1.1.4 AUTOSUFFISANCE ET SOUVERAINETE ALIMENTAIRES
Ces deux termes peuvent prêter à confusion et
sont souvent associés à celui de « sécurité
alimentaire ». L'autosuffisance alimentaire est la capacité d'un
pays à satisfaire tous les besoins alimentaires par la production
nationale. Cette définition a donc une forte connotation politique et
est souvent le reflet de la volonté d'un pays d'acquérir une
certaine autonomie (voire un souhait d'autarcie). Elle présente
l'avantage de préserver les pays des fluctuations du commerce
international et des variations de prix des denrées agricoles. Elle doit
également permettre de garantir au pays de disposer en permanence de
suffisamment d'aliments pour nourrir sa population. Pour autant, cette
politique présente un risque élevé. Le pays devient
dépendant du moindre aléa climatique le rendant ensuite
tributaire de l'aide humanitaire et des importations.
La souveraineté alimentaire, quant à elle,
traduit le « droit international des populations, de leurs États ou
Unions à définir leur politique agricole et alimentaire, sans
dumping vis-à-vis des pays tiers. » (Définition
également tirée du Sommet Mondial de l'alimentation de 1996).
Là aussi, la portée politique est particulièrement
présente. La souveraineté alimentaire est donc le droit des pays
de mettre en place les politiques agricoles les mieux adaptées à
leurs populations en prenant en compte les objectifs de sécurité
alimentaire (approvisionnement, protection douanières) et les enjeux
sociopolitiques (accès à la terre).
Elle s'inscrit dans le mouvement altermondialiste qui
prône le retour à une agriculture locale dont l'impact aurait une
efficacité environnementale, économique et sociale à
opposer avec l'agriculture de masse et les bouleversements qu'elle
occasionne.
1.1.5 LES REVOLUTIONS AGRAIRES DU XXEME SIECLE
Comme évoqué précédemment, les
transformations sectorielles ont eu pour effet d'engendrer des
révolutions agraires. Nous verrons ici les principales évolutions
ayant marqué le XXème siècle.
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1.1.5.1 DES LA FIN DU XIXEME SIECLE ET AU COURS DU
XXEME SIECLE, UN PROCESSUS DE DIFFERENCIATION DES AGRICULTURES DU MONDE
S'OPERE, LES INEGALITES DES NIVEAUX DE PRODUCTIVITE S'ACCROISSENT
A la fin du XIXème siècle, en Europe du
Nord-Ouest et aux Etats-Unis, les agriculteurs adoptent de nouveaux
matériels mécaniques à traction animale (brabants,
faucheuses, moissonneuses..). Entre un agriculteur produisant encore
manuellement (il en existe en Europe, aux Etats-Unis, en Asie, en Afrique) et
un autre adepte des techniques modernes, il existe une différence de
productivité qui va de 1 à 10 (Mazoyer, 2001). Au cours du
XXème siècle, la modernisation des exploitations agricoles
s'accélère fortement dans ces mêmes pays avec la
motorisation, la sélection, la fertilisation minérale et les
traitements. Une différenciation très forte s'opère alors
entre les agricultures du monde. A la fin du XXème siècle, cette
différence de productivité entre un agriculteur manuel d'Afrique
et un céréaliculteur d'Europe varie de 1 à 500.
Aujourd'hui, celle-ci va de 1 à 1000 entre un paysan d'Afrique qui peut
produire 10 quintaux-céréale/ha par travailleur et par an sur un
maximum de un hectare et un céréaliculteur européen ou
américain qui produit 100 quintaux sur 100 ha et par an. (Michel
Cépède, 1973). Le problème étant que les produits
issus de ces types d'agricultures très différentes se retrouvent
en concurrence dans le processus de mondialisation actuelle.
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