3. Synthèse de l'enquête par
enregistrement
Le phénomène de l'alternance codique est assez
présent dans le parler des femmes plus que dans celui des hommes. Cela
dit, notre hypothèse est vérifiée à travers de
l'analyse de certaines séquences conversationnelles tirées de la
conversation mixte. Nous pouvons donc dire que le choix de la langue est une
marque de différenciation linguistique chez les deux sexes.
Aussi, selon l'analyse de la conversation masculine, nous
avons souligné que les hommes parlent entre eux un langage
réservé en créant un lexique propre à eux, ce ayant
un caractère détourné pour exprimer un
événement relevant du domaine de séduction. De cela, nous
pouvons arguer que les hommes se servent d'un langage codifié embelli
d'humour.
Ce phénomène nous incite à tirer une
conséquence que les hommes prennent certaine liberté de la langue
vue le statut social en général de domination. Cette
liberté leur donne l'opportunité de créer un lexique
spécifique du parler masculin. En revanche, il est connu, dans le champ
sociolinguistique, que les hommes sont créatifs de sorte que cette
créativité enrichit leur langage ; contrairement aux femmes dont
le parler est pauvre à cause de leur nature féminine qui les
incite à être beaucoup plus conservatrices.
Nous pouvons ajouter que le lexique créé par les
hommes est caractérisé par métissage entre des mots de la
langue française et de l'arabe dialectal. Les mots empruntés ont
une signification authentique ou bien ils dépassent cette signification
pour désigner un autre contenu sémantique. Néanmoins, les
femmes préfèrent généralement parler la langue
française de manière correcte en respectant les normes. Elles ont
tendance à incruster dans leur langage des mots empruntés ayant
une signification authentique.
Nous avons comptabilisé le nombre des mots
empruntés qui ont été créés par les hommes
dans les deux conversations (mixte ou masculine), nous avons
repéré huit mots (voir le corpus dans les annexes). Cependant,
les femmes, dans la conversation féminine, n'ont pas
procédé à l'emprunt, sauf une seule locutrice LF2 a
cité un seul mot « natnarva ».
De cela, nous pouvons inférer que les hommes ont le
droit de créer un lexique pour enrichir leur langage, par
conséquent, ils peuvent aborder de divers sujets portant sur de
différents domaines.
Or, les femmes n'ont pas cette capacité de créer
un nouveau lexique propre à elles. A cet effet, leur langage est connu
par une pauvreté lexicale. Ceci délimite les sujets
abordés par les femmes, dans la mesure où elles parlent du
mariage, du travail, de la cuisine. Mais les hommes prennent ces sujets
abordés par les femmes pour des sujets futiles. Nous avons argué
que la création lexicale se manifeste amplement dans le parler des
hommes.
De plus, nous avons constaté que, à travers les
résultats obtenus (voir le tableau ci-dessus n° :2), le taux des
interruptions est flagrant chez les hommes qui interrompent les femmes lors
d'une conversation verbale mixte afin d'imposer leur domination sur elles.
Néanmoins, les femmes peuvent interrompre la parole aux hommes en leur
disant « pardon ». Cette expression de politesse nous a permis
d'apercevoir que les femmes veillent à être plus polies que les
hommes.
A partir de ces points de vue, nous pouvons conclure que les
stéréotypes étudiés dans notre corpus ont
répondu judicieusement à nos hypothèses. Autrement dit,
les préjugés sociaux entrainent l'émergence de la
différenciation linguistique entre les hommes et les femmes.
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