7.2.Le choix de langue
Nous pouvons affirmer sans nul doute qu'il y ait des
disparités entre le parler des femmes et celui des hommes dans leurs
pratiques langagières. Il nous restera à découvrir si
cette différence d'usage d'après le sexe du locuteur
apparaît aussi au niveau du choix de langue et plus
précisément dans la pratique de l'alternance codique. Pour cela,
nous nous devons nécessairement de faire un rappel sur cette notion
d'alternance codique avant de voir les possibles interactions entre
l'appartenance sexuelle des locuteurs et leur usage de l'alternance
codique.
7.2.a. L'alternance codique
La situation linguistique de l'Algérie peut
être qualifiée de plurilingue à cause de la coexistence de
plusieurs langues de statuts différents. Nous avons d'une part, ce que
le discours officiel a tendance à nommer, la langue nationale (l'arabe
classique) et les langues étrangères (le français
principalement) ; et d'autre part, les langues maternelles : le tamazight et
l'arabe dialectal.
Au sein de ces langues, de nombreuses variations
linguistiques prédominent, elles sont généralement
tributaires de la région, de normes sociales et culturelles. En effet,
d'une région d'Algérie à une autre, d'un individu à
un autre, le parler varie selon les usages, les usagers et la situation de
l'énonciation.
2 Ce mot est cité par
Trudgill (1997 :185)
Chapitre II : La variation sexolectale
Face à cette diversité linguistique, de
nombreux phénomènes sont émergés sous l'effet des
contacts des langues tels que l'emprunt, l'interférence et l'alternance
codique. Les sociolinguistiques pensent aujourd'hui que le code switching
désigne un changement ou une alternance de langues ou
variétés de langues dans un discours ou dans une
conversation.
Nous ne pouvons pas aborder le phénomène
de l'alternance codique sans parler des notions de contact des langues et de
bilinguisme. Le premier chercheur à utiliser le terme de contact des
langues est Weinreich (1953). Selon lui ce concept inclut toute situation
où la présence de deux langues influe sur le comportement
langagier d'un individu. Puisque le contact des langues a d'abord eu lieu chez
l'individu, Weinreich (1953) définit le bilinguisme comme la pratique de
l'individu qui emploi alternativement deux langues. Mais depuis, il y a eu
beaucoup de fluctuation dans les définitions du bilinguisme allant d'un
pôle minimal de compétence vers un pôle maximal.
D'une part, une tendance qui considère comme
bilingue seulement les personnes qui ont une maîtrise totale et parfaite
des deux langues ; et d'autre part, une autre tendance entreprend des personnes
bilingues ceux qui n'ont qu'une connaissance passive de la deuxième
langue ou possèdent une compétence minimale dans l'une des quatre
compétences linguistiques.
Nous cogitons à adopter la définition du
bilinguisme, pour les besoins de notre étude, donnée par Morsly
« Est bilingue tout individu qui est en mesure de comprendre
et de s'exprimer dans deux langues ». (Morsly, 1995:
10).
Le phénomène manifesté du contact
des langues est le « parler bilingue » c'est-à-dire l'usage
simultané de deux codes ou deux langues par le locuteur. Dans le parler
bilingue, les énoncés sont fécondés par de maintes
marques favorisant l'activation simultanée des deux systèmes
linguistiques. Ces marques apparaissent sous les impressions transcodiques
existant dans le parler des locuteurs sont : l'emprunt, l'interférence
et l'alternance codique appelée aussi "code-switching".
L'emprunt est défini comme un processus par
lequel « un élément d'une langue est
intégré au système linguistique d'une autre langue »
(Hamers & Blanc, 1983: 452). Les segments empruntés
sont souvent limités au lexique et peuvent être un
morphème, un mot et même toute une expression.
Chapitre II : La variation sexolectale
Pendant le processus d'emprunt, le segment
emprunté s'adapte à la phonologie et la morphologie de la langue
d'accueil. Il y a deux sortes d'emprunt en fonction du degré
d'intégration. L'emprunt intégré qui se situe au niveau de
l'usage d'une communauté toute entière et se fait
spontanément par les locuteurs comme : « week-end, bay-bay , Ok
», par contre l'emprunt qui est propre à un individu est un
phénomène fait de manière consciente et volontaire
:exemple «npiqueniqui3 sur facebook » pour dire : je fais
une recherche sur facebook).
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