DEUXIEME PARTIE : L'ACHETEUR ALIMENTAIRE, GARANT
D'UN PROCESSUS ACHAT RESPONSABLE ET CONFORME AUX EXIGENCES DES PARTIES
PRENANTES (CLIENT-NORME-REG LEM ENT ATION)
La première partie de ce mémoire a permis
d'apporter des informations clefs sur l'évolution du secteur et de la
règlementation agroalimentaire. Cette première étude
soulève alors d'autres interrogations : Quel est l'impact de ce cadre
règlementaire sur le métier d'acheteur ? Comment s'adapte-t-il
aux changements de règlementation qui le concernent ?
Les lectures pluridisciplinaires et les entretiens
exploratoires ont permis de préciser la question de départ, en
ciblant une obligation de synergie entre la cellule Achats et la cellule
Hygiène & Qualité.
Pour rappel, notre problématique est la suivante :
Comment l'acheteur s'adapte-t-il dans un environnement
juridique et normatif en constante évolution et sous la contrainte des
changements du secteur agroalimentaire, du marché, des modes de
consommation et sous celle de règles strictes en termes de
qualité, d'hygiène et d'approvisionnement des produits
alimentaires ?
De cette problématique découlent trois
hypothèses :
Hypothèse 1 : La nature des achats impacte la
mission de l'acheteur.
Hypothèse 2 : Une interaction forte entre les
fonctions Qualité & Hygiène et Achats garantira un achat
conforme aux exigences.
Hypothèse 3 : L'innovation produits ou
processus est un risque pour l'acheteur alimentaire.
Ces hypothèses sont donc établies afin de
répondre à notre problématique de départ. Les
différents entretiens menés auprès des professionnels du
secteur agro-alimentaire seront la clef pour la validation ou l'invalidation de
nos hypothèses.
L'objectif de cette seconde partie est d'apporter les premiers
éléments de réponse et les pistes d'éclairage
essentielles à la compréhension des hypothèses.
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1 EXPLICATION DES HYPOTHESES
Hypothèse 1 : La nature des achats impacte la
mission de l'acheteur.
L'acheteur, tous secteurs confondus, a une obligation
auprès de sa société de fournir des produits conformes,
aux normes et aux qualités souhaitées. Cela signifie qu'il doit
être capable de tracer l'origine et la conformité de ses achats
jusqu'aux fournisseurs de rang 2 voire au delà.
Le poids qui pèse sur les épaules de l'acheteur
est d'autant plus lourd lorsque le client de l'acheteur n'est plus l'entreprise
mais le client final. C'est le cas de la Distribution notamment. L'introduction
dans le foyer du produit sourcé par l'acheteur accentue son degré
de responsabilité. Le cas des achats alimentaires est d'autant plus
criant car l'ingestion d'un aliment non règlementaire ou
contaminé peut causer un réel phénomène de
société et se répandre très rapidement comme les
scandales alimentaires de la première partie nous l'ont montré.
L'impact sur la santé des consommateurs et sur l'image de l'entreprise
peut prendre une telle ampleur que l'acheteur sera directement mis en cause et
probablement remercié pour faute grave le cas échéant.
Par ailleurs, les caractères fragile et
périssable des denrées alimentaires contraignent la mission
quotidienne de l'acheteur. La prise en compte des particularités de
stockage et de transport (frigorifiés par exemple) et des dates limites
de consommation rend la logistique alimentaire plus contraignante à
suivre.
Hypothèse 2 : Une interaction forte entre les
fonctions Qualité & Hygiène et Achats garantira un achat
conforme aux exigences.
Nous avons vu précédemment que le cadre
législatif qui régit le secteur agro-alimentaire évoluait
rapidement et nécessitait une expertise pointue. Cette expertise est du
ressort du qualiticien qui doit pouvoir assurer la conformité des
denrées alimentaires que l'acheteur référence. Il semble
donc logique que ces deux cellules de l'entreprise travaillent main dans la
main pour le référencement de produits alimentaires conformes aux
exigences règlementaires et à celle du client.
En effet, outre de connaître parfaitement les produits
qu'il référence, le rôle de l'acheteur est principalement
de négocier les conditions commerciales à savoir le prix, la
qualité des produits et les délais et conditions de livraison. Le
devoir de traçabilité est davantage du ressort du qualiticien qui
grâce à l'aide de l'acheteur, auditera ses fournisseurs et leur
production. C'est également lui qui connaîtra la
réglementation et ses évolutions par le biais de son
expérience professionnelle, de sa formation (vétérinaire
par exemple) et de ses connaissances personnelles.
C'est donc un travail en équipe entre l'acheteur et le
qualiticien qui devrait permettre un référencement aux normes
répondant aux exigences de toutes les parties prenantes.
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Hypothèse 3 : L'innovation produits ou
processus est un risque pour l'acheteur alimentaire.
Il est demandé à l'acheteur d'être capable
de répondre aux besoins du consommateur que lui-même ne
soupçonne pas encore. Il doit proposer une offre innovante afin de se
différencier de la concurrence tout en bénéficiant de
tarifs avantageux. Cela passe par un sourcing international permettant de
vérifier ce que l'on trouve de différentiant sur les
marchés étrangers, cela passe également par
l'intégration des fournisseur dans le processus d'innovation (le
fournisseur est alors perçu comme force de proposition est la
stratégie à adopter est donc partenariale). Quelle que soit la
stratégie adoptée, le risque est toujours présent lorsque
l'on parle d'innovation. L'inconnu y est pour beaucoup. La réaction du
consommateur peut ne pas être celle escomptée, la volonté
d'innover peut être freinée par des problèmes
règlementaires (interception de produits en douanes pour cause de non
conformité aux règlementations nationales voire non autorisation
de vendre les produits sur le territoire) ou encore mauvaise intégration
d'une des parties (acheteur/fournisseur) dans le processus interne de l'autre
qui créerait des litiges.
C'est en cela qu'il est nécessaire d'anticiper au
maximum ces risques en s'informant sur le marché en question, la
typologie de produits et les contraintes légales afférentes.
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