1.1.5.4 LES ANNEES 80 : LIBERALISATION ET DEMANTELEMENT
DES POLITIQUES NATIONALES DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT
Suite au second choc pétrolier de 1979, les pays
développés adoptent des politiques budgétaires et
monétaires d'austérité. Ils réduisent leurs
importations. Les produits de base et les produits tropicaux subissent une
forte baisse. Le crédit international se tarie. L'entrée de
crédits dans les pays en développement a pratiquement
cessé. Les pays qui avaient emprunté dans les années 70,
ne peuvent plus assurer le remboursement de la dette (en Amérique latine
et en Afrique principalement).
Le Fond Monétaire International (FMI) et la Banque
Mondiale optent pour l'application des recettes prônées par les
économistes néoclassiques. Il convient de rétablir une
situation stable pour l'économie en réduisant les dépenses
budgétaires et les importations. « Les Programmes d'Ajustement
Structurels (PAS), imposés à beaucoup de pays par les organismes
de prêts internationaux, sont devenus le remède auquel les
gouvernements devaient obligatoirement recourir pour guérir
l'économie malade de leur pays » note la FAO dans le bilan de
ces années. Ces réformes provoquent dans de nombreux pays en
développement des chocs économiques et sociaux terribles. «
Les programmes publics de soutien à l'agriculture ont
été réduits ou abandonnés,
à commencer par ceux qui aidaient les pauvres sans pouvoir
politique. » note encore les responsables de la FAO. Les politiques
agricoles sont démantelées. Ces PAS réduisent
considérablement l'intervention des États en matière
d"agriculture (développement agricole, régulation des
marchés, prêts et crédits, contrôle sanitaire,
qualité des produits...). L'idée centrale des PAS concernant
l'agriculture est de jouer l'avantage comparatif des pays du Sud en concentrant
les efforts sur certaines productions et en important du marché mondial
les autres produits agricoles. Ceci doit créer des conditions
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de vie favorables pour les consommateurs qui
bénéficieront des produits au meilleur prix sur le marché
international et aussi aux agriculteurs qui orienteront leur production vers
les marchés les plus porteurs, en fonction des signes du marché.
Ce corpus idéologique et politique méprise la nature et les
conditions de la production alimentaire, les marchés agricoles, les
populations en place. Mais, sous les injonctions des organisations
financières internationales, et avec l'acceptation d'une partie des
élites locales intéressées économiquement par les
mouvements d'importation et d'exportation, les barrières tarifaires des
produits agricoles sont considérablement réduites.
Pour chacun des États, les impératifs du moment
repoussent dans le temps les achats d'intrants, l'amélioration des
systèmes agricoles et de la commercialisation. Tout cela a comme effet
une diminution de la productivité de l'agriculture. Dans les pays en
développement, la croissance des productions agricoles diminue par
rapport à la période des années 70. En Amérique
latine et dans les Caraïbes, durant les années 90, le taux de
croissance est tombé à 2,2 % par an contre 3,5 dans les
années 70. En Afrique, le taux de croissance de la production est
inférieur à celui de la population et de nombreux pays deviennent
très dépendants des importations et du marché mondial.
Ceci est lié aux effets des PAS, aux politiques nationales suivies et au
ralentissement de la production agricole, mais également une forte
pression démographique.
Il est intéressant de noter que, durant cette
décennie, un pays comme la Chine, hors des pressions du FMI, de la
Banque Mondiale et du GATT, continue avec sa monnaie et son marché
interne, avec sa politique agricole et alimentaire et aussi avec la
mobilisation de sa paysannerie, à augmenter sa production agricole de
près de 8% par an. Le Vietnam reste relativement réticent vis
à vis du FMI et de la Banque Mondiale. Il signe néanmoins un Plan
d'Ajustement en 1994 mais utilise peu les financements proposés. Il se
protège relativement des importations agricoles. Il rentre tardivement
dans l'OMC. La réforme de la propriété agricole, la
décollectivatisation, et l'organisation des marchés agricoles ont
permis au Vietnam de passer d'un pays ayant un déficit alimentaire au
début des années 1980 à une situation de deuxième
exportateur de riz et de premier exportateur de café (devant le
Brésil) au niveau mondial. Le thé et le caoutchouc font
également partie des biens les plus produits de l'agriculture
vietnamienne.
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