Paragraphe 2 : La consécration nationale
Le Cameroun, comme la quasi-totalité des Etats,
utilise la norme fondamentale pour reconnaitre et consacrer les règles
internationales du procès équitable. Aussi, les juges, voire les
juridictions sont à même de consacrer certaines règles. Il
en est ainsi de la consécration textuelle (A) et de celle
jurisprudentielle (B).
A/-La consécration textuelle
Le contradictoire de la procédure a reçu
une consécration constitutionnelle (1) et infra constitutionnelle
(2)
1) La constitutionnalisation du caractère
contradictoire
La Constitution du 18 janvier 1996 reconnaît et
consacre le caractère contradictoire de la procédure ainsi qu'il
suit « la loi assure à tous les hommes le droit de se faire
rendre justice (...) au cours d'un procès construit dans le strict
respect des droits et de la défense »38. De cette
disposition découle le traitement équitable des parties au
procès par une juridiction impartiale.
Toutefois, le préambule de la Constitution
contient un certain nombre de mesure, de règles ainsi que des droits qui
permettent d'apprécier l'état de droit et l'état
démocratique en vigueur dans un pays. Il faut retrouver l'affirmation
des principes, la consécration des droits proclamés dans des
textes internationaux. La reconnaissance, la consécration du
contradictoire a des implications juridique qui constituent l'une des
conditions de son efficacité.
37 Article 9, convention
UEAC
38Préambule de la
constitution du 18 janvier 1996
Mémoire de DEA Présenté et soutenu par
M~ZAMA MAGA Athanase Roland- 23
L'application du principe du contradictoire dans la
procédure administrative contentieuse au Cameroun
Le professeur Patrick WACHSMANN pense qu' «
on aurait rien fait si l'on s'était contenté de déclarer,
de proclamer les droits de l'homme : c'est évidemment la
réalisation qui importe et celle-ci suppose la mise en place de
mécanisme de garantie qui soient effectivement au service et à la
disposition des titulaires de ces droits »39. Alors, la
reconnaissance du caractère contradictoire serait donc platonique s'il
n'existait pas de mécanismes juridiques nationaux.
Dans l'ordre juridique camerounais, il existe des
mécanismes juridiques permettant, soit de sanctionner des situations ou
des actes imputables aux autorités publiques qui entravent le respect
des droits de la défense, soit de faciliter l'application de ce droit.
La garantie offerte par le constituant est l'institution d'une justice
constitutionnelle, en l'occurrence le conseil constitutionnel40
chargée de statuer sur la conformité des lois à
laConstitution. Aussi le juge administratif peut valablement déclarer
illégal un acte administratif qui méconnait le contradictoire
dans la procédure contentieuse administrative.
2) Les textes infra-constitutionnels
Il est principalement question ici des lois du 29
décembre 2006 relatives à l'organisation et au fonctionnement de
la cour suprême, et aux tribunaux administratifs ; et celle du 8
décembre 1975, qui consacrent le caractère contradictoire de la
procédure.
Ainsi, le rapporteur désigné par le
Président du tribunal veille au respect de l'égalité des
parties au procès. En cas de recevabilité de la requête, le
rapporteur en ordonne la communication au défendeur qui dispose de
trente (30) jours pour déposer son mémoire en
défense41. De plus, le Président de la chambre
administrative ordonne la communication au défendeur, des copies du
recours, du mémoire et des pièces annexées.42Le
mémoire en défense est déposé au greffe. Ce
mémoire ainsi que les pièces annexées sont notifiés
immédiatement par le greffier en chef de la chambre administrative au
demandeur.43
Lorsqu' il y a plusieurs défendeurs en cause et
qu'ils n'ont pas tous, présenté de défense, le rapporteur
met les défaillants en demeure d'avoir à s'exécuter dans
un délai supplémentaire de trente (30) jours, en les informant
que, faute de le faire, la décision à
39 WACHSMANN (P), cité
par GUIMDO DONGMO (BR), op.cit., pp.461-462
40 Article 67 (4),
constitution du 18 janvier 1996 41Article 38 (1), loi
n°2006/022 du 29 décembre 2006
42 Article 80, loi n 2006/016
du 29 décembre 2006
43 Ibid, article
81
Mémoire de DEA Présenté et soutenu par
M~ZAMA MAGA Athanase Roland 24
L'application du principe du contradictoire dans la
procédure administrative contentieuse au Cameroun
intervenir sera réputée
contradictoire44. Par ces dispositions, il faut constater que le
rapporteur use de ses pouvoirs d'instruction pour restaurer le contradictoire
de la procédure. De même, le mémoire en défense est
rédigé sur papier timbré et déposé au
greffe, puis notifié par le greffier au demandeur.45 Dans les
quinze (15) jours de la notification du mémoire en défense, le
demandeur dépose un mémoire en réplique auquel le
défenseur peut répondre dans le même
délai.46
De plus, le rapporteur peut, par simple lettre
notifiée aux parties, les mettre en demeure de fournir toutes
explications écrites ou tous documents dont la production lui parait
nécessaire pour la solution du litige.47
Lors du déroulement des mesures d'instruction,
celles-ci sont demandées par les parties.48Pour l'expertise,
elles peuvent s'entendre sur le choix des experts49, et ont
autorisation de discuter le rapport dans les quinze (15) jours de la
notification, la partie la plus diligente peut lever le rapport et le faire
signifier à la partie adverse.50Leurs mémoires sont
notifiés aux autres parties qui, disposent du même délai
pour répliquer.51
A la lecture de cette loi, il apparaît que le
caractère contradictoire de la procédure est consacré et
les parties sont traitées équitablement.
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