Un recours décisif aux
archives des directions ministérielles
Les archives des services centraux des ministères de la
Santé et de la Justice sont apparues comme des sources essentielles de
la recherche, notamment afin de reconstituer les relations entre acteurs.
Restait à trouver le bon carton. On s'est dans un premier temps
intéressé aux dossiers dits « de principe »
versés aux Archives nationales par la DAP qui concernent l'organisation
générale des services médicaux. S'ils ont permis de
prendre connaissance des différentes circulaires, ces dossiers se sont
cependant rapidement avérés insatisfaisants car ils
étaient peu remplis, à quelques exceptions près
(grèves de la faim par exemple). Ils s'arrêtaient, en outre,
souvent au début des années soixante-dix et ne concernaient pas
directement la période étudiée.
Les services du ministère de la Santé, et
notamment la Direction générale de la santé (DGS) et la
Direction des hôpitaux (DH), avaient pour leur part versé
très peu d'archives concernant notre sujet, la plupart des documents
trouvés abordant seulement la mise en oeuvre de la loi du 18 janvier
1994. Plusieurs raisons expliquent la faiblesse des archives
trouvées : l'organisation des soins en prison a tout d'abord
été de la compétence exclusive de l'Administration
pénitentiaire. Jusqu'en 1983, date de transfert de l'inspection
médicale, aucun bureau du ministère de la Santé n'avait de
compétence sur ce dossier. Il fut possible, en revanche, par la suite
d'accéder de façon fortuite aux archives de la Direction
générale de la santé concernant le milieu carcéral
encore situés dans leurs locaux avenue de Ségur. Datant des
années quatre-vingt, ces documents n'avaient jamais, signe
révélateur, été versés aux Archives
nationales. Ils étaient entreposés dans une armoire dont personne
ne connaissait le contenu et il était question, lorsque nous y avons eu
accès, de les détruire. D'autres documents non versés,
mais plus récents, ont de même été trouvés au
siège de l'Administration pénitentiaire grâce à un
cadre de la DAP contacté à ce sujet.
Les documents les plus riches ont été
découverts alors que le travail de terrain était
déjà engagé depuis longtemps. Il s'agit des dossiers de
carrière des médecins ayant quitté l'Administration
pénitentiaire au cours des années soixante-dix et au cours des
années quatre-vingt. En permettant de recenser de façon
exhaustive tous les départs, et notamment toutes les démissions,
mais surtout en fournissant des informations extrêmement précises
sur les relations entre l'Administration et son personnel, ces dossiers ont
constitué une source fondamentale. Enfin, bien que moins centrales,
certaines archives du ministère de la Santé et de la Justice nous
ont permis de compléter notre documentation sur des points plus
précis. C'est par exemple le cas du militantisme carcéral
à travers les archives de la DAP portant sur le Groupe d'information sur
les prisons (GIP) mais surtout sur le Groupe multiprofessionnel pour les
questions pénitentiaires lyonnais (GMQP). Les tentatives de rattachement
des détenus au système de protection sociale dès les
années soixante-dix a, d'autre part, pu être analysé
à travers les archives de la Direction de la sécurité
sociale (DSS).
Bien qu'inégales, les archives officielles furent
cruciales dans la rédaction de la thèse. Elles ont
été complétées par le recours ponctuel à des
archives privées.
|