'instruction, car il peut
régler le litige uniquement avec les mémoires et les
pièces produites par les parties.
Toutefois, la compréhension de cette partie
nécessite qu'on envisage d'une part, le caractère inquisitoire de
la procédure (chapitre I) ; avant d'envisager d'autre part,
l'inquisitorialité comme vecteur du principe contradictoire (chapitre
II).
144 DEGUERGUE (M), Procédure Administrative
contentieuse, Montchrestien 2003, P.116
145 JACQUOT (H) "Le contentieux administratif au
Cameroun'', RCD N°7, Janvier, juin 1975, P.122
146 KAMTO (M), droit Administratifprocessuel du
Cameroun, que faire en cas de litige avec l'administration ? Op.cit.
P.61
147B INYOUM (J), contentieux administratif,
op.cit., P.148.
148 Article 37 (3) loi 2006/022 du 29 décembre
2006
149 DEGUERGUE (M), op.cit., p.116
LE CARACTERE INQUISITOIRE DE LA
PROCEDURE
HAPITRE I :
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procédure administrative contentieuse au Cameroun
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L'application du principe du contradictoire dans la
procédure administrative contentieuse au Cameroun
La procédure contentieuse administrative
Camerounaise est de type inquisitoire, c'est-à-dire que le juge
administratif est l'élément déterminant de cette
procédure, dès qu'il est saisi par une partie, il prend
l'initiative et domine de bout en bout l'instruction. Il a seul qualité
pour diriger l'instruction et la clore. Alors, il importe d'aborder d'une part,
la consécration de l'inquisitorialité (section I) ; et d'autre
part, de s'appesantir sur les facteurs et implications de
l'inquisitorialité (section II).
SECTION 1 : LA CONSECRATION DE L'INQUISITORIALITE
Cette consécration est l'oeuvre d'une part du
législateur (paragraphe1), et d'autre part du juge (paragraphe
2).
Paragraphe1 : Une consécration
législative
L'étude de cette consécration passe par
l'examen des textes y afférent (A), avant d'en examiner
l'évolution (B).
A/- l'examen textuel
Il passe par l'analyse des textes de loi du 8
décembre 1975 fixant la procédure devant la cour suprême
statuant en matière administrative (1), et des lois du 29
décembre 2006 fixant l'organisation et le fonctionnement des tribunaux
administratifs, de même que l'organisation et le fonctionnement de la
cour suprême. (2)
1) La loi du 08 décembre 1975
La loi n°75/17 organise la procédure
devant la cour suprême statuant en matière administrative en y
consacrant le caractère inquisitoire de cette
procédure.
Ainsi, dès enregistrement de la requête,
le Président de la chambre administrative désigne un rapporteur
qui, sous son autorité, dirige l'instruction de
l'affaire.150
C'est donc dire que le juge rapporteur imprime un
rythme au procès dont il est la pierre angulaire. C'est ainsi que le
rapporteur peut demander au requérant qui ne s'est pas
150Article 9 (1), loi
n°75/17 du 8 décembre 1975
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L'application du principe du contradictoire dans la
procédure administrative contentieuse au Cameroun
conformé aux prescriptions textuelles de
régulariser sa demande dans un délai de 15 jours151.
Il peut aussi lui demander de produire tout autre document jugé utile
à la solution du litige152.
Par ailleurs, c'est au Président de fixer le
délai accordé au défendeur pour produire leurs
mémoires en défense153. Il peut en outre, lorsqu'il le
juge nécessaire mettre en demeure les parties de fournir toutes
explications écrites et tous documents permettant de solutionner
le
litige.154
La manifestation de la vérité par le
juge administratif l'amène à prendre sur son initiative, ou de
celle des parties, des mesures d'instruction,155 afin d'apporter la
vérité que ce soit de manière directe par le biais des
enquêtes156, des descentes sur les lieux157et
de
;158
l'audition des parties de même, que ce soit
indirectement par le recoursà un technicien,
d'où l'expertise159 et la
vérification d'écritures160.
Il faut tout de même noter que le
résultat de ces mesures indirectes qui nécessitent un technicien,
ne lie pas le juge administratif161.
L'on constate, simplement que le juge administratif
est tout puissant dans cette procédure contentieuse administrative, car
il dirige l'instruction et c'est lui qui dispose du dernier mot pour l'issue
d'un litige à lui soumis.
2) Les lois du 29 décembre 2006
Consacrées aux Tribunaux administratifs et
à l'organisation et au fonctionnement de la cour suprême, ces lois
ont maintenu le cap donné par la loi 75/17 en reprenant
systématiquement les dispositions consacrant le caractère
inquisitoire de la procédure administrative contentieuse au
Cameroun.
C'est ainsi que, dès l'enregistrement de la
requête, le Président désigne un rapporteur qui, sous son
autorité, dirige l'instruction de l'affaire162, c'est dire,
mieux confirmer la
151 Article 9(2), loi 75/17 du 8 décembre
1975
152 Ibid. article 9(3),
153 Ibid. article 10(1),
154 Ibid. article 14(2)
155 Ibid. Chapitre II, titre III
156 Ibid. article 54 - 60
157 Ibid. art icle72 - 78
158 Ibid. article 79 - 85
159 Ibid. article 61 - 71
160 Ibid. article 86
161 Ibid. article 71
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L'application du principe du contradictoire dans la
procédure administrative contentieuse au Cameroun
position ou la place du juge administratif au cours
d'une procédure pendante devant lui. Il a également la latitude
de demander au requérant de produire tout autre document jugé
utile à la solution du litige163 c'est encore lui qui ordonne
la communication du mémoire du demandeur au défendeur en cas de
recevabilité de la requête164.
Le juge administratif peut en outre mettre en demeure
les parties de fournir toutes explications écrites ou tous documents
dont la production lui parait nécessaire pour régler le
litige165.
Lorsque les pièces et documents apportés
par les parties n'éloignent pas le juge administratif dans la
quête de la vérité, il a recours aux mesures
d'instruction166, soit directement et il ordonne des
enquêtes167, des descentes sur les lieux et l'audition des
parties168. Soit indirectement par le biais de la
vérification d'écritures169 et de
l'expertise.170Dans ce cas, il a besoin d'un expert en la
matière, seulement il n'est pas lié par l'avis de ce
technicien171. Il faut constater que le juge administratif est au
centre de la procédure en ce sens qu'il la dirige et a recours à
son intime conviction pour solutionner le litige pendant devant
lui.
La législation sur la procédure
administrative contentieuse au Cameroun consacre clairement le caractère
inquisitoire de la procédure, d'où l'exigence d'un
constat.
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