B/- L'apport jurisprudentiel
La jurisprudence a également eu à
consacrer le caractère contradictoire de la procédure, il en est
ainsi de la confirmation en France(1) et au Cameroun (2).
1) La confirmation en France
Le contradictoire de la procédure n'a pas
seulement reçu une consécration textuelle, mais aussi
jurisprudentielle.
Souvent assimilé aux droits de la
défense alors qu'il s'en distingue au moins en partie, le
caractère contradictoire de la procédure évoque un certain
aménagement du procès : il
44Article 38
(3), loi 2006/022 du 29 décembre 2006
45Ibid, article
39
46Ibid, article
40 (1),
47Ibid
,article42,
48Ibid, article
65 (1),
49 Ibid, article 84
(2),
50Ibid, article
92 (1),
51Ibid, article
92 (2),
Mémoire de DEA Présenté et soutenu par
M~ZAMA MAGA Athanase Roland 25
L'application du principe du contradictoire dans la
procédure administrative contentieuse au Cameroun
consiste en ce qu'un débat contradictoire
portant sur tous les éléments de droit et de fait pouvant servir
au juge à établir son jugement doit être possible pour
toutes les personnes intéressées à l'instance. C'est dans
ce sens que l'arrêt, la HUTA52dispose qu'il s'agit d'un
«principe général applicable à toutes les
juridictions administratives d'après lequel la procédure doit
revêtir un caractère contradictoire ».
Ce caractère contradictoire est
impératif, car le règlement qui le méconnaitrait serait
entaché d'illégalité ; le juge qui ne le respecterait pas
exposerait sa décision à la censure des juges supérieurs.
Une procédure non ou insuffisamment contradictoire ne serait pas
acceptable, parce qu'elle serait une procédure en vertu de laquelle
l'argumentation d'une partie pourrait ne pas être ou pleinement, connue
del'adversaire et discutée par lui, ou en vertu de laquelle certains
documents pourraient n'être connus que du juge.
Il faut également souligner que selon la
formule jurisprudentielle, le contradictoire « tend à assurer
l'égalité des parties devant le juge »53. Il
ne provoque ni n'impose l'introduction dans le jeu de la contradiction des
documents préparatoires de la décision des juges.
2) La confirmation au Cameroun
Les procédures contradictoires sont
généralement connues sous l'appellation de droits de la
défense. On les rencontre principalement en matière de sanction
administrative. Elles visent à mettre un individu dans une position
où il peut se défendre avant toute prise d'une sanction ;
consacrant au passage le contradictoire. L'arrêt Commissaire de police
principal ONDO OVONO Charles54 démontre que le respect du
contradictoire a été observé par les parties et le
juge.
« Considérant que le
représentant des intérêts de l'Etat en réponse au
mémoire en réplique susvisé a déposé son
mémoire en défense additionnel en date du 10 février 1993
enregistré le même jour sous le n 289 »aussi, «
considérant que le recourant a répondu à ces écrits
du représentant des intérêts de l'Etat par ses observations
finales en date du 24 février 1993, enregistrées le même
jour sous le n 313 ». Il ressort de cet arrêt que
le
52 CE, 12 mai
1961, société la HUTA, cité par AUBY (JM) et DRAGO (R),
traité de contentieux administratif, T1, op.cit., p868
53 CE, 29 juillet 1998, Mme
ESCLAT INE, cité par CHAPUS (N) droit du contentieux administratif,
op.cit., P771
54 Arrêt
CA/AP n 1 du 23 décembre 2000, Commissaire de police principal ONDO
OVONO Charles c/Etat du Cameroun
Mémoire de DEA Présenté et soutenu par
M~ZAMA MAGA Athanase Roland 26
L'application du principe du contradictoire dans la
procédure administrative contentieuse au Cameroun
commissaire de police principal ONDO OVONO Charles et
le représentant des intérêts de l'Etat ont pu
échanger contradictoirement leurs mémoires et faire valoir chacun
sa défense, et dont il faut conclure à l'application du
contradictoire par les parties et son respect par le juge.
De même, du jugement KOUANG Guillaume
Charles55, il ressort un débat contradictoire entre les
parties. Ainsi, « attendu que résistant à cette
instance, le représentant de l'Etat du Cameroun a, dans ses
écritures des 1er septembre,20 octobre, 22 novembre, 8
décembre 1978, conclu à l'incompétence de la Cour
Suprême (chambre administrative) pour connaitre du présent litige
et subsidiairement, au rejet de la requête KOUANG Guillaume Charles comme
non fondée » d'une part, et « attendu qu'à
cette argumentation, le recourant réplique que la teneur de l'article 16
a été tronquée par le défendeur... »
d'autre part.
Il faut constater ici que ces deux décisions
ont appliqué le caractère contradictoire, car elles ont
été sanctionnées par ces motifs « statuant
publiquement, contradictoirement en matière administrative, à
l'unanimité des voies ».
De plus, les jugements KOUANG Guillaume
Charles56TAB I OWONO Joachim57, MBOUENDEU Jean de
Dieu58 et bien d'autres ont été statués
publiquement, contradictoirement en matière administrative, à
l'unanimité des voix et en premier ressort, marquant le respect des
droits de la défense et bien sur celui du caractère
contradictoire.
Toutefois, au regard de cette consécration
internationale et nationale du caractère contradictoire, il faut retenir
que le Cameroun a bien réceptionné les règles en
matière de procès équitable. Il sied dès lors de
s'appesantir sur la signification du caractère
contradictoire.
|