4. Le parler féminin et le parler masculin
Toutes les enquêtes sociolinguistiques
menées aux Etats-Unis, en Angleterre, en Amérique du sud et en
France ont pris en considération toutes les caractéristiques
phonétiques et phonologiques du langage féminin et celles du
langage masculin de
Chapitre II : La variation sexolectale
différentes classes sociales. Nous avons
remarqué que les femmes utilisent dans leurs parlers des formes
linguistiques normées et prestigieuses mieux que les hommes. Lakoff
(1973 :17) admet que « le langage féminin existe de
manière flagrante qui différencie clairement du langage des
hommes ».
Selon les recherches sociolinguistiques, les femmes
utilisent dans leurs parlers des formes normées car elles
privilégient le parler standard tel que l'explique Labov :
« Pour les variables sociolinguistiques stables, les hommes
utilisent des formes non-standard plus fréquemment que les femmes.
» (1973 :210).
De plus, dans notre société, le statut
de la femme est pris pour un statut inférieur vu que les traditions et
les coutumes obligent les femmes à être conservatrices, raison
pour laquelle, dans une conversation mixte, elles se sentent moins
valorisées que les hommes, toutefois , elles cherchent des expressions
et des mots plus prestigieux elles se servent d'une langue plus
normée.
Selon les avis fondés au moyen des
études effectuées par les trois linguistes : Jespersen (1922),
Key (1970) et Lakoff (1973), le parler féminin est plus raffiné
et plus correct que le parler masculin. Alors, selon Key et Lakoff
(cités par Nathalie Berger, 1973 :7) : « le
comportement des femmes est moins assuré que celui des hommes et leur
langage, plus poli, reflète cette incertitude
»
Les différentes recherches dans le champ
sociolinguistique ont bien élucidé la signification de certains
critères attribués au langage des femmes. Il s'agit du
raffinement, de la politesse, de l'incertitude, etc.
Quand nous déclarons que le parler des femmes
est beaucoup raffiné, cela dit, nous voulons bien montrer que les femmes
choisissent un lexique adéquat pour imposer leur présence face
aux interlocuteurs hommes. Quant à l'usage des expressions de politesse
n'est qu'une manière dont les femmes procèdent pour ne pas entrer
en conflit avec les hommes .
4.1. Le raffinement
Jespersen, Lakoff et Key ont démontré
à travers leurs recherches que le parler des femmes se
caractérise par l'absence de mots grossiers et déjurons. Lakoff
à son tour a étudié deux phrases identiques sur le plan de
la syntaxe et du lexique. Les phrases étaient en anglais.
Chapitre II : La variation sexolectale
Chapitre II : La variation sexolectale
De cela, nous avons procédé à la
traduction des exemples1 cités par Lakoff (1973) pour mieux
expliciter le principe de raffinement.
- « Oh !chéri, tu as encore mis le beurre
d'arachide dans le réfrigérateur » - « Merde, tu as
encore mis le beurre d'arachide dans le réfrigérateur »
:
Elle a attribué la première phrase au
parler des femmes car « chéri » c'est une expression que la
femme utilise en parlant avec son interlocuteur homme. Quant à la
deuxième phrase, elle l'a attribuée au parler du masculin car
« merde » est une expression répandue beaucoup plus chez les
hommes.
Toujours, selon Key, Jespersen et Lakoff qui affirment
que le parler des femmes se caractérise par l'absence deslots grossiers
et déjurons Sur le plan lexical, pour exprimer leurs sentiments, les
femmes choisissent réellement un lexique qui ne choque pas la pudeur de
leurs partenaires. Cela dit, nous pouvons estimer que la femme se sent si
faible devant un interlocuteur homme notamment cette faiblesse l'oblige
à être conservatrice tout en faisant recours à
l'euphémisme.
|