2.1.2. Séquences E2
Séquence: 01
LH2 : [Ay tbali rikanet] +++ (il me parait qu'elle
était +++) sinon [kanet dayra tof taç
zala gowriya Fa] profil (elle a mis (une)
tof (photo) d'une belle européenne sur (le) profil).
Dans cette réplique, le jeune LH2 a formé des
mots appartenant au registre langagier de l'argot tel que : TOF et
[zala] (une belle fille) [TOf] (une photo)
est une forme de l'argot français.
Le mot [Zala] (une belle fille) est un mot
appartenant à l'argot algérien, crée par les jeunes
garçons entre eux pour quand il s'agit d'une discussion intime. C'est
une sorte d'une néologie par emprunt qui est l'apanage des hommes. Comme
il est apparu dans quelques énoncés oraux de ce jeune Hicham
(LH1) (voir séquence E2 :02).
Séquence :02
LH1 : [konte haka gaçad
nconnecté mana\fal]( j'étais assis
comme ça entrain de connecter eh bien \sur [face
book](réseau social) ,[konte enpiqueniqui
I( j'étais entrain de piqueniquer )++++++++ [wah ,aya
gçate I( oui, alors , je suis resté ) nager [haka falI (
comme ça sur )[face bookI(un réseau
social
- Transcription et découpage
a) [nconnecté] :[n](je) + connecter
+[é](e) : [n], c'est un substantif en arabe dialectal qui
représente le pronom personnel « je ». Or, connecter : un
verbe en français.
b) [Fa facebook/ konte
npiqueniqué+++] (sur facebook, je
piqueniquais) :
[piqueniqué] (je piqueniquais) : dans
cette expression le mot « piqueniquer » a une signification
connotative de sorte que le locuteur LH1 veut dire à ses interlocuteurs
que : « J'étais en train de faire une recherche sur
facebook ».
Séquence :03
LH3 : [Ombaçad piquite
çliha?]~ (après, tu l'as eue dans ta
poche?).
LH1 :[piquite çliha, rak
taçrafni~] (je l'ai eue dans ma poche, tu me connais
parfaitement).
Nous remarquons que les deux locuteurs ont un discours
métissé entre l'arabe dialectal et le français. Les
locuteurs [LH3 et LH1] ont utilisé le même mot «
[piquite] çliha» (je l'ai eue dans ma
poche) qui a été conjugué selon le modèle du
système de conjugaison de l'arabe dialectal, de manière que le
locuteur LH1 a remplacé le pronom complément d'objet direct (la )
qui renvoie à la femme par le morphème (ha) .Ce dernier
correspond à la troisième personne du singulier au féminin
dans l'arabe dialectal. De ce fait le mot [piquite] est composé d'une
base verbale de la langue française : « piquer » qui veut dire
: « percer » c'est le sens authentique quant au sens connotatif
exprimant l'idée que : le locuteur (LH1) a mis la fille dans sa trappe
.Ce mot [piquite] se compose aussi de (te) ; c'est un morphème de
l'arabe dialectal exprimant la terminaison du verbe conjugué au
présent avec la première personne du singulier.
Séquence :04
LH2 : [chHal] victimes? î (combien
y'a-t-il de) victimes? î.
LH3 : [chHal hadi mal] victimes? î
(combien est-elle classée cette) victimeî.
Chapitre IV : Analyse des données résultant
de l'enquête par enregistrement
LH1 : 1430.
LH3 :ohî[rak kima] maitre Guinness
ohi (tu es comme le maître Guinness).
Dans cette séquence, les jeunes garçons
utilisent dans leur langage le mot « victime » pour désigner
le nombre des filles que le locuteur LH1 les a mises dans son escarcelle et de
les émouvoir sentimentalement.
LH3 : « oh 1 [tu es comme le maître
Guinness 1] à partir de cette expression, LH3 veut transmettre à
son interlocuteur LH1 l'idée qu'il a battu le score de
séduction.
Séquence : 05
LH1 : [Aya malkom ya djmaça~ wak] ça y'est
[rani braquitha, wdraguitha, wdemanditha
çla numro/ hdarna
wgasarna labas] ( alors, qu'est-ce qui vous prend mes amis j
mais) ça y'est (je l'ai braquée et je l'ai
draguée et je lui ai demandé le numéro de
téléphone / nous avons parlé et nous nous sommes
amusés parfaitement).
Nous constatons que, dans cette séquence, le jeune LH1
a usé des mots que nous pouvons considérer aussi comme un
création néologique. Il s'agit du mot
[Braquitha] (je l'ai braquée) son découpage est
comme suit : [Braquer]+[t] (la terminaison du verbe avec la
première personne du singulier) [ha] (la) (C.O.D) c'est un
pronom complément d'objet direct qui renvoie à la jeune femme
.
Le sens authentique du mot « Braquer » vent dire
« agresser » mais dans cet énoncé le mot « braquer
» exprime un autre sens péjoratif de sorte que LH1 veut faire
comprendre à ses interlocuteurs qu'il a mis la fille sur son tableau de
chasse.
A l'instar de des mots qui ont une signification connotative,
dans ces énoncés, il existe le phénomène de la
néologie par emprunt dont les mots crées n'expriment pas un sens
connotatif, tels que :[wdraguitha, wdemaditha çla
numro ](je l'ai draguée et lui ai demandé
le numéro).
[wdraguitha] : se compose de :[w](et) +
draguer +[t] (la terminaison du verbe avec la première personne du
singulier) , [ha] (la) (C.O.D) c'est un pronom complément d'objet direct
qui renvoie à la jeune femme .
Le locuteur (LH1) a ajouté un morphème
appartement à l'arabe dialectal exprimant le pronom complément
direct [ha] (la: COD) la troisième personne du singulier au
féminin sauf
Chapitre IV : Analyse des données résultant
de l'enquête par enregistrement
que le sens de draguer dans cette expression exprime la
séduction autrement dit, le verbe draguer exprime un sens
dénotatif.
Séquence :06
LH1 : [wdemanditha çla numro](je
lui demandé le numéro).
Le locuteur LH1 a utilisé dans son langage le mot
« numro » que nous pouvons considérer comme
une adaptation à l'emprunt de sorte que le mot « numéro
» garde sa marque du masculin sauf qu'il perd le son / e/ ; le locuteur
LH1 a procédé à se servir de l'élision du
phonème/e/ et du remplacement de la voyelle (u) par (o). Nous savons
bien que le phonème [y] n'existe pas dans le système
phonétique arabe donc notre locuteur (LH1) a substitué le son [y]
par le plus proche dans le système phonétique arabe qui est
le[o].
« Ces différentes stratégies de
communication donnent lieu à un nouveau dérapage
phonétique à des niveaux d'intégration et par
conséquent à une nouvelle prononciation spécifique qui
peut faire l'objet d'un arabe algérien ». (Khalladi , 2012
:78).
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