4.2.La correction D'après Yaguello :
« La grammaire prescriptive évoque
toujours l'image de la vieille institutrice ou de la gouvernante revêche.
Les femmes attacheraient plus d'importance à la correction du discours,
à la norme .Elles ont même (d'après plusieurs
enquêtes une tendance à l'hypercorrection, c'est -à-dire
à l'assimilation excessive du modèle dominant. Elles emploient
moins de formes stigmatisées et intériorisent davantage les
formes prestigieuses emploient ». (1978 :20).
Les femmes, dans leur parler, veillent souvent
à reconnaitre les énoncés plus corrects et insistent sur
la bonne prononciation. A titre d'exemple, les femmes adoptent la prononciation
standard du phonème /r/ par opposition aux hommes qui ont tendance
à rouler le /r/.
1 Les exemples sont
cités dans le livre « women's language
»de Lakkof (1973) en langue anglaise et nous les avons traduits en
français vu que notre recherche se fait en français.
Les femmes ont souvent tendance à
idéaliser leur prononciation, autrement dit, elles font recours à
la correction phonologique pour élever leur statut social qui est
défini inférieur à celui des hommes dans la
société. Aussi, comme les femmes occupent beaucoup plus des
fonctions professionnelles largement publiques, elles sont censées
recourir à une variété proche de la norme que les hommes
qui sont moins exposés à la norme.
4.3.La politesse et l'incertitude
La politesse linguistique est une attitude par
laquelle la locutrice donne à son interlocuteur la liberté
d'exprimer sans lui imposer ses idées et sans stigmatiser ses opinions
afin de ne pas entrer en conflit ouvert avec son partenaire. D'après
Lakoff (1973) et Key(1970), les femmes sont plus polies que les hommes .Cette
politesse se manifeste dans la formulation des ordres
- Ferme la porte (1)
- S'il te plait ! Ferme la porte. (2)
-Tu peux fermer la porte. (3)
- S'il te plait !tu peux fermer la porte. (4)
Ces deux linguistes ont bien déterminé
les propriétaires de ces énoncés de sorte que les
formulations 1 et 3 exprimant des ordres directes émanées de
l'homme. Quant aux phrases 2 et 4 elles sont des phrases dites par des femmes
parce que le degré de politesse dans ces formulations exprimant beaucoup
plus une prière plutôt qu'un ordre. Cette manifestation de
prière n'est qu'un signe de politesse provenant des femmes qui ont
souvent tendance à employer davantage la prière car les femmes
évitent éventuellement le langage affirmé de sorte qu'elle
insiste sur l'affaiblissement de l'impératif.
Nous pouvons donc dire que la politesse des femmes se
rapporte à leur incertitude. Lakoff a affirmé que les femmes font
plus usage que les hommes de formes polies et super polies, de
précaution oratoire et d'intensification. De plus, il est reconnu dans
les champs sociolinguistiques que le langage féminin se
caractérise par l'exagération pour exprimer un sentiment
extrême afin de frapper les esprits des hommes. Elles utilisent dans
leurs propos des adverbes d'intensité par exemple : «
gravement, terriblement, effroyablement ».
(Berger 1973:15)
Chapitre II : La variation sexolectale
Le parler des femmes est vu par les hommes comme un
parler hésitant et inconsistant car elles veillent à
contrôler leur parler devant eux pour ne pas être
stigmatisées. Aussi, elles parlent de manière aléatoire
à cause de la timidité qui les empêche de s'affirmer en
toute liberté. En revanche, elles veulent se libérer du sentiment
de domination masculine.
Jespersen (1922) a démontré que les
phrases dites par les femmes sont souvent inachevées par ce qu'elles ne
réfléchissent pas en parlant ; raison pour laquelle les mots leur
échappent. Quant aux hommes, ils s'expriment publiquement et avec une
grande ostentation ce qui explique leur statut de domination aux femmes comme
elle a bien expliqué Yaguello (1978 : 9) : « la
différenciation sexuelle apparait donc avant tout comme un fait d'ordre
sociolinguistique qui se reflète dans la langue en tant que
système sémiotique parmi d'autres. »
(Cité par Baylon, 1996: 119).
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