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La variation sexolectale entre pratiques langagières, réalité et stéréotypes.

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par Houria Benguiza
université Hassiba ben BOUAALI DE CHLEFALGERIE - MASTER en sciences du langage  2015
  

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2.1.2. Séquences E2

Séquence: 01

LH2 : [Ay tbali rikanet] +++ (il me parait qu'elle était +++) sinon [kanet dayra tof taç zala gowriya Fa] profil (elle a mis (une) tof (photo) d'une belle européenne sur (le) profil).

Dans cette réplique, le jeune LH2 a formé des mots appartenant au registre langagier de l'argot tel que : TOF et [zala] (une belle fille) [TOf] (une photo) est une forme de l'argot français.

Le mot [Zala] (une belle fille) est un mot appartenant à l'argot algérien, crée par les jeunes garçons entre eux pour quand il s'agit d'une discussion intime. C'est une sorte d'une néologie par emprunt qui est l'apanage des hommes. Comme il est apparu dans quelques énoncés oraux de ce jeune Hicham (LH1) (voir séquence E2 :02).

Séquence :02

LH1 : [konte haka gaçad nconnecté mana\fal]( j'étais assis comme ça entrain de connecter eh bien \sur [face book](réseau social) ,[konte enpiqueniqui I( j'étais entrain de piqueniquer )++++++++ [wah ,aya gçate I( oui, alors , je suis resté ) nager [haka falI ( comme ça sur )[face bookI(un réseau social

- Transcription et découpage

a) [nconnecté] :[n](je) + connecter +[é](e) : [n], c'est un substantif en arabe dialectal qui représente le pronom personnel « je ». Or, connecter : un verbe en français.

b) [Fa facebook/ konte npiqueniqué+++] (sur facebook, je piqueniquais) :

[piqueniqué] (je piqueniquais) : dans cette expression le mot « piqueniquer » a une signification connotative de sorte que le locuteur LH1 veut dire à ses interlocuteurs que : « J'étais en train de faire une recherche sur facebook ».

Séquence :03

LH3 : [Ombaçad piquite çliha?]~ (après, tu l'as eue dans ta poche?).

LH1 :[piquite çliha, rak taçrafni~] (je l'ai eue dans ma poche, tu me connais parfaitement).

Nous remarquons que les deux locuteurs ont un discours métissé entre l'arabe dialectal et le français. Les locuteurs [LH3 et LH1] ont utilisé le même mot « [piquite] çliha» (je l'ai eue dans ma poche) qui a été conjugué selon le modèle du système de conjugaison de l'arabe dialectal, de manière que le locuteur LH1 a remplacé le pronom complément d'objet direct (la ) qui renvoie à la femme par le morphème (ha) .Ce dernier correspond à la troisième personne du singulier au féminin dans l'arabe dialectal. De ce fait le mot [piquite] est composé d'une base verbale de la langue française : « piquer » qui veut dire : « percer » c'est le sens authentique quant au sens connotatif exprimant l'idée que : le locuteur (LH1) a mis la fille dans sa trappe .Ce mot [piquite] se compose aussi de (te) ; c'est un morphème de l'arabe dialectal exprimant la terminaison du verbe conjugué au présent avec la première personne du singulier.

Séquence :04

LH2 : [chHal] victimes? î (combien y'a-t-il de) victimes? î.

LH3 : [chHal hadi mal] victimes? î (combien est-elle classée cette) victimeî.

Chapitre IV : Analyse des données résultant de l'enquête par enregistrement

LH1 : 1430.

LH3 :ohî[rak kima] maitre Guinness ohi (tu es comme le maître Guinness).

Dans cette séquence, les jeunes garçons utilisent dans leur langage le mot « victime » pour désigner le nombre des filles que le locuteur LH1 les a mises dans son escarcelle et de les émouvoir sentimentalement.

LH3 : « oh 1 [tu es comme le maître Guinness 1] à partir de cette expression, LH3 veut transmettre à son interlocuteur LH1 l'idée qu'il a battu le score de séduction.

Séquence : 05

LH1 : [Aya malkom ya djmaça~ wak] ça y'est [rani braquitha, wdraguitha, wdemanditha çla numro/ hdarna wgasarna labas] ( alors, qu'est-ce qui vous prend mes amis j mais) ça y'est (je l'ai braquée et je l'ai draguée et je lui ai demandé le numéro de téléphone / nous avons parlé et nous nous sommes amusés parfaitement).

Nous constatons que, dans cette séquence, le jeune LH1 a usé des mots que nous pouvons considérer aussi comme un création néologique. Il s'agit du mot [Braquitha] (je l'ai braquée) son découpage est comme suit : [Braquer]+[t] (la terminaison du verbe avec la première personne du singulier) [ha] (la) (C.O.D) c'est un pronom complément d'objet direct qui renvoie à la jeune femme .

Le sens authentique du mot « Braquer » vent dire « agresser » mais dans cet énoncé le mot « braquer » exprime un autre sens péjoratif de sorte que LH1 veut faire comprendre à ses interlocuteurs qu'il a mis la fille sur son tableau de chasse.

A l'instar de des mots qui ont une signification connotative, dans ces énoncés, il existe le phénomène de la néologie par emprunt dont les mots crées n'expriment pas un sens connotatif, tels que :[wdraguitha, wdemaditha çla numro ](je l'ai draguée et lui ai demandé le numéro).

[wdraguitha] : se compose de :[w](et) + draguer +[t] (la terminaison du verbe avec la première personne du singulier) , [ha] (la) (C.O.D) c'est un pronom complément d'objet direct qui renvoie à la jeune femme .

Le locuteur (LH1) a ajouté un morphème appartement à l'arabe dialectal exprimant le pronom complément direct [ha] (la: COD) la troisième personne du singulier au féminin sauf

Chapitre IV : Analyse des données résultant de l'enquête par enregistrement

que le sens de draguer dans cette expression exprime la séduction autrement dit, le verbe draguer exprime un sens dénotatif.

Séquence :06

LH1 : [wdemanditha çla numro](je lui demandé le numéro).

Le locuteur LH1 a utilisé dans son langage le mot « numro » que nous pouvons considérer comme une adaptation à l'emprunt de sorte que le mot « numéro » garde sa marque du masculin sauf qu'il perd le son / e/ ; le locuteur LH1 a procédé à se servir de l'élision du phonème/e/ et du remplacement de la voyelle (u) par (o). Nous savons bien que le phonème [y] n'existe pas dans le système phonétique arabe donc notre locuteur (LH1) a substitué le son [y] par le plus proche dans le système phonétique arabe qui est le[o].

« Ces différentes stratégies de communication donnent lieu à un nouveau dérapage phonétique à des niveaux d'intégration et par conséquent à une nouvelle prononciation spécifique qui peut faire l'objet d'un arabe algérien ». (Khalladi , 2012 :78).

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe